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Chapitre 5 - POV Lia

Chapitre 5 - POV Lia

Publié le 21 mai 2024 Mis à jour le 23 mai 2024 Romance
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Chapitre 5 - POV Lia

Un bip régulier et agaçant me réveilla. J'avais la tête lourde et le corps engourdi. Mes paupières, qui laissaient passer une lumière aveuglante, refusaient de s'ouvrir. La bouche pâteuse, la gorge sèche, je n'étais clairement pas au meilleur de ma forme. Et pour couronner le tout, ce brouillard mental dans lequel je me trouvais : mes souvenirs les plus récents étaient incroyablement confus. J'étais incapable de me rappeler de ce qui s'est passé après la panne mystérieuse du camion de John.

Le claquement d'une porte me fit sursauter, me sortant de mes pensées. J'entendais des pas se rapprocher tandis que les bips des machines s'intensifiaient autour de moi. Mon instinct de loup me signalait qu'une personne, une femme, se tenait juste à quelques mètres de mon lit. Elle n'était pas humaine. Une métamorphe. Amie ou ennemie ? Impossible à déterminer pour le moment.

Une voix calme et claire résonna dans la pièce.

- Calme-toi... Tout va bien. Je suis Ciara, le médecin de la meute. Tu n'as rien à craindre avec moi...

La meute ? Non... Ils ne pouvaient m'avoir retrouvé aussi vite.

Prise de panique, je me débattais violemment, cherchant à me libérer de mes liens pour fuir le plus loin possible avant le retour du couple Alpha. Luna ne tolérerait pas que je reste à l'infirmerie. Pas avec les innombrables cicatrices qui marquaient ma peau. Cela soulèverait bien trop de questions...

Pourtant, je restais immobile. Malgré tous mes efforts, toute ma volonté, aucun de mes muscles ne répondait. Paralysée, je n'étais pas en mesure de me défendre, et l'idée de m'échapper me sembla alors absurde.

Après de longues secondes de lutte acharnée, mes yeux s'écarquillèrent et j'aperçus le médecin se pencher vers moi, une seringue à la main. Elle injecta un liquide vert fluorescent directement dans mon cathéter. L'effet fut instantané et extrêmement douloureux. Une sensation de brûlure insupportable se propagea dans mes veines. Ma peau semblait brûler et mon corps entier convulsa. Quelle était cette substance ? Était-ce la punition pour avoir essayé de m'évader ? Un nouveau supplice inventé par Luna pour me briser ?

Un fracas du tonnerre me fit tressaillir. Je tentai en vain de localiser la source du vacarme. Devant mes yeux fatigués, une multitude de points noirs dansait. Les spasmes qui me secouaient avaient cessé, me laissant aveugle et impuissante...

- Ciara, que se passe-t-il ? tona un homme. 

Sa voix était rauque. Elle portait en elle quelque chose de primitif. De puissant. C'était sans aucun doute un alpha, mais pas celui de la Lune Rouge. Et curieusement, je ne ressentais aucune peur. Sa présence seule me rassurait. Mais qui était-il ?

Ciara, le médecin, lui répondit d'un ton incertain :

- Je lui ai administré une dose de C18. Mais je ne comprends pas sa réaction. Son corps semble le rejeter, comme s'il s'agissait d'un poison.

Un rugissement secoua la pièce entière. J'imaginais l'alpha attraper Ciara par la gorge, la menaçant d'une mort atroce.

- Du C18 ? N'avais-je pas interdit son usage ?

- Je... je ... 

La violence de l'alpha me choqua. Pourquoi être aussi protecteur envers une étrangère ? Pourquoi risquer de blesser une louve de sa propre meute pour moi ?

- Parle ! Mais attention, c'est ta dernière chance de t'expliquer !

Il avait utilisé son pouvoir d'alpha. Celui qui faisait plier tous les loups de rang inférieur. L'air autour de nous crépitait de sa colère. Jamais je n'avais ressenti une telle force, pas même en présence du couple alpha de la Lune Rouge.

Après un instant, Ciara retrouva son calme de médecin et tenta de justifier son geste.

- Le C18 est connu pour annuler l'effet de l'aconit. Elle ne guérit pas et ne répond à aucun traitement. J'ignore pourquoi pour le moment. J'ai sollicité l'aide de confrères d'autres meutes et nous avons déduit que sa seule chance de survie était l'injection de 10 mL de C18 à son réveil. Je n'ai pas eu le temps de demander ton autorisation, Alpha. Mais permets-moi de poursuivre le protocole, je suis convaincue de pouvoir la sauver. Si j'échoue, je quitterai la meute de gré pour devenir une solitaire.

- Arrête tes pleurnicheries et mets-toi au travail !

Le silence revint dans la salle. Un poids fit s'abaisser le lit juste à côté de moi, dans un grincement métallique. Quelqu'un remonta les couvertures sur mon corps affaibli et une main effleura mon avant-bras droit. Un doux frisson caressa ma peau, la première sensation agréable depuis cette nuit effroyable avec John. Tout mon être réagit à ce simple contact et s'enflamma. Une douce agonie qui vint se loger dans le bas de mes reins, chassant toutes les douleurs que le C18 avait provoquées en moi.

L'inconnu murmura à mon oreille, son souffle chaud caressant ma gorge exposée et sensible.

- Tout va bien, ma princesse. Je suis là. Plus personne ne te fera de mal. Dors maintenant.

Il venait d'essayer d'user de son pouvoir pour me faire sombrerdans un sommeil profond, mais contre toute attente, cela n'eut aucun effet, si ce n'est de faire naître en moi une rage incontrôlable. Je demeurais éveillée, pleinement consciente de mon environnement. Aveugle et sans défense. Furieuse et angoissée à l'idée de subir de nouvelles tortures.

- Ciara, grognait l'homme toujours à mes côtés. Pourquoi ne s'est-elle pas endormie ?

- Je l'ignore. Peut-être parce qu'elle est destinée à être notre Luna. Après tout, elle est ton égale et...

Le médecin n'avait pas fini sa phrase que j'entendis le bruit d'un chariot métallique projeté à travers la pièce. L'alpha rugit, visiblement furieux d'entendre que j'étais son égale. Sa future Luna.

- Attends ! Quoi ? Nila, que se passe-t-il ?

Aucune réponse. La présence de ma louve s'était évanouie laissant derrière elle un vide abyssal. L'aconit dans mes veines la maintenait loin de moi, et la douleur de son absence envahissait tout mon être. Je n'étais plus en état de contenir ma colère.

- Qu'est-ce que vous m'avez fait ? Pourquoi je ne la sens plus ? criais-je en luttant contre les liens de cuir qui me retenaient captive.

Des larmes inondèrent mon visage. De profonds sanglots secouèrent ma poitrine. Je souffrais comme jamais auparavant. Pourtant, Luna ne m'avait pas épargné. Elle ne se contentait pas d'user de sorts et de potions pour dissimuler ma véritable nature à toute la meute. Parfois, elle prenait plaisir à ajouter de l'aconit dans mes boissons pour que je reste vulnérable et fragile. Pour que ma louve ne se révèle jamais à moi. 

Dans un hurlement, je me libérai, arrachant tous les tubes et cathéters qui me retenaient. Je me redressai, résolue à fuir, même si, pour cela, j'étais contrainte de ramper. Je n'avais que faire de cette Ciara et de son alpha mal luné.

Alors que je soulevais le drap pour me laisser tomber au sol, des bras puissants m'enlacèrent. Je me tendis, anticipant un coup... prête à résister, mais il n'y eut rien. Ce n'était pas une agression. C'était un geste tendre et doux qui fit frissonner ma peau et calma mes craintes et ma colère.

- Pardonne-moi. Je n'avais pas l'intention de t'effrayer. Je ne veux que ton bien et tu as besoin de te reposer. 

Sa voix suave, telle une caresse, éveillait en moi l'envie de ronronner, de me blottir contre son torse robuste. Cependant, je savais que je devais être plus forte que ça. Je ne pouvais pas permettre à mon corps fatigué de me trahir. Il était impensable que je me laisse emprisonner et maltraiter à nouveau.

Sans me lâcher, il murmura qu'il m'avait apporté un repas chaud et quelques vêtements, s'excusant de n'avoir pu faire que le strict nécessaire, ignorant mes goûts. Pour les habits, il avait demandé à une certaine Julie, une de ses adjudantes, d'acheter des basiques le temps que je sorte de l'infirmerie. Après quoi, je pourrais choisir tout ce dont j'aurais besoin. À l'évocation de cette Julie, une puissante vague de jalousie me submergea. Je fis de mon mieux pour ne rien laisser paraître. C'était totalement ridicule. Je ne savais rien de cet homme, et pourtant, au plus profond de moi, j'avais cette conviction maladive qu'il était à moi. Qu'il m'appartenait. Qu'il était mon partenaire. Mais c'était impossible. Il était si rare de trouver son compagnon destiné. 

J'avais l'impression de devenir folle. De ne plus pouvoir compter sur mes sens, ni sur mon instinct. Et sans Nila à mes côtés, j'étais totalement perdue. Confuse et épuisée, je n'étais pas en mesure de lutter. Il me fallait récupérer des forces pour pouvoir espérer me sauver. Cet alpha, malgré son indéniable penchant pour la violence, semblait bien décidé à me protéger. Peut-être pouvais-je saisir cette opportunité pour permettre à mon corps de guérir.

Je fis signe de la tête pour le remercier et me repris place sur le lit. Ma vision s'était enfin éclaircie, me permettant de découvrir le visage de cet homme énigmatique qui me faisait vibrer. Je me résolus alors à poser les yeux sur lui.

Il était beau. Magnifique même. Comme tous les loups, il était grand et fort. Et en tant qu'alpha, il possédait une splendeur époustouflante. Un charme magnétique qui avait dû faire tomber de nombreuses petites culottes ! À cette idée, j'eus une envie soudaine de le gifler, mais je me retins. Je me contentai de l'observer. D'immortaliser dans ma mémoire chaque trait de cet incroyable adonis : des yeux d'un noir profond, un teint olive, des pommettes saillantes, un nez fin légèrement dévié sur la droite, souvenir d'un coup redoutable reçu avant sa première transformation, et des cheveux bruns, courts sur les côtés. 

J'ignorais depuis combien de temps je l'observais, mais à la vue de ce sourire satisfait sur ses lèvres charnues, je compris que j'avais été surprise en flagrant délit.

- Nous n'avons pas encore été officiellement présentés. Je suis Askaï, alpha de la meute des Loups Gris. Tu es ici chez toi. Tu n'es pas notre prisonnière, c'est important que tu le comprennes.

Avec un mouvement souple, il plaça un coussin épais derrière mon dos, me permettant de m'installer confortablement pour manger. Il déposa alors délicatement un plateau abondamment garni sur mes genoux. Il y avait de tout : pain, viennoiseries, œufs, bacon, confitures, jus de fruits et même du thé. À la vue de ce festin, mon estomac se mit à grogner. Je n'avais pas le souvenir d'avoir un jour été autant choyée et le rouge me monta aux joues. Il prit alors un air penaud qui le rendait encore plus charmant, se frotta la nuque et ajouta d'un ton presque embarrassé :

- Je ne savais pas trop quoi choisir, donc j'espère que ça te conviendra. Mais si tu as besoin de quelque chose d'autre, je peux retourner en cuisine...

- C'est parfait, merci. 

Le fait de le voir si disposé à satisfaire le moindre de mes désirs gonfla mon cœur d'une chaleur accablante. Il était nécessaire que je reste vigilante. Que je fasse attention à ne pas succomber au charme de ce séducteur.

Tandis que je luttai pour calmer le feu qui consumait ma poitrine, je le vis saisir une chaise adossée au mur et se diriger vers mon lit. D'un regard timide, il me demanda la permission de s'asseoir à mes côtés. Difficile de lui dire non. Surtout avec tout ce qu'il avait préparé pour moi.

Il s'installa silencieusement, saisit un croissant, mais au lieu de mordre dedans, il le déchira et porta un morceau à mes lèvres. Abasourdie, j'entrouvris la bouche et le laissai me donner à manger comme à une enfant. C'était une première pour moi. Je n'avais jamais laissé personne me traiter ainsi. J'étais beaucoup trop fière et indépendante pour ça.

Alors qu'il prenait soin de moi, j'en profitais pour l'observer. Sa barbe naissante dessinait des ombres sur son visage sévère. Une petite cicatrice, juste au-dessus de son œil droit, partageait son sourcil en deux. J'étendis la main et, du bout du doigt, je suivis le tracé de cette mince ligne blanche.

- Un rappel à l'ordre. Celui de toujours se méfier. Même de ses plus vieux amis...

Sa voix portait la marque d'une tristesse profonde et son regard s'obscurcit de douleur. Une douce agonie qui serra mon cœur.

Ma main poursuivit son chemin jusqu'à se perdre dans ses cheveux. Il se laissa faire en soupirant d'aise. Je n'avais jamais vécu de moment aussi intime. Aussi intense. Aucun mot ne pouvait décrire ce qui je vivais à cet instant. Je ressentais une profonde connexion avec cet homme, cet inconnu. Mon âme le réclamait. Mon corps le convoitait. Chaque contact entre nous était électrisant. Exaltant. Sa simple présence semblait remplir un vide dont je n'avais pas même conscience.

- Alpha...

Ciara entra brusquement dans la chambre, nous faisant tous deux sursauter. Nous étions si bien dans ce cocon de tendresse que ni lui ni moi n'avions entendu ses pas dans le couloir, ni même ses coups à la porte.

Askaï se tourna vers elle, une fureur indéniable dans le regard, faisant instinctivement reculer le médecin d'un pas.

- Pardon, Alpha. Je ne voulais pas vous déranger, mais je dois te parler. C'est important. 

Elle posa les yeux sur moi, l'expression empreinte d'inquiétude, et insista pour s'entretenir en privé avec Askaï. Il consentit à contrecœur et la suivit, non sans m'avoir assuré qu'il reviendrait rapidement.

 


Texte de L.S. Martins.
Image créée par L.S.Martins à l'aide de Dall-E3

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