

Symbolique du papillon (9) : Ouverture à l'autre
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Symbolique du papillon (9) : Ouverture à l'autre
Devine mes rêves
- Et si nous nous asseyions quelque part ? suggéra la jeune fille.
- Oui mais où ? s'enquit le garçon.
Elle l'attrapa par la main et l'entraîna gaiement au hasard des rues, quittant l'une des places principales d'Athènes en quête du « bon endroit ».
- Où m'emmènes-tu ?
- Je n'en ai aucune idée. Mais là où nous devons être, assurément !
Il souriait à chaque fois qu’elle se tournait vers lui en disant « Viens ! Je crois que ce sera mieux dans ce coin-là. ».
Le mur ? Non, trop étroit avec les barreaux qui dépassaient.
Par terre ? Certainement pas !
Ce banc ? Non plus, il y avait trop de monde.
Elle marchait toujours avant de s’arrêter devant l’enceinte d’un bâtiment officiel. Elle pénétra à l'intérieur d'une petite cour adjacente, et s’assit sur les escaliers de l’entrée.
- Euh... Penses-tu que nous ayons le droit ?
- Mais oui ! Et puis sinon, nous pouvons toujours dire que nous n'étions pas au courant !
- Tu n'es vraiment pas croyable, toi !, s'amusa-t-il de son côté aventurier, tandis qu'ils s'installèrent sur les marches en pierre.
Les yeux rivés sur l’Acropole, ils n’osaient rien dire. Doucement, la jeune fille laissa sa tête se poser sur l’épaule accueillante de l'adolescent. Ils savouraient ce sentiment unique de se sentir spécial l'un pour de l'autre.
- Connais-tu le jeu des nuages ? finit-elle par l'interroger après quelques minutes de silence.
- Celui qui consiste à y reconnaître des formes ? Evidemment ! Là, je vois un crocodile, s'exclama-t-il en pointant le ciel du doigt.
- Oh ! Là, un balai avec des nageoires !
- Quoi ? s'étonna-t-il en écarquillant les yeux.
- Oui ! C'est un balai. Et sur le manche, des nageoires ! s'expliqua-t-elle comme s'il s'agissait de l'évidence même.
- Alors là ! Tu as vraiment beaucoup d'imagination.
- En tout cas, le ciel est vraiment beau...
- Oui… J’aimerais y être déjà…
Sa voix resta suspendue dans l’air, ce qui la surprit. Elle se redressa et le chercha du regard, avide de savoir comment ce rêve prenait vie sur son visage.
- Tu peux laisser ta tête, tu sais… assura-t-il.
Elle sourit en posant sa main sur la sienne.
- « Déjà ?» Pourquoi dis-tu « déjà ?» ? Veux-tu conquérir le ciel ? demanda-t-elle avec un mélange détonnant d'entrain et de douceur.
- J’aime ta façon de parler. Conquérir le ciel… J’aimerais piloter des avions. Alors conquérir le ciel c’est une façon de voir les choses.
- J’espère que tu le feras, dit-elle en souriant. Je suis même sûre que tu arriveras.
- Ah oui ? Comment peux-tu le savoir ?.
- Parce que tu le veux vraiment, n’est-ce pas ?
L’Homme est un conquérant.
Tu auras une partie du ciel, car c’est ce que tu désires réellement.
Je me trompe ?
- Je l'ai toujours voulu, oui.
- Donc d'une façon ou d'une autre, tu y parviendras. Et d'ailleurs, un jour tu m'emmèneras avec toi !, affirma-t-elle en lui secouant la main.
- Alors j'ai doublement intérêt à réaliser ce rêve, dit-il en éclatant de rire.
- Naturellement ! Je compte bien être aux premières loges pour te voir l'accomplir !
Dis-moi, comment cela t'est-il venu ?
- Quand j'étais petit, mon grand-père m'a emmené voir le salon du Bourget et me parlait des avions de guerre.
Ses récit m'ont passionné.
J'ai développé une véritable fascination pour le ciel, par le fait de voler.
S'éloigner des tourments humains
Se plonger dans cet infini.
Il y a une telle immensité.
En faire partie...
Conquérir le ciel comme tu dis, dit-il d'un air pensif, tourné vers les nuages.
- Je t'encouragerai toujours.
- Merci. Et toi, quel est le tien ? enchaîna-t-il. Tu dois avoir des passions. Oh attends laisse-moi deviner !
- A ta guise..
- Danser !
- Dans le mile ! Tant que je suis en mouvement et que je ressens autant de choses, je sais que je suis vivante, s’exclama-t-elle, espiègle.
- C'est ce qui transparaissait l'autre soir. Mais je suis sûre que plein de sujets t'animent.
- Bien vu. Tu peux toujours essayer de deviner. Mais je te préviens, tu risques d'avoir du mal. C'est tout de même dur de cerner entièrement une personne en deux jours.
- Effectivement. Mais j’ai l’impression de te connaître depuis plus longtemps...
Elle caressa sa nuque et le regarda intensément. Malgré les mains froides de la jeune fille, il fermait les yeux, semblant savourer l'instant.
- Moi aussi.
- Aurore, qu’est-ce que j'ignore encore sur toi ?
- Beaucoup, sûrement. Mais il y a une chose essentielle, répondit-elle en scrutant les nuages, la tête à nouveau posée sur son épaule.
Il réfléchissait, et son regard se perdit sur le sac à main blanc de l'adolescente, parsemé de petites fleurs violettes. Légèrement ouvert, le coin d’un cahier dépassait. Elle se tourna doucement vers lui, s'apercevant que son attention venait de se porter sur ce support de papier.
- J'écris
Sur tout
Des histoires, des lettres, des poèmes.
Je dessine
Me laisse inspirer par tout ce qui m'entoure
Ce que j'éprouve,
Certaines personnes aussi... précisa-t-elle.
- Pourrais-je lire ?
- Oui, un jour, promis.
Celui où tu tiendras entre tes mains ce que j'aurai créé
Que tu t'y reconnaîtras, ne serait-ce qu'un peu :
Quelques souvenirs,
Un message trouvant un écho en toi
Qui réveillera quelque chose que tu pensais enfoui au plus profond de ton être,
Si je parviens à transmettre une part de moi au monde,
Même en demeurant une inconnue sur cette planète,
Alors, ce jour-là, mon rêve sera réalisé.
- Aussi sûr que je te ferai voir le ciel, viendra le jour où ton rêve glissera sous mes doigts.
[Texte : reprise d'une ébauche de 2015, enrichie en août 2025, tout en y conservant la substantifique moelle.
Photographie : 2016]

