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Quelle artiste ! Photo by Alexandre Brondino on Unsplash

Quelle artiste ! Photo by Alexandre Brondino on Unsplash

Publié le 27 mars 2022 Mis à jour le 27 mars 2022 Curiosités
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Quelle artiste ! Photo by Alexandre Brondino on Unsplash

Adulée par tous les chiens, Julie était haïe par toutes les chiennes. Normal, n'est-ce pas, elle était belle !

 

Qui aime la perfection ? Vous ?  Moi ? Personne !

 

Personne au monde n'est capable de supporter la perfection ! Julie, elle, ressemblait à un modèle de vertu, une exception. Une de ces exceptions qui n'existe pas, celles dont on nous parle pour confirmer les règles. Quelles règles ?

 

Julie était celle que les chiens chérissaient comme une déesse, celle que les chiennes détestaient par maladresse...

 

Image ambiguë de l'espoir des uns, du désespoir des autres, quoi que l'on  puisse faire, dire ou penser !

 

Un charme irréel se dégageait de sa personne, personne ne pouvait y rester insensible. Belle, instruite, coquette, gentille, elle représentait pour certains une sorte d'idéal, un vieux rêve de Labrador...

 

Elle ensorcelait la foule qui, par ces chaleurs d'automne, étouffait devant tant de beauté. Des personnes, de tous styles, de tous âges, entouraient Julie. Comme au temps des anciens, ces baladins qui aimaient se promener en contant des histoires. Elle déclamait ses vers à l'encontre des rustres et des malpolis. Un enchantement que cette voix qui s'élevait, tendre, douce. Une bête de scène possédant ce don de faire pleurer, et rarement rire. Peu importaient les mots, le contenu avait parfois moins d'importance que le contenant.

 

Que dire de ce principe ?

 

Ces mots étaient un message de paix, d'amour, de vie. Pourtant, elle ne parlait que de désastre, de guerre, de misère. Sa voix, seule sa voix comptait. Cette voix était le reflet paisible de son image interne. Ces jours là, sur la place envahie, les mots ne comptaient plus, ils devenaient illusoires, dérisoires, devant la pagaille et l'agitation ambiante. De nombreuses chiennes vivaient mal ce culte de la plastique, par péché d'orgueil où par vanité, elles portaient de lourds seaux d'eau. Ces seaux, jetés à la gueule des jeunes chiens, à qui l’on tentait de calmer leurs ardeurs naissantes. Or, rien au monde n'aurait pu soustraire ces mâles de l'appel de ses mots alignés sous forme de vers par cette braque hongrois aux poils court, d'aspect plus que comestible, tellement belle que tous les chiens la dévoraient des yeux !

 

Aucune pagaille dans ses discours, l'envol de ses mots semblait divin,  (irréel comme Dieu, un péché d'y penser.)

 

L'ordre de sa pensée paraissait magique. Les mots attendaient, disciplinés, chacun leur tour, un par un, sans aucune déformation ; ils sortaient de sa gueule sans subir aucun affront, parfaits. Alors, l'aisance de son élocution agissait sur ces cerveaux endoloris par tant d'années de servitude. Les mots s'élevaient, résonnant sans raison, au fond de chaque conscience, qui inconsciente, absorbée par la grâce, se laissait envahir, muette. Des  larmes d'émotions jaillissaient à chaque son.

 

Le bonheur ?

 

Imaginez un instant, l'état de ses chiens, lorsque la belle, émue par son propre discours, laissait recouvrir ses grands yeux turquoise par un léger voile humide. Sa voix devenait légèrement tremblante, ainsi que son corps. La foule sous tension attendait ces mots, son appel. Le silence faisait le reste, l'émotion atteignait des sommets, sans rien dire, sans rien faire ; dans ces moments,  Julie brisait autant de cœur  que de foyers...

 

Quelle artiste !

Tous pleuraient à grande eau :

Au premier plan, les caniches nains ou  miniatures, tout étourdis derrière leurs chevelures de roi, les petits Shih-Tzus et les Shar-Peis, à leur côté les Mastiffs,  Dogues du Tibet, ou Dogues allemand pleuraient ; accompagnés des larmes des sang mélés, Akita-chien de la Serra Estrala , Doberman-Komondor ou Bobtail-Bouvier de Flandres ; les Saint-bernard, Samoyèdes et le Siberian d'Alaska, lui qui en plus avait froid, pleuraient et que dire des Bouviers Australien, des Bergers de Brie, des Saints-Bernard , des Buhunds Norvégiens, eux tous en habits de saison,  pleuraient muets sous son charme. Leurs larmes  allaient lentement s'écouler sous le canal des mots biaisés, le poussant à sortir de son lit, où bien sagement, il dormait !

            Les chiens unis, oubliaient un temps leurs conflits de races et le miracle se trouvait vraiment là,  Julie devenait leur centre d'intérêt à tous !

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