

Chapitre 2 : Blake, ancien prince puissant mais prisonnier
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Chapitre 2 : Blake, ancien prince puissant mais prisonnier
Poema serrait très fort la main de Blake. Elle ne tremblait plus de froid grâce à lui, blottie dans ses bras réconfortants.
L’ancien prince marchait d’un pas assuré, silencieux. Il se dirigeait vers le port comme il l’avait dit à la belle sirène : il comptait la ramener dans un endroit qu’il connaissait bien, un lieu où ils seraient en sécurité pour la nuit avant de reprendre la route.
Après quelques minutes, Poema se décida à parler.
- Blake, où m’emmènes-tu exactement ? Le port est près de la ville, on ne te reconnaîtra pas ?
- Ne t’inquiète pas, à part les habitants du palais, peu de gens savent à quoi je ressemble exactement : le peuple me voit seulement quelques fois par an lors des cérémonies, et ce de loin. Pour ce qui est de l’endroit où nous allons… C’est une surprise.
Il lui sourit avec tendresse et continua :
- Depuis que je suis petit, j’ai l’habitude de m’enfuir hors de l’enceinte du palais. Je venais voir la mer, même si cela ne durait jamais longtemps. C’est comme ça que je me suis fait de bons amis, ils m’ont accueilli chez eux à de nombreuses reprises, je suis sûr que tu vas les adorer ! Ce sont les seuls à savoir que je suis le prince, tous les autres en ville pensent que je suis un simple marin… C’est grâce à mes amis si je sais naviguer un bateau, au palais, les gens ont bien trop peur qu’il m’arrive malheur pour me laisser faire quoi que ce soit… C’est à peine si je peux faire deux pas sans avoir plusieurs gardes à mes trousses… Je dois inventer mille et un stratagèmes afin de tromper leur vigilance et m’échapper, et à mon retour, je me fais sermonner. Mes instituteurs, ma famille et la cour tout entière s’occupe de moi comme si j’étais encore un enfant. C’est ironique car je sais que la plupart d’entre eux a peur de moi et n’ose même pas me contredire… Prince puissant ou enfant, je ne sais jamais comment l’on va se comporter avec moi. Je ne sais pas pourquoi je les laisse agir ainsi avec moi et m’ôter toute liberté… Ce doit être à cause de l’habitude, j’ai eu beaucoup de mal à passer d’enfant à adulte dans de telles circonstances. On m’apprend l’art de la guerre et le maniement d’armes mais on me maintient prisonnier soi-disant pour ma protection ? Je ne les comprends pas, ils savent bien que je suis un excellent épéiste et que rien ne peut m’arriver à l’extérieur du palais ! À moins que… Ce ne soit la mer qui les effraie autant. On n’a pas arrêté de me conter d’affreuses légendes concernant votre peuple, mais je n’ai jamais cru leurs mots, au fond de moi, j’ai toujours su que… la mer… Je… Je regrette de ne pas avoir quitté cette prison bien avant…
Il s’arrêta un instant, puis regarda Poema dans les yeux, plein d’émotions. Se confier à elle lui faisait le plus grand bien, comme toujours.
- Mais tu es là maintenant, et je ne reverrai sûrement plus jamais le palais et ses habitants. Je le reconnais, ça fait un bien fou d’être dehors… avec toi…
- Tu as changé pour le mieux, ton regard s’est éclairé depuis que tu as été libéré. Je suis heureuse que tu m’aies accompagnée. Je n’avais aucune idée de tout ce que tu traversais.
- Tu sais, ce n’est pas seulement cela qui m’a ranimé. Depuis que je t’ai rencontrée, je sens que je deviens chaque jour meilleur… Tu es tellement incroyable… Tu n’as pas eu peur de moi contrairement aux autres… J’étais à la fois entouré de gardes et seul au monde, pas une once de tendresse… Si le passé n’était que prison, guerre et solitude, le présent n’est qu’amour, beauté et liberté… J’ai hâte de découvrir le monde avec toi, Poema…
Disant cela, Blake s’était rapproché de sa bien-aimée, qu’il tenait encore dans ses bras.
Il effleura la joue de la sirène avec sa main froide et ferma les yeux. Il ne sentait pas le vent frais car la chaleur de Poema l’entourait et ses mots résonnaient en lui : "Je suis heureuse que tu m’aies accompagnée".
- Moi aussi, je suis heureux, se contenta-t-il de dire.
L’ancien prince ouvrit les yeux quand la jeune fille se mit à lui ébouriffer ses cheveux.
- Eh, je ne suis pas un chien ! grogna-t-il la mine renfrognée.
- Oh, désolée ! Je ne…
- Je plaisantais, j’adore te taquiner. Tu le sais très bien.
- Tu n’es pas croyable, je…!
Elle n’eut pas le temps de finir que Blake se mit à rire et la fit tourner dans les airs.
Ils s’esclaffèrent et tombèrent au sol, essoufflés.
- Tu as bien fait de longer la plage pour arriver au port, sinon, il n’y aurait pas de sable pour amortir notre chute, sourit la sirène.
- Ma Poema… souffla-t-il.
N’y tenant plus, il l’embrassa amoureusement sous le ciel étoilé. La tempête s’était calmée, mais une nouvelle venait de se former dans leurs cœurs.
- Blake, attends… murmura-t-elle, le visage plus rouge que le corail.
- P-Pardon… Je m’emballe, je ne voulais pas te faire peur, bafouilla-t-il en détournant le regard.
Il avait du mal à respirer correctement et la voir si belle n’arrangeait pas les choses. Il desserra son étreinte à contrecœur et l’aida à se relever.
- Allons d’abord rejoindre mes amis, nous verrons cela plus tard, lui répondit-il sans oser croiser ses yeux de saphir enchanteurs.
"Si comme dans les histoires les sirènes envoûtent les gens, je veux bien qu’elle continue à le faire…" pensa-t-il avec un sourire en coin.
- Je n’ai pas eu peur, Blake, tu… Tu m’as juste surprise ! Je ne suis pas fâchée !! s’exclama tout à coup Poema.
Enfin, tous les deux se regardèrent et éclatèrent de rire.
- Fâche-toi autant que tu veux, tant que tu ne me quittes pas… lui glissa-t-il à l’oreille.
- Quand vas-tu arrêter de me taquiner ?
- Jamais, tu devras me supporter toute ta vie, je suis bien plus collant qu’un chien je te signale.
Ils continuèrent à se chamailler joyeusement durant le chemin jusqu’au port.
Enfin, Blake indiqua à sa bien-aimée de quitter la plage qu’ils longeaient : le couple se trouvait devant le port de la lune, relié à la plus belle ville du monde (selon Poema).
La ville des étoiles.
Elle portait bien son nom : même de nuit elle brillait de mille feux !
Ils traversèrent ensemble les rues désertes en se tenant par la main. On sentait encore le parfum des délicieuses pâtisseries orientales, servies pendant le marché du soir, fermé depuis quelques heures. Des centaines de jolies petites lanternes scintillaient d’une lueur orangée mais seules quelques fenêtres solitaires étaient encore allumées à cette heure tardive.
Ils remontèrent vers le haut de la ville où l’on voyait encore la mer au loin.
- Quelle beauté, soupira Poema.
Blake la regarda et pensa : "La seule vraie beauté que je vois, c’est toi…".
- Regarde, c’est ici, se contenta-t-il de dire en pointant une auberge éclairée.
L’établissement en question s’appelait "La coupe d’or". Il semblait plutôt spacieux et chaleureux, parfait pour y passer la nuit.
Avant que le couple eût le temps d’entrer, un jeune garçon de leur âge en sortit (il avait l’air d’avoir environ dix-huit ans comme eux).
- Aaron ?! C’est toi ? s’exclama-t-il.
- Oui, c’est moi, mais oublie ce nom, désormais, je serai "Blake", répondit le prince en souriant.
- Eh ! C’est le prénom de mon grand-père pirate, ça, rit le garçon.
- Oh, pardonne-moi, je ne savais pas que le grand-père de ton ami s’appelait pareil quand je t’ai proposé ce nom, s’excusa Poema.
- Ne t’inquiète pas, c’est justement pour cela que j’aime ce prénom, un nom de pirate et pas un nom de prince, la rassura son bien-aimé.
- Si j’ai bien compris, c’est la fille dont tu nous parlais tout le temps, c’est ça ? Tu comptais nous la présenter quand ? s’enquit son ami.
- Euh, oui, c’est elle, rougit Blake en détournant le regard.
- Tu as perdu ta langue ? Bon, je fais les présentations, alors. Je m’appelle Jack, enchanté. Poema, si je me rappelle bien ?
- Oui, je suis Poema. Enchantée, Jack.
- Allez, entrez vite ! La pluie n’a pas eu pitié de vous, à ce que je vois. Ma mère et moi vous accueillons à bras ouverts.
- Ton ami est adorable, chuchota Poema à Blake.
- Effectivement, même s’il adore m’agacer dès qu’il peut…

