

Chapitre 8 : Les remparts bafoués
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Chapitre 8 : Les remparts bafoués
Trois semaines se sont écoulées depuis ce jour fatidique et aujourd’hui marque le début officiel de ma nouvelle vie. Pour la première fois depuis que j’ai quitté l’appartement conjugal, je vais me retrouver seule dans mon nouveau sanctuaire. Seule avec Fleur, sans aucune autre forme de rempart pour nous protéger que ces quatre murs un peu vieillis mais étonnamment réconfortants… Ce matin, une tension palpable enserre ma gorge, mes mâchoires sont crispées, et je me sens comme hantée par une insaisissable présence qui refuse de me laisser me reconstruire, comme épiée par une ombre qui se fond dans la mienne. Pourtant, ces dernières semaines, je me sentais presque en sécurité, entourée de bruit, de musique et de rires – une cacophonie joyeuse qui semblait repousser les ténèbres qui m’avaient récemment engloutie. Le déménagement s’était déroulé sans accroc et c’est soutenue par une foule d’amis, que j’avais quitté notre ancien domicile dans une atmosphère presque festive. Au moment de partir définitivement, mon cœur s’était serré en dedans, des larmes avaient coulé à l’intérieur et puis j’avais fermé la porte derrière moi, comme on tourne la page sur cinq ans de sa vie, comme on dit adieu à la terreur, aux mensonges et à la perfidie. Les voitures de mes proches attendaient en bas, Stella tapotait nonchalamment sur le volant du camion de location, et une vie toute neuve semblait m’attendre au coin de la rue. Pas le temps de m’apitoyer sur mon sort.
Aujourd’hui, cela fait quinze jours, jour pour jour, que Fleur et moi avons investi notre nouvel appartement, et demain Stella repartira reprendre le cours de sa vie à Paris, et ce sera la toute première fois que je dormirai sans elle dans ce nouveau chez-moi. Depuis le réveil, je ressens une angoisse sourde et indéfinissable nichée au fond de mon plexus solaire, je me sens toute petite comme une gamine qui redoute le silence et l’obscurité mais qui ne dit rien de ses peurs parce qu’il parait qu’elle a grandi.
Pourtant, j'aurais juré toucher du doigt une forme de liberté nouvelle, comme si j’étais revenue de l’enfer, comme si j’étais enfin libérée des chaînes qui m’entravait, mon esprit s’envolait vers un avenir serein, loin du tumulte, affranchi de l’emprise de mon ex-mari. Je m’occupais des heures entières à déballer les cartons, à organiser mon nouvel environnement selon les préceptes ancestraux du Feng shui et chaque mouvement était imprégné d’une énergie vitale, presque palpable. Je me sentais prête à reprendre les rênes de mon existence, à édifier un monde nouveau, un havre de paix où Fleur et moi pourrions nous épanouir. Chaque jour, je repoussais encore un peu plus les ténèbres et faisais germer des couleurs nouvelles qui n’auraient pas encore été inventées, mais alors presque par erreur la haine m’avait rattrapée. Il était presque minuit, hier soir, lorsque j’étais sortie sur le balcon pour m’accorder quelques instants de répit nicotiné, quand, soudain, un frôlement ténu, semblable au murmure d’un tissu caressant la pierre froide, s’est fait entendre juste en dessous du garde-corps. Mon cœur s’est mis à battre la chamade, la conversation insouciante que je partageais avec Stella à travers la porte-fenêtre entrouverte s’est cristallisé, pulvérisée dans l’éther. Son regard azur s’est posé sur moi, un voile de stupeur et d’angoisse voilant ses prunelles, tandis que je me pétrifiais, à l’affût de ce bruissement intrus. L’appartement, au rez-de-chaussée surplombe des garages engloutis dans les abysses de la nuit, l’oreille tendue, je ne percevais que la quiétude ambiante et le murmure atténué de la ville en contrebas. Pourtant, mon instinct me criait qu’une présence indésirable rôdait, une entité malveillante emmitouflée de noir, tapie, à portée de main de ma vulnérabilité à la lune exposée. Elle m’interrogeait d’un regard inquisiteur pendant que d’un geste muet, je lui faisais signe de me tendre mon téléphone, dont j’activai la torche dans l’espoir vain de distinguer une silhouette parmi les ténèbres. Rien.
Le rayon lumineux se dissipait, englouti par l’obscurité vorace des portails métalliques. J’aurais donné tout ce que j’avais pour que ce ne soit qu’un animal errant, un chat, un chien, même une belette, mais alors, un nouveau frottement se fit entendre, suivi du crissement sourd de pas timides sur le gravier. Ma main se crispa instantanément sur celle de Stella, mes doigts s’agrippant aux siens alors que je luttai pour contenir la panique qui menaçait de m’ensevelir, tout entière.
Je devinais facilement l’identité de l’ombre qui se terrait dans la pénombre, mais il me semblait fondamental à cet instant que Stella le constate de ses propres yeux. Elle qui, par moments, semblait vouloir se convaincre de l’innocence de William malgré l’accablante accumulation de preuves à son endroit, et aussi, je dois bien le reconnaitre parce que, je redoutais qu’elle me croie déjà complétement folle. Mais finalement, n’était-ce pas là l’objectif ultime de cette sinistre mascarade ? Que j'abdique, que je m’effondre, que je perde la raison, pour de bon ?
Du bout des doigts, tout en me penchant au-dessus de la rambarde pour essayer de surprendre un mouvement aussi infime soit-il, j’ai composé le numéro de Will... S’il répondait, cela signifierait que je m’étais trompée, peut-être aveuglée par la paranoïa, peut-être déjà perdue finalement ? Au moment précis où la première sonnerie retentissait à mon oreille, une brève lueur s’est allumée juste en dessous du balcon, avant que mon appel ne soit redirigé vers la messagerie et que l’obscurité ne revienne, simultanément. Comme dans un polar de série B, une parodie où les flics portent des chapeaux trop grands et où les indices sont aussi évidents qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine.
Nouvel échec pour le roi, reine en danger dans sa tour.
« Si je ne t’ai pas, personne ne t’aura… »
Un frisson involontaire me glace et tout à coup, l’atmosphère devient électrique comme si, d’un battement de cils, nous étions revenues quelques jours en arrière dans un autre décor, comme si l’oreille de Will était collée à la porte pour épier chacune de nos conversations. Les jambes flageolantes, la nausée au bord des lèvres, je fermais la porte vitrée et observais Stella du qui, pour la toute première fois depuis son arrivée, semblait seulement effleurer du doigt ce que je traversais depuis ces derniers mois. Cette nuit-là, j’éprouvais le besoin de m’isoler dans ma chambre. Je n’avais aucune envie de parler, de décrire ou de lire dans ses yeux mais seulement d’analyser cette situation nouvelle, en tête-à-tête avec moi-même, tout en essayant d’anticiper son prochain coup.
Le matin venu, c’est donc le cœur lourd que nous prenons le chemin de la crèche, puis de la gare. Avec des larmes dans les yeux, je la vois grimper dans un train qui, crescendo, s’éloigne au loin et subitement, c’est comme si je prenais pleinement conscience de tout ce qui s’était déroulé ces derniers temps. Comme si la solitude me faisai
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