

Chapitre 6 : Perfide arachnide
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Chapitre 6 : Perfide arachnide
Mon cerveau crépite, mes synapses explosent et, frénétiquement, je me mets à pianoter sur mon portable, envoie des messages à droite et à gauche, pour réquisitionner, en urgence, les talents de plusieurs de mes connaissances, douées en informatique. Parce qu’il y a des choses que l’on ne peut pas régler toute seule, surtout quand on n'y connait rien, je me rends compte à cette minute qu’en voulant cacher la boue dans laquelle je me noie, je n’avais fait que m’y enliser. A peine quelques secondes après l’envoi de mes brefs messages, mon portable joue un concerto de notifications. Tous mes contacts répondent à l’appel, demandent des précisions, s’enquièrent de la “mission” dont je les charge, aussi subitement. Je me sens emplie de gratitude face à ces amis que j’avais délibérément laissés à distance mais, bien décidée à ne pas dévoiler l’intégralité de la toile d’araignée dans laquelle je suis engluée, je reste factuelle, concise, me focalise sur la localisation de la machine ennemie et sollicite leur venue chez moi avant d’exposer le moindre détail. Je continue à croire qu'il est impératif d’en révéler le moins possible, parce que notre harceleur se cache peut-être derrière un de ces prénoms familiers.
Ça pourrait même être Ronan.
Avant de devenir flic et travailler au Centre du contrôle Automatisé, il était développeur informatique dans le privé. Alors que mon travail consiste principalement à écouter se déverser la bile des contrevenants épinglés, le sien, en amont, est de relever les excès de vitesse des conducteurs et les leur faire payer. En un mot, je suis son service après-vente. Nous avons plus ou moins le même âge et il existe entre nous, depuis notre première rencontre, un lien un peu étrange, assez difficile à définir, une forme d’amitié amoureuse, un attachement un brin ambigu. Je sais que cet homme a un faible pour moi depuis mon premier jour au service de la République ; je ressens l’intensité de l’azur de ses yeux sur ma chute de reins, sur mes jambes ou sur ma bouche, mais je n’ai jamais vraiment pu l’envisager comme un amant ou un amoureux. Déjà, parce que nous n’avons jamais été célibataires en même temps mais aussi parce qu’en le regardant, c’est un peu comme si je percevais, sous ses traits masculins, le jumeau jamais-né de mon amie Stella, comme si je le reconnaissais d’avant sans jamais l’avoir rencontré dans cet espace-temps. Lui et moi, en un sempiternel rendez-vous manqué ; lorsque je m’accorde le droit de tendre une main vers lui, il fréquente déjà une autre femme et vice-versa. Et puisque dans la vie, tout est question de timing, on peut dire que nous n’avons jamais eu notre moment. On se connait depuis très longtemps, depuis bien avant Will et autrefois, dans ce qui était alors une autre vie, nos corps se sont frôlés, il y a eu quelques soupirs, quelques baisers volés et puis un ange est passé. Aujourd’hui, malgré les années qui s’enfuient, cet homme continue à me troubler, même si, depuis ma rencontre avec mon mari, j’essaie de me comporter en amie avec lui, il perdure toujours cette forme d’attirance dont j’étouffe le nom. Je crois avoir toujours eu une réticence à me rapprocher de lui de manière irrémédiable parce que je m’étais juré de ne jamais avoir de liaison avec un homme armé. Je ne supporte pas les armes à feu et j’ai peur de ceux qui en portent à la ceinture, comme des cowboys des temps modernes. Ce bout de métal assassin semble leur conférer une autorité dangereuse, une suprématie imaginée qui galvaude leur personnalité. J’aurais sans doute pu faire une exception pour lui, mais la vie ne l’avait pas décidé ainsi. Ensuite, j’avais rencontré Will et tout mon monde s’était mis à graviter autour, jusqu’à ce que la mélodie déraille et que mon cœur manque un battement puis sorte de son orbite. Ronan toujours là mais jamais vraiment tout contre moi, ses prunelles d’acier qui me surveillent de loin, comme un gardien silencieux, un protecteur tacite, une éternelle possibilité maquillée en ami, fidèle, auquel je n’ai pas jugé bon de me confier sur ce qui me tourmente depuis des semaines parce qu’un fragment de moi se méfie de lui, malgré ce que je peux ressentir, presque à mon corps défendant.
Et si c’était lui ?
Il avait les capacités techniques mais avait-il le mobile ?
Lorsque je lui avais annoncé mon mariage tout proche, il avait pris ma main dans la sienne, avait vrillé l’intensité de son regard dans le mien et m’avait chuchoté d’une voix grave, solennelle :
“ tu es sûre que c'est vraiment ce que tu veux ?”
J’avais laissé mes doigts et mes yeux dans les siens pendant quelques secondes. Juste assez pour y lire un éclat de tristesse, un nuage de frustration et une infime nuance de colère. Dans cette question, je percevais tout ce que l’on n'avait jamais été, tout ce qu’il aurait peut-être voulu que je sois, tout un monde de possibles que je fermai avec un anneau d’or à l’annulaire.
Aurait-il pu, alors, me faire subir l’enfer pour m’éloigner définitivement de celui que j’avais choisi ?
Je ne le pense pas... parce que Ronan est fondamentalement quelqu’un de bien. Mais les meilleures intentions nous conduisent parfois sur les voies ténébreuses
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