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Chapitre 2 - L'entrée au paradis

Chapitre 2 - L'entrée au paradis

Publié le 1 juin 2021 Mis à jour le 3 déc. 2021 Voyage
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Chapitre 2 - L'entrée au paradis

Les portes s’ouvrirent, lentement, avec un bruit assourdissant digne d’une scie à métaux. Je suivis Azrael qui marchait, d’un pas décidé, vers un bureau. Elle s’adossa contre et sonna à la petite cloche posée dessus. Pendant ce temps, je contemplais ce qu’il y avait autour de moi. Tout était bien différent de ce que j’avais imaginé dans mes rêves les plus fous. C’était bien plus beau. Des colonnes de marbre étaient alignées de part et d’autre d’une grande allée qui menait… jusque très loin vraisemblablement. Des guirlandes dorées tombaient de ces colonnes. Certaines, accrochées au plafond, laissaient la gravité porter jusqu’à nous leurs paillettes. Je fus submergé en une minute, chrono en main. Azrael, impatiente, rappuya sur la sonnette une deuxième fois, puis une troisième plus rapidement et ainsi de suite jusqu’à ce qu’une voix s’élève d’une arrière-salle, visiblement remplit de parchemins.

— Deux secondes ! Qui peut bien être pressé au paradis ? s’indigna un homme en s’approchant. Ah, oui bien sûr, cela ne pouvait être que toi….

— Moi aussi je suis contente de te voir Pierrot, lança-t-elle en rigolant.

— Je t’ai déjà dit de ne pas m’appeler comme ça, et encore plus en présence d’humains.

Il me jaugea du regard et reprit.

— Enchanté, moi c’est…

— Saint-Pierre ?

— Oui en effet… Perspicace le terrien.

— Euh, Pierrot tu peux accélérer, je n’ai pas que ça à faire, signala Azrael.

— Tu m’agaces !

— Ce n’est pas nouveau…

— Bon comment t’appelles-tu humain ?

— Joseph Mariba

— Alors, voyons… Joseph Mariba, marmonna-t-il en consultant un grand livre, aussi doré que les guirlandes. Mais tu n’es pas censé être là ! Azrael qu’est-ce que tu as fichu encore ?

Son ton était très rapidement passé de l’indignation à la colère. À les regarder, j’aurais presque cru assister à un duel père/fille. Elle faisait preuve d’une insouciance remarquable, elle qui dirige des milliers d’âmes. C’était assez perturbant.

— Bah rien ! J’ai lu mon parchemin comme d’habitude.

L’ange de la mort le sortit et le tendit à Saint-Pierre qui le contempla d’un air dépité. La colère s’était envolée, en quelques secondes à peine. Cela m’étonnait au plus haut point. Moi qui aimais constamment comprendre ce qui m’entourait, me voilà bien perplexe face à cet homme. Je ne saurais décrire son tempérament. Une chose était sure cependant, il tenait beaucoup à l’archange de la mort.

— Tu peux me lire ce qu’il y a marqué dessus Az ?

— Sérieusement ?

— Oui sérieusement !

— Bah, Ordre d’aller chercher Joseph Mariba et de la ramener aux portes, blablabla…

— OK, c’est bien ce qu’il me semblait… Tu as bu combien de café ?

— Pas beaucoup…

— Je te demande un chiffre !

— Pas la peine d’être agressif ! Seulement quatre, cinq…

— Bordel ! Mais tu n’es pas possible ! Le café ce n’est pas bon pour nous, on ne le supporte pas. Tu as encore ramené la mauvaise personne. C’est marqué José Meribo sur ce fichu parchemin. Lui, dit-il en me pointant du doigt, est censé mourir dans un mois.

— Ce n’est pas bien grave, je le ramène sur Terre et puis voilà.

— Maintenant qu’il a tout vu ! Tu veux nous attirer des ennuis avec le chef ma parole ! Tu sais bien qu’il ne peut plus être en contact avec les humains.

— Pardon de vous déranger, mais du coup je vais où ? demandais-je.

— Eh bien, il reste qu’une seule solution… Le purgatoire, en attendant ton heure, répondit Saint-Pierre, avec froideur.

— L’endroit effroyable où toutes les créatures de Dieu attendent leur jugement ?

— Dis donc il s’y connaît le petit.

— Mais je ne veux pas y aller moi…

— Ce n’est pas comme si tu avais le choix, dit Saint-Pierre en haussant les épaules.

Azrael, qui marchait en rond depuis qu’elle avait appris s’être encore trompée de personne, revint déterminée.

— J’ai une idée !

— On va se marrer…

— Te fiche pas de moi Pierrot, il y a un moyen que notre ami n’aille pas au purgatoire. Il suffirait que je…

— Oh attend ! Je te vois venir toi et c’est non, hors de question !

— Mais pourquoi ? Il a l’air très bien. Regarde, renchérit-elle en me prenant les épaules, il a une bonne carrure.

— Tu sais bien que c’est trop risqué ! Et puis le dernier que tu as voulu entraîner en est mort je te signale.

— Oui, mais je m’y étais mal pris, là ça sera différent.

— Pourquoi, tu t’es dégotté un cerveau entre temps ?

— Ne sois pas méchant comme ça, j’ai beaucoup de qualités, mais il se trouve que l’intelligence n’en fait pas partie.

— Là-dessus au moins nous sommes d’accord…

— Pardon de vous interrompre à nouveau, mais c’est quoi cette histoire d’entrainement ? demandais-je, intrigué.

— Oh, c’est tout bête, je veux faire de toi mon apprenti ! dit Azrael tout sourire.

— Ah rien que ça… Mais tu n’en as pas déjà ?

— Eh bien si, mais il se trouve qu’ils périssent tous petit à petit en ce moment…

— Et pourquoi moi ?

— Eh bien, d’une part parce que je me suis trompé donc il faut bien que tu ailles quelque part et crois-moi le purgatoire ce n’est pas terrible. Et d’autre part parce que tu m’as l’air qualifié pour le job.

— Mais il faut faire quoi ? Il y a un entretien d’embauche ? Comment ça se passe ?

— C’est très simple tu vas avoir une série d’épreuves et si tu les réussis, je demanderais à papa de te donner des ailes. Et ensuite tu iras sur Terre chercher les âmes de ceux qui ne vont pas tarder à mourir.

— Trop bien ! Je vais avoir des ailes !

— Et tu vas aller chercher les gens qui sont sur le point de mourir… lança Saint-Pierre.

— Des ailes… murmurais-je en m’imaginant planer dans les nuages.

— Alors Pierrot, tu es d’accord ? demanda Azrael.

— Non, toujours pas ! certifia Saint-Pierre

— Oh allez Pierrot ! s’il-te-plaît…

— Non !

— Par pitié…

— Non ! Et arrête avec ces yeux de chat, tu sais bien que je craque à chaque fois.

Un long duel de regard s’enchaîna et Saint-Pierre finit par craquer. Azrael sauta de joie et me prit par le bras. Elle courait vite et je faillis tomber plusieurs fois avant de me mettre à son allure. Au bout de quelques minutes, elle s’arrêta devant une porte avec une tête de mort.

— Ah c’est ton repère ?

— Exactement… Sésame, ouvre-toi !

— Non sérieux, c’est ça ton mot de passe ? demandais-je, entre deux respirations.

— Qu’est-ce que tu veux… j’adore Ali Baba ! Allez amène-toi, j’ai tant de choses à te faire découvrir.

— J’arrive…

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Crédits photographiques Jean-Marc Sire

Jean-Marc Sire
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