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Episode 63 : y'avait plus qu'à...

Episode 63 : y'avait plus qu'à...

Pubblicato 8 lug 2022 Aggiornato 8 lug 2022 Cultura
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Episode 63 : y'avait plus qu'à...

Deux heures à me faire triturer le cerveau. Même lourdement alcoolisé, j’avais senti le moindre coup de bistouri de Joe… Léila s’était posé juste devant moi et me tenait la main, comme si j’étais un gosse. Je lui avais fait la réflexion, mais elle s’était contenté de hausser les épaules. Depuis plusieurs jours, déjà, son attitude envers moi avait changé. Elle avait gardé son caractère de merde et était toujours aussi cinglante et imprévisible, mais elle était plus attentionnée. Même si je n’en avais pas l’habitude, c’était loin d’être désagréable. Bref…

Joe avait réussi à isoler le circuit de ma mémoire. Aucun risque de perdre mes souvenirs lors de la reprogrammation qui m’attendait. À présent, je devais leur faire gober que j’avais changé d’avis et je voulais reprendre la tête de la résistance et endosser les idées folles de Rifl. Et ce n’était pas gagné… je devais être crédible et Léila aussi !

– Je suis prêt ! J’ai bien réfléchi et je veux retrouver tous mes souvenirs. Je veux redevenir celui que j’étais il y a cinq ans !

Collé à la porte, je hurlais, espérant que quelqu’un m’entende. Lorsque je perçus le cliquetis dans la serrure, je compris que tout se jouait maintenant. Que je n’avais plus le droit à la moindre erreur. Je fis un clin d’œil à Joe et Léila avant de me tourner vers notre libérateur. Une jeune femme au regard doux et au visage délicat m’attendait dans le couloir.

– Bonjour, monsieur. Je suis heureuse de vous revoir. On vous croyait tous mort…

– Euh… bonjour. Désolé, je n’ai aucun souvenir de mon passage dans la résistance…

– Je sais… mais je ne suis pas quelqu’un d’important. Je doute que vous m’ayez remarqué avant votre disparition. Mon nom est Maya…

Elle baissa les yeux, comme si je l’intimidais.

– Ok, Maya. On a perdu déjà assez de temps. Où est Doc ?

Léila nous avait rejoints. Elle pressa la gamine pour qu’elle nous conduise vers celui qui devait me lobotomiser.

– Pas la peine d’être grossière avec elle, tu sais…

– Ouais ! Tu crois que j’ai pas remarqué comment tu la reluquais ?

J’éclatais de rire. Léila jalouse, une grande première. Elle me frappa à l’épaule avant de m’adresser son plus beau sourire. Dans son regard, je pouvais lire de l’inquiétude. Elle savait qu’à mon réveil, je devais faire semblant de ne pas la reconnaître. De découvrir pour la première ce visage auquel je commençais tout juste à m’habituer. Que je devais les convaincre tous que j’étais le fou à l’origine des dernières attaques…

On arrivait dans une pièce lumineuse ultra équipée. Au premier plan, elle avait tout d’une salle d’opération : lit en métal, recouvert d’un drap blanc ; tablette sur laquelle on pouvait trouver produit anesthésiants, bistouri et autres outils ; et trois personnes en tenue de chirurgiens avec gants et masques. Dans le fond, le mur était tapissé de serveurs, disques durs et écrans haute-définition. Doc apparut devant moi, visiblement heureux de m’accueillir sur son terrain de jeu.

– Je suis content que vous ayez enfin changé d’avis, Moridan. J’ai hâte de retrouver mon cher ami !

Il avait dans les yeux une étincelle inquiétante. Il ressemblait à un savant fou, et moi, j’étais sa créature. Son jouet avec lequel il était impatient de s’amuser. Comme une gamine avec sa poupée. Mais là, je ne risquais pas une simple coupe de cheveux horrible ou un gribouillage hideux sur le visage. Je risquais bien pire qu’un membre arraché… je risquais de disparaître pour laisser place à une marionnette. Un pantin aux mains de sociopathes avides de pouvoir.

– Moridan, je vous laisse enlever votre maillot et vous prendre place sur la table. Léila, Joe. Je vais vous demander de nous laisser.

Léila ne me laissa pas le temps de répondre. Elle se planta devant Doc avec un air menaçant :

– Je reste là, Doc. Je lui ai promis. Je vous rappelle que Moridan est mon homme et que je veux être la première qu’il verra à son réveil. Ce n’est pas négociable…

– Pas de souci, tant que vous ne me gênez pas. Maya, je te laisse conduire Joe au bar.

– Si cela ne vous dérange pas, Doc, j’aimerais assister à l’opération. J’ai toujours voulu voir ce qu’il y avait dans la tête d’un synthé.

Doc haussa les épaules :

– Comme vous voudrez. Mais vous ne verrez pas grand-chose. Nous n’allons pas lui ouvrir le crâne. Simplement lui brancher quelques câbles par-ci par-là. Tout se passera sur mon ordi, là-bas.

Joe fit une moue, comme s’il était déçu. Mais en réalité, je savais pertinemment qu’il était soulagé par cette nouvelle. Cela signifiait que Doc ne découvrirait pas mon court-circuit et que notre plan avait de grandes chances de fonctionner.

 

Texte de L.S. Martins (40 minutes chrono, sans relecture). 
D'après Image par Mark Frost de Pixabay : Femme Avatar Portrait - Photo gratuite sur Pixabay

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