Camille Poulain, mettre l'écoconception au centre de sa démarche
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Camille Poulain, mettre l'écoconception au centre de sa démarche
Il faut utiliser la contrainte environnementale comme une opportunité pour faire autrement, beaucoup de choses sont possibles.
De la gestion d'une entreprise en tant que salariée à l'aventure entrepreneuriale
Camille Poulain a un parcours académique en histoire de l'art et lettres modernes complété par des formations qui la plongent dans le monde éditorial. Elle travaille ensuite pendant 9 ans pour les éditions Jannink, spécialisées en art contemporain. La structure étant très petite, Camille endosse rapidement une double casquette : à la fois responsable édition mais également de gestion administrative de la société. Lorsque la maison d'édition arrête sa collection principale, Camille réalise qu'elle a toutes les cartes en main pour lancer sa propre activité.
Elle dispose alors, pour une période de 1 an, d'accompagnements dispensés par Pôle Emploi (CSP - Contrat de Sécurisation Professionnelle) et par l'association Positive Planet. Ces accompagnements lui permettent de « préciser son projet entrepreneurial, poser les bases, structurer sa démarche et établir son business plan ».
Elle a aujourd'hui 36 ans et est depuis 2 ans directrice éditoriale et cofondatrice de Lichen : entreprise charnière entre la communication responsable et l'éditorial éco-conçu. Camille accompagne « ceux qui veulent changer leur monde, réaliser des communications impactantes et durables, en accord avec leurs valeurs ». Elle s'occupe de la gestion administrative de l'entreprise, rédige les contenus éditoriaux pour le compte de ses clients et réalise une veille régulière pour se tenir informée des nouveautés liées au métier et à l'écoconception (méthodes de fabrication, composition des encres et papiers etc.). Marine Pacoret, cofondatrice et directrice artistique de Lichen, travaille en binôme avec Camille et prend notamment en charge l'ensemble des créations graphiques.
Un contexte environnemental à prendre impérativement en compte
Pour Camille et Marine, intégrer la valeur environnementale dans le projet était « une évidence au vu du contexte climatique et environnemental actuel qui ne laisse pas le choix ». Elles éco-conçoivent leurs créations en analysant l'impact environnemental du produit tout au long de son cycle de vie (conception, utilisation, destruction), que ce soit pour les créations papier ou numérique.
Lors de la sélection des sous-traitants, principalement imprimeurs et papetiers, Camille se renseigne sur « les actions globales de l'entreprise vis-à-vis des salariés, de l'environnement et plus globalement de l'éthique de travail ». Il existe de nombreux labels et normes qui permettent d'évaluer les actions mises en place par les entreprises : Norme ISO 14001, labels Imprim'vert, Print Ethic, Nordic Swan etc. Camille nous rappelle toutefois que « ce n'est pas parce qu'une entreprise n'est pas labellisée, qu'elle ne s'inscrit pas dans une démarche RSE ». Elle ne laisse donc aucun sous-traitant de côté et ne considère pas l'obtention d'un label comme seul critère de sélection.
Un autre indicateur que Camille doit prendre en compte, et pas des moindres, est le risque de destruction des livres produits. En effet, le Bureau d'Analyse Sociétale pour une Information Citoyenne (BASIC) affirme dans une étude que « 1 livre sur 4 est détruit avant même d'être lu ». Selon Camille, deux leviers sont donc importants : le premier est de diminuer la production de livres au juste nécessaire en réalisant des « économies par la quantité quitte à devoir refaire des tirages ensuite », le second est de « penser chaque projet en fonction de la fin de vie du produit ». Ce deuxième levier, moins naturel et agréable à penser pour tout acteur de la chaîne d'édition de livre, reste cependant primordial si l'on réfléchit dans une démarche d'économie circulaire complète.
Trouver une place pour cette approche novatrice du métier de l'édition
Son plus gros challenge ?
→ Convaincre que des cabinets comme Lichen ont une réelle valeur ajoutée.
« C'est un métier et une expertise à part entière. Beaucoup de personnes pensent qu'il suffit d'utiliser du papier recyclé et de l'encre végétale pour avoir une démarche éco-conçue, mais la démarche est beaucoup plus complexe. » A titre d'exemple, selon une étude publiée en octobre 2020 par des chercheurs de l’University College de Londres et l’université de Yale, le recyclage du papier pourrait même contribuer à augmenter les émissions de CO2 du secteur. Il faut donc prendre le temps de bien analyser chaque facteur pour avoir une vision complète de l'impact d'un produit.
Sa plus belle réussite ?
→ Réussir à diffuser les connaissances en écoconception de Lichen, et ainsi inciter les autres à s'en inspirer pour changer leurs pratiques. Lorsque des personnes du métier se rapprochent de Camille pour faire appel à son expertise, elle sait qu'elle a réussi son pari.
Mais au fait, pourquoi Lichen ?
« Le Lichen est un organisme hybride entre l'algue et le champignon, on n'y prête pas attention et pourtant on le trouve partout. Il paraît insignifiant mais il peut être le point de départ de tout un écosystème. C'est pareil pour l'homme, prises isolément, nos actions peuvent paraître insignifiantes mais si chacun agit dans son coin, en cumulé cela peut faire les changer les choses. »
Pour plus de renseignements sur les solutions que propose Lichen et les valeurs portées par Camille et Marine, vous pouvez vous rendre directement sur leur site internet.