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Episode 15 : Direction le chantier naval

Episode 15 : Direction le chantier naval

Pubblicato 12 apr 2022 Aggiornato 13 apr 2022 Cultura
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Episode 15 : Direction le chantier naval

 

– Où est-il ? Où se cache ce putain de pleutre ?

J’étais fou de rage et avais déboulé comme une furie dans l’aquarium qui servait de bureau à cet enfoiré de Gram. Un homme à la gueule d’albinos qui n’avait jamais croisé un rayon de soleil de sa vie leva les yeux de son ordi et me dévisagea, comme si j’étais un cinglé en manque de coke. Hugo machin chose…, mais pas de Gram. Cet enfoiré c’était fait la malle ne laissant derrière lui qu’un tas d’ordures.

Les mains dans les immondices, je fouillais en grognant, sous le regard abruti de son coloc, espérant trouver une preuve de son implication dans toute cette affaire. Mais rien. Aucun indice. Putain, mais qui c’était ? Pourquoi tout ce cinéma ?

Je redressai la tête en direction de ce Hugo pour lui demander où se cachait Gram. Le visage décomposé, l’air con, il me regardait sans être fichu d'articuler deux mots. Putain !

– C’est quoi ce bordel, Moridan ? On vous attend dans toute la base !

– Vous tombez bien, chef ! Ce couard de Gram s’est barré et cet abruti refuse de me répondre…

– Pourquoi vous cherchez Gram, bon sang ? Qu’est-ce qui se passe encore ?

– C’est lui, chef ! C’est cet enfoiré qui m’a assommé l’autre jour sur le terrain ! C’est lui qui m’a écrit ces deux lettres à la con et peut-être même les autres, je sais pas encore ! C’est à cause de lui que Léila est toujours clouée au lit ! Il est où, putain ?

Le capitaine s’avança pour récupérer les deux morceaux de papier que je lui tendais. Il les observa attentivement avant de les poser sur un tas de dossiers, juste à côté de moi.

– Vous êtes sûr de vous, Moridan ? Ce sont des accusations très graves !

– Je sais ce que je dis, chef ! Je me sens dans mes tripes. Depuis le début, je le trouvais louche, ce type ! Mais j’ai rien dit. J’ai préféré fermer ma gueule ! Quel con !

Je me frottais l’arrière de la tête, à l’endroit même où j’avais reçu ce putain de coup une semaine auparavant. J’avais bien compris la leçon, je ne risquais pas de me faire avoir une nouvelle fois ! Rien à foutre des représailles, j’allais écouter mon intuition et plutôt deux fois qu’une.

Le capitaine me regardait comme s’il essayait de lire dans mes pensées. Résigné, il se tourna vers Hugo qui tirait toujours une tête de dégénéré.

– Vous avez des infos sur lui ? Il ne vous a rien dit ?

– Euh… pas grand-chose, chef. C’est pas un grand bavard, vous savez…

– Depuis le temps que vous partagez votre bureau avec lui, il a bien dû vous confier quelque chose, non ?

– Attendez… oui, je crois qu’il est passionné de sous-marins. Il m’a dit un jour, qu’il adorait passer son temps libre à fouiller le vieux chantier naval désaffecté.

– Le vieux chantier naval ? Celui qu’on a fait fermer à cause de la radioactivité et des monstres qui s’y cachaient ?

– Oui, chef… Il disait que c’était le seul point positif à son boulot. Sa carte de flic lui permettait d’aller partout…

J’étais dingue. Cet abruti savait depuis le début où Gram se planquait et c’était que maintenant qu’il crachait le morceau. Putain, ce n’était pas possible d’être aussi con ! La colère me tordait le bide. Je devais sortir au plus vite, sinon la gueule de ce crétin allait prendre cher. Rien que de le regarder se tordre sur sa chaise me donnait des envies de meurtre.

Il fallait que je retrouve Gram et que je le fasse parler. Que je découvre ce qu’il nous cachait depuis le début de toute cette affaire. Était-il le complice de ce taré qui jouait avec moi ? Ou juste un autre fou qui s’ennuyait ?

Je n’avais plus de temps à perdre. Je sortis en courant, sifflai Hax et Rex qui ronflaient dans le couloir et montai dans mon blindé. J’avais à peine bouclé ma ceinture, que j’aperçus le visage fumant du capitaine juste devant moi. Et merde ! Qu’est-ce qu’il me veut, encore ?

– Pas de connerie, Moridan. Vous le ramenez vivant pour l’interrogatoire. Je dois tirer toute cette affaire au clair, alors inutile de jouer les cow-boys. Me suis-je bien fait comprendre ?

Dans un grognement incompréhensible, j’acquiesçai avant de faire rugir le moteur de mon véhicule. Direction le chantier naval. Une planque idéale, même si tout cela me paraissait bien trop simple. Ça puait le piège, mais c’était ma seule piste. Il avait bien préparé son coup, cet enfoiré. Il savait pertinemment que j’allais venir le chercher et il avait l’avantage ! Je ne connaissais pas le terrain sur lequel nous allions nous affronter. Même avec mon PIP-boy pour me repérer dans ce dédale de rouille et Rex et Hax pour couvrir mes arrières, j’étais en position de faiblesse. Il pouvait se planquer n’importe où et m’attendre avec un sniper. Je faisais une cible facile ! Mais j’étais bien trop énervé pour être rationnel. Pour réfléchir correctement…

Alors, les deux molosses derrière moi, prêts à sauter à la gorge de n’importe quel abruti qui se pointerait devant nous, j’entrai dans ce cimetière de sous-marins. Une odeur de fioul et de merde flottait dans l’air. Le taux de radiation était élevé, mais rien de très inquiétant. Tout autour de nous des centaines de cadavres gigantesques de métal. Fouiller cette zone allait me prendre une éternité. Je devais faire marcher mon cerveau, mais j’en étais incapable, aveuglé par une rage noire.

Je choisis au pif un navire et commençai mon exploration. Il me paraissait pas mal pour une planque : grand, pas trop abîmé, pas trop loin de l’entrée du chantier en cas de fuite nécessaire, mais plutôt bien planqué entre deux squelettes d’acier offrant ainsi une parfaite protection.

Une écoutille sur le côté droit était ouverte. Après réflexion, j’aurais dû me méfier, mais à cet instant, je pris ça pour une aubaine ! Pas besoin de grimper le long de la coque pour atteindre celle du dessus…

Malheureusement, Rex et Hax ne pouvaient pas me suivre. Les couloirs étaient beaucoup trop exigus pour des monstres de leur calibre. Postés devant l’entrée, ils me regardèrent m’enfoncer dans les ténèbres tout en exprimant leur mécontentement.

J’avais du mal à comprendre comment des hommes avaient pu vivre, des mois durant, à l’intérieur de cette coque de métal. L’atmosphère qui y régnait était terriblement pesante : la luminosité blafarde, le grincement sinistre de cette armature géante sous mon poids et l’air suffocant chargé de poussière, de gaz et d’une odeur âcre. Qu’est-ce que je fous là, bon sang !

J’avançais à l’affût du moindre truc louche. Il y avait tellement de recoins, tellement de cachettes possibles. Gram pouvait être planqué n’importe où, derrière un panneau, la porte d’une armoire, ou je ne sais quoi d’autre, prêt à me sauter dessus.

Une longue plainte résonna dans tout le sous-marin. Les compteurs, face à moi, s’affolèrent. Les tuyaux se mirent soudain à hurler. J’étais dans la merde. Quelque chose clochait et j’avais peur de ne pouvoir sortir de cet enfer avant qu’une tuile ne me tombe sur le coin de la gueule. Et encore une fois, mon intuition ne s’était pas plantée. Une vapeur brûlante me souffla en plein visage. Je m’effondrai en hurlant de douleur, la tête entre les mains, la peau cloquée et la vue floue. Putain, mais quel con ! Je m’étais encore fait avoir.

Je pouvais entendre Rex et Hax gueuler. Leurs hurlements résonnaient dans cette coquille de malheur. Ils semblaient surexcités, comme s’ils avaient attrapé quelque chose. Si seulement ça pouvait être cet enfoiré de Gram…

Je me relevai tant bien que mal. Putain ce que je dégustais ! J’avais tout juste la force de traîner mon cul jusqu’à la sortie de ce dédale. Mais je ne pouvais pas me laisser crever ici. Pas sans avoir eu la peau de cet enfoiré !

Lorsque je pointai enfin mon nez dehors, j’aperçus ce couard allongé sous les deux molosses. Il pleurnichait, priant les deux monstres de le laisser tranquille. Pendant ce temps, Hax semblait se régaler avec la jambe droite de cet abruti. Quant à Rex, assis sur son torse, lui montrait les crocs. Un spectacle terriblement réjouissant !

– Hax, tu vas te rendre malade avec cette viande avariée… amène plutôt notre ami dans le blindé, s’te plaît. Le chef nous attend !

 

Texte de L.S.Martins (45 minutes chrono, sans relecture). 
Image par  GregoryButler de Pixabay : Bataille Navale La Salle Des - Photo gratuite sur Pixabay

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