Retour lecture : Darwyne, par Colin Niel
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Retour lecture : Darwyne, par Colin Niel
Darwyne Massily, un garçon de dix ans, légèrement handicapé, vit à Bois Sec, un bidonville gagné sur la jungle infinie. Il y vit seul avec sa mère, au rythme des beaux-pères qui se succèdent, puis disparaissent tout aussi vite.
C’est un livre qui marche un peu à l’envers. Vous comprendrez mes propos quand vous l’aurez lu, et je vous recommande de le lire. Ainsi, contrairement à la majorité des romans policiers, celui-ci, d’un genre un peu à part, nous incite à refuser la culpabilité. L’envie de tourner les pages n’en devient pas celle de trouver le coupable, le meurtrier, l’assassin, s’il en est un, mais de le refuser. Puis, face à la dure réalité qui s’impose, de comprendre, de le comprendre. Beaux-pères, mère, enfant, sœur, assistantes sociales, proches, le coupable est-il unique ou multitude, existe-t-il réellement, ou le sommes-nous tous, lecteurs compris.
Et au même moment surgit Mathurine, une employée de la protection de l'enfance. On lui a confié un signalement concernant le garçon. Une première évaluation sociale a été conduite quelques mois auparavant par une collègue qui a alors quitté précipitamment la région.
De nombreux thèmes jonchent les pages de Darwyne, telles des racines vers le cœur du roman. La société, la famille, l’enfance, la religion, le handicap, mais surtout, le regard que chacun pose sur les autres à défaut de soi-même. Darwyne nous plonge, sans condescendance, dans cet envers du décor, où tous les événements s’imbriquent les uns dans les autres. Il nous gorge de sentiments contradictoires et démontre que nous sommes la ramure d’un même arbre. Lui-même nourrit par les minéraux que chacun apporte par son vécu, son histoire personnelle.
Colin Niel nous emporte vers l'Amazonie, territoire d'une puissance fantasmagorique qui n'a livré qu'une part infime de ses mystères. Darwyne, l'enfant contrefait prêt à tout pour que sa mère l'aime, s'y est trouvé un refuge contre le peuple des hommes. Ceux qui le voudraient à leur image.
Si le début du récit est quelque peu rebutant par la richesse des descriptions d’espèces et de langage propre à la forêt Amazonienne, à la Guyane, persévérez. Vous finirez par prendre confiance dans votre lecture, dans vos pas. Par conséquent, je vous laisse donc vous enfoncer dans la forêt amazonienne et tenter de vous en sortir par vous-même. N’écoutez pas les bruits qui vous invitent à les suivre. Ne suivez pas les empreintes qui vous invitent à trouver une sortie. Vous entrez dans le monde de Darwyne, et c’est lui, lui seul, qui décide.
Jusqu’où Darwyne est-il capable d’aller pour se faire aimer de sa mère ? Et jusqu’où celle-ci est-elle capable d’aller pour en faire un enfant comme les autres ?
Crédits photos
- Couverture : Média France-Antilles
- Image : Le livre du poche