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Chapitre 17 : Déplacement décisif

Chapitre 17 : Déplacement décisif

Pubblicato 12 nov 2024 Aggiornato 12 nov 2024 Biography
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Chapitre 17 : Déplacement décisif

Déjà, les portes automatiques s’ouvrent dans un bruit sourd, les voyageurs se pressent, me poussent, je me secoue, me recentre et finis par descendre en cherchant Manu des yeux. Lorsque je l’aperçois, à quelques mètres seulement, une bouffée de soulagement me libère un peu du poids qui m’enserre la poitrine. Je m’avance vers lui et, sans même l’embrasser, me blottis dans ses bras pour sentir l’odeur de son cou. Je ferme les yeux pour m’en enivrer, cherche l’apaisement dans sa voix, dans le contact de sa peau. Comme si j’avais besoin de sensations presque animales pour ne pas vriller. Il se penche un peu vers moi et me chuchote :  

– Est-ce que tout va bien ?   

Les yeux noyés, je le regarde, mes lèvres jusqu’à présent scellées craquent sous la pression et déversent toute la colère, la frustration, la rage que je porte à l’intérieur. Je raconte, en tempêtant, la scène qui vient de se dérouler. Il me regarde, estomaqué, lui-même choqué je crois, par l’immonde fourberie de William. Puis il m’embrasse et chuchote à mon oreille :  

– C’est ton anniversaire, ma chérie, je t’ai réservé une surprise, mais il faut y aller, tu viens ?  

Et à travers les couloirs, le long des rames de métro, je m’efforce de m’ancrer dans le présent, refusant de laisser cette perfide arachnide aigrie gâcher ce moment précieux. Car c’est précisément l’objectif de William. Il ignore où je me trouve, mais d’une manière ou d’une autre, il est au courant que j’ai quitté Rennes. Je ne veux pas savoir comment il a obtenu cette information. Du moins, pas pour l’instant, pas aujourd’hui. Je creuserai plus tard. J’ai réussi à apaiser Fleur au téléphone et tout de suite, je suis avec l’homme que j’aime et j'ai besoin que cette soirée soit magique. Juste pour vivre un truc joli, pour une fois. Quelque chose que William n’arrivera pas à abîmer. Alors, je me hâte à ses côtés à travers les souterrains, impatiente de rejoindre enfin l’air libre. Et finalement, après un interminable labyrinthe, un escalator apparaît et Paris se dévoile, peu à peu, magique, dans la nuit.  Lorsque les dernières marches sont englouties dans le sol, je ressens la caresse du froid en flocons sur le bout de mon nez, je le fronce, lève les yeux et souris comme une enfant. La neige danse dans le ciel, givrant la ville de son blanc manteau, les Parisiens frileux sont probablement emmitouflés chez eux. Le temps semble figé, dans cette ville qui d’ordinaire ne dort jamais. L’atmosphère est féérique, cinématographique, le silence dense, bien loin de la cohue habituelle. Seule une procession de manifestants encapuchonnés déambule, lentement, un peu plus loin, sans que l’on ne puisse identifier leur revendication étouffée. Ma main nichée dans celle d’Emmanuel, je me laisse guider à travers un dédale de rues, en prenant garde à ne pas glisser avec mes talons. Je grelotte un peu, je n’avais pas anticipé la poudreuse sous ces latitudes. Et puis au détour d’une grande rue proche de la place de la République, une impasse pavée, presque anachronique et Emmanuel qui souffle au creux de mes cheveux :  

– C’est ici que j’habite...  

Je tombe amoureuse de ce lieu, immédiatement. Il se dégage de ces murs hors d’âge une quiétude douce, comme une bulle de sérénité en pleine cacophonie. Je saurai plus tard qu’il s’agit d’un ancien couvent. Ce sont sans doute ces réminiscences de foi absolue, imprégnées dans la pierre, qui m’ont permis de lâcher prise pour la nuit, de poser les armes et de n’être qu’une femme dans les bras de son amoureux. Après m’être délestée de mes affaires, nous repartons à pied quelques rues plus loin dans un restaurant hyper branché, presque désert ce soir-là, comme si la neige s’était invitée à mon anniversaire pour vider l’espace tout autour et nous laisser seuls au monde, ou presque. Là, dans un cocon blanc épuré et sous une forêt de stalactites lumineux descendants du plafond, nous avons dégusté des mets divins, avec entre chaque plat, un présent enrubanné apporté sous cloche, par un serveur complice. J’hallucinais, pour de vrai. Je crois que c’est probablement l’une des soirées les plus romantiques que j’ai vécues jusqu’à présent. Les teintes mouvantes des éclairages tamisés, les mélodies envoûtantes, les arômes jamais encore savourés, la sensorialité de l’instant dans chacune de ses subtiles nuances se sont gravées au creux de ma légende personnelle. Et puis, lorsque nous rentrons à son appartement, une toute autre symphonie joue ses premières envolées de notes, celle de deux corps follement épris et qui se manquent à longueur de journée, pour s’ancrer au creux de mes reins, au fil de nos heures félines, jusqu’à me faire oublier toute autre partition. 

Un bruit de buzzer, métallique, agressif, m’arrache de ce qui m’apparaît alors comme un sommeil ayant duré quelques minutes seulement. Je sursaute, panique, regarde l’écran de l’infâme réveil : 5 H 45. On a dû s’endormir au petit matin. Mes yeux picotent, ma tête tourne, mes jambes sont en coton. Je m’enroule un instant dans les bras de Manu, le remercie encore pour cette inoubliable parenthèse et me traîne dans la salle de bains. Je me prépare rapidement : ne pas être triste mais se montrer précise avec l'eye-liner, ne pas filer mes collants, ne pas coincer la glissière de ma jupe, se concentrer sur les petits détails pour éviter les grandes questions. Celles qui font s’effondrer les mondes, celles qui poussent aux révolutions. À mesure que je remonte le temps de mon effeuillage nocturne, ma colère refait surface. La rage et la frustration en cortège. Comme si le simple fait de m’habiller de ma carapace moderne me faisait revêtir mon heaume de combat. Et puis dans le froid d’un petit matin de ce début de décembre, nous parcourons à rebours le chemin de la veille. La neige a fondu et laisse les trottoirs en pleurs, ruisselants de nostalgie. Les Parisiens font la gueule et ce matin, je fais partie de la bande. Le même dédale de couloirs, de métros bruyants, les souterrains de la gare, un café au comptoir et la vie qui reprend ses droits. Un coup de sifflet et je pars déjà. Il n’y a que pour ma Fleur que j’ai envie de rentrer. Le reste n’a finalement que très peu d’importance. La neige, qui féérisait la ville hier, me met aujourd’hui dans de beaux draps. Elle paralyse les terres planes inhabituées à vivre avec. Les voies sont entravées ; le train ne peut atteindre sa pleine vitesse et arrive à Rennes en retard. Les bus restés au dépôt, tout le monde se rabat sur les taxis qui glissent au ralenti sur le bitume de blanc saupoudré. Ici, les flocons font de la résistance. Je patiente dans la file pour attendre une voiture qui tarde à venir et pianote un message à l’intention de Sandra pour la prévenir. Ça commence bien. Échevelée, essoufflée et les nerfs en pelote, j’arrive au bureau quarante-cinq minutes après l’heure prévue. Lorsque la porte s’ouvre, tout le monde me regarde, comme suspendu. Ça me tend à l’extrême. C’est bon, je ne vais taper personne ! Je fais comme si de rien n’était, pose mes sacs et badge rapidement. Je sens que Dorian a envie de se retourner, de me lancer une pique verbale, mais télépathiquement je lui déconseille fortement de le faire parce ça pourrait mal finir. Sandra m’interroge silencieusement du regard, je hoche la tête pour lui faire comprendre que tout va bien, mais que je suis confuse, évidemment. Visiblement, l’histoire de la gifle n’en est pas vraiment une, tant mieux. Je sais bien que mes copines ont envie que je leur raconte mon escapade, mais je n’ai pas envie de trouver les mots. Parce que c’est précisément quand on essaie d’expliquer la magie qu’elle perd une partie de son pouvoir. Alors, je lance quelques miettes pour apaiser les appétits et garde le croustillant pour moi.   

Le soir, je récupère ma fille dans la cour de récréation. De loin, je la regarde jouer, insouciante, comme si les sales mots de la veille n’avaient pas réussi à l’éclabousser. Quand elle m’aperçoit, elle plaque tout et se précipite dans mes bras. Je cours vers elle, l’enlace et la fait décoller. Elle adore ça et bascule sa tête en arrière pour regarder le ciel en riant.

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