Chapitre I : "Survivre"
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Chapitre I : "Survivre"
Plusieurs dizaines d'années plus tôt. Dans un Manoir encore bien plus vieux. Un vieillard tente d'approcher un pendentif religieux. Sa famille, quant à elle, tente étrangement de l'en dissuader. Il marche tant bien que mal en direction de cet objet, usant de sa canne et s'appuyant sur quelques meubles. Un grincement se fait entendre, mais ne semble pas provenir du vieil homme, bien trop usé par l'âge pour le détecter immédiatement. Il semble chercher quelque chose du regard.
- Il est ici, explique le vieillard. Je le sais, je le sens.
- Grand-père, calmez vous, bon sang ! Ordonne une adulte qui semblait être sa petite fille. Je vais appeler le docteur, peut-être qu'il pourra nous aider.
Le vieillard s'approche du pendentif qu'il voulait tant obtenir. Il a un objectif, revoir une dernière fois ce qui l'avait toujours intrigué. Il veut savoir d'où vient le bruit, la nuit, quand sa famille oubliait de le faire dormir. Un homme, présent lui aussi, se dit qu'il va sûrement se calmer, maintenant qu'il a eu ce qu'il voulait. Le vieillard a déjà vu ce qu'il cherche par le passé, mais avec le temps, il a oublié. Il veut se remémorer à quoi ressemble la chose qui fait ce bruit autours de lui. Une dernière fois.
- Je vais enfin te revoir, bredouille-t-il. Je vais enfin te revoir, et cette fois, rien ne m'en empêchera.
- Grand-père? S'inquiéte sa petite-fille.
Le vieillard parvient enfin à enfiler le pendentif... Il peut enfin la VOIR.
- Aaah... Aaah ! lance-t-il, paniqué...
- Grand-père !
Une crise cardiaque suit. Alors qu'il tombe au sol, trois éclairs consécutifs éclairent une silhouette à forme monstrueuse, l'espace d'une moitié de seconde, le temps d'un battement de cœur. Le vieillard a vu son rêve accompli avant le crépuscule de son existence, mais il ne se doutait pas que l'horreur serait la dernière chose gravée sur son visage. Le Pendentif, pourtant religieux, fut maudit et caché dans une boite, rangée dans le grenier du manoir. Le lendemain même, le corps fut enterré. Personne ne crut à une mort de cause naturelle.
Bien plus tard, de nos jours, en 1953. En France.
Survivre. Telle était la difficulté. Les guerres n'ont laissé que famines pour les pauvres et gloire pour les riches. Bien sûr, il y avait éventuellement un entre-deux. Ceux qui étaient à part, dont la richesse n'était que temporaire. Gagner juste assez pour se nourrir, une vie qui se joue sur le fil. C'est notre cas, à Noémie, Théodore et moi. Nous faisons différents travails afin de vivre. Ce sont deux compagnons d'infortune et jamais je ne remettrais en cause leur confiance. Depuis quelques jours, nous guettions de toute part si un travail, quel qu'il soit, pourrait rapporter de l'argent. Cela a payé. Un client est venu nous voir, affirmant qu'il nous paierait bien si nous apportions une caisse remplie d'armes à sa famille, en Angleterre. Une partie du paiement se fit à notre rencontre, et la deuxième arriverait après qu'il ait eu des nouvelles de sa famille, l'informant de la bonne arrivée du colis. Autrement dis, un deuxième paiement qui arriverait dans très longtemps vu la longueur des voyages. Aller en Angleterre demande de prendre le bateau, et donc d'en trouver un. Mais aujourd'hui, on dirait que la chance est de notre coté.
- J'en ai trouvé un ! lance Noémie. Que fait-on, Adam?
- Et bien, allons-y, répondais-je. Toujours aussi rapide, comment veux tu que l'on suive?
- D'ailleurs, que faisiez vous pendant que je cherchais un navire disposé à nous prendre ? demande-t-elle.
- Les bagages, répond Théodore. Le trajet pourrait être long, j'ai rajouté des affaires supplémentaires.
Je salue son anticipation. Il serait dommage de se présenter à notre prochain client amaigris et puants. Noémie nous informe que le départ est prévu dans cinq jours, ce qui nous laisse le temps de finaliser les préparatifs. Noémie a toujours eu une efficacité remarquable, malgré sa jeunesse. Elle est à peine adulte mais sait tirer et recharger des armes avec un talent indéniable. De plus, elle a un sens de l'observation assez aiguisé lorsqu'elle ne panique pas sous la pression. Seulement, voilà. Elle panique assez facilement. Avec nous à ses cotés, elle parvient à se reprendre rapidement, mais seule, je ne donne pas cher de ses nerfs. Au contraire, Théodore, lui est très peu intimidable. Il est robuste et agile, et efficace même avec les armes à feu. Il analyse assez bien son environnement et sait quand quelque chose ne va pas, mais je ne l'ai jamais vu arriver à la moindre conclusion. Il a toujours su que quelqu'un lui avait trouvé une nouvelle paire de bottes, mais jamais que c'était moi qui lui avait offertes pour son anniversaire.
Mais l'atout principal de notre trio, c'est notre esprit d'équipe. Aucun d'entre nous n'est prêt à abandonner les autres. Après tout, quand nous nous sommes tout les trois rencontrés, c'était une situation assez délicate. Noémie venait de voler un morceau de pain et se faisait poursuivre. Je l'ai aidé à trouver une cachette le temps que les poursuivants se lassent, mais Théodore avait compris notre détresse et c'était occupé de ceux qui s'approchaient trop. Noémie a ensuite partagé le pain, et nous nous sommes dis que nous aurions plus de chances de survivre ensemble. Théodore était en train de finir les bagages quand, soudainement, quelqu'un toque à la porte. Noémie reconnait la voix du capitaine à qui elle a demandé s'il pouvait nous prendre sur son navire. Je vais ouvrir et demande ce qu'il se passe.
- Le départ se fera aujourd'hui, finalement, nous dit-il. Désolé, mais un autre client paye plus cher pour accélérer le départ.
- Nous vous rejoignons tout de suite, répondais-je. Vous n'avez pas l'air très confiant ?
- Effectivement, confie le capitaine, le temps n'est pas idéal. J'ai l'impression que la brume se lève. Je prévois toujours plus de vivres que prévu, mais se perdre en mer serait bien malheureux.
- Est-ce vraiment si nécessaire de partir maintenant ? Demande Noémie.
- Le client paye, ma chère. Je ne peux pas négocier une telle somme.
Nous finissons nos bagages en vitesse et fonçons aussitôt au port... Je remarque le client qui a pressé tout le monde. Un bourgeois qui a l'air de ne se préoccuper que de lui-même. Théodore n'apprécie pas vraiment ce genre de personne. Tout de même, le navire est assez remarquable. Plus grand qu'un Bateau de pêche, ce qui inclue plus de confort que certains de nos précédents voyages en mer, mais il semble tout de même usé par le temps. D'autres personnes semblent agacées par ce client bourgeois, nous ne sommes donc pas les seuls. Chacun monte à son tour. Plus tard, alors que le bateau a déjà commencé à naviguer, je vais voir le client bourgeois. Il faut au moins que je sache ce qui était si urgent avant de le haïr pour avoir pressé tout le monde.
- Des choses urgentes à régler ?
- Oui, réplique-t-il, je dois rejoindre ma famille.
- Que fait votre famille en Angleterre ? demandais-je, me doutant de la réponse.
- La vie y est plus facile, là-bas, il parait. Et vous, que devez vous faire là-bas?
- Déposer un coli.
Soudain, un cri de surprise venant de ce qui semblait être le capitaine. S'ensuit aussitôt un choc assez brutal qui nous secoue tous ! Je monte immédiatement sur le pont, Noémie et Théodore me rejoignent. La Brume est très épaisse, impossible de savoir où nous sommes. Je repère tout de même le capitaine, s'appuyant comme il peut sur le gouvernail.
- Capitaine ! criais-je. Capitaine !
Aucune réponse, il se contente de se redresser et de manœuvrer.
- Capitaine, que se passe-t-il ?! insistais-je.
- Nous avons heurté un récif ! réplique-t-il. Et si je suis déconcentré, nous allons en heurter un autre !
Il a l'air surpris, comme si ces récifs n'étaient pas là lors de sa dernière traversée. Le brouillard qui nous cachait l'horizon aurait-il déjà réussi à nous égarer ? Une personne monte sur le pont en urgence, s'inquiétant de l'eau qui s'infiltrait par la coque. Il faut réparer cela au plus vite ou nous allons couler. Le capitaine nous indique où trouver des planches afin de colmater la brèche, notre trio fonce au plus vite pour s'en occuper ! Les autres passagers sont chargés de vider l'eau, mais malheureusement cela se complique. L'eau nous monte presque jusqu'au bassin, se déplacer devient difficile. Par chance, nous finissons par colmater la brèche... Mais un autre choc nous renverse, le navire a percuté un autre récif, comme si l'univers était mécontent que nous ayons réparé les dégâts. L'eau se met à rentrer de l'autre coté, Théodore fonce chercher d'autres planches pendant que Noémie et moi essayons tant bien que mal de limiter le flux d'eau.
- Il y a trop d'eau, on ne va pas s'en sortir ! panique Noémie.
- Regarde moi, lançais-je. On va s'en sortir !
Théodore arrive en nous lançant les planches pour gagner du temps et éviter d'être ralentit par la quantité d'eau. Les autres passagers redoublent d'efforts pour écoper, mais il faudrait aller encore plus vite.
- On m'a informé que le Capitaine se comporte de façon étrange, indique Théodore, tentant de nous rejoindre alors que l'eau monte désormais jusqu'à notre ventre.
- Nous irons voir cela après, expliquais-je. D'abord, il faut colmater ce maudit trou.
En maintenant les planches de toutes mes forces, je permet à Noémie de les clouer. On dirait que l'eau ne s'infiltre plus. Des récifs, c'est tout de même étrange. Je monte voir le Capitaine pendant que Noémie et Théodore rejoignent les autres membres de l'équipage afin d'écoper au plus vite cette eau qui ne demande qu'à nous couler. Sur le pont, je recroise le bourgeois. Il semble plus paniqué que jamais. Je lui ordonne d'aller aider à écoper avant d'aller voir le Capitaine, qui semble très inquiet. Avec une brume pareille, je le comprend. Malheureusement, il se met aussi à pleuvoir, et pas une simple pluie. On dirait une averse, qui dans son malheur nous aide tout de même à voir d'autres récifs en dispersant légèrement la brume.
- Capitaine, hurlais-je. Il faut faire demi-tour, c'est bien trop risqué de continuer le voyage.
- Silence, s'affole-t-il. Il y a quelque chose dans les parages !
- Quoi donc ?
- Je ne le sais pas, bon sang ! Mais cela veut notre mort !
- Capitaine, êtes vous sûr d'aller bien ? demandais-je, au bénéfice du doute.
Il jète un regard paniqué à un endroit, puis à un autre.
- Cela se rapproche ! explique-t-il.
- Quoi donc ? demandais-je.
- Je ne sais pas, mais le bois se met à grincer à plusieurs endroits ! Ces récifs n'étaient pas là avant, affirme le Capitaine.
Je me met à regarder autour de moi. Que soupçonne-t-il ? Aurions nous un passager clandestin voulant notre mort ? Mais qui pourrait se cacher aussi facilement sur le pont d'un navire? Surtout aux yeux d'un capitaine semblant avoir de l'expérience. Je commence à le rejoindre, mais il hurle soudainement. Il est pris d'une peur atroce, rien que de le voir tétanisé m'effraie, surtout que je ne vois absolument rien. Il se tient soudainement le cœur, à bout de force.
- Capitaine ! Capitaine, criais-je.
Alors qu'il tombe au sol, trois éclairs consécutifs claquent. C'est alors que, l'espace d'un battement de cœur, lors de cette brève projection de lumière, pendant que je cherchais à atteindre le Capitaine, j'aperçois une ombre se dresser sur lui avant de disparaitre. Je jète un coup d'œil affolé, mais rien. Sûrement un élément du bateau. Ce qui me préoccupe, c'est la santé du Capitaine. Trop tard. Son cœur ne bat plus. Il est mort. Théodore vient justement voir comment évolue la situation.
- Le Capitaine est mort ! annonçais-je, dans l'incompréhension la plus totale.
- Mort ?! s'étonne Théodore. Comment cela est-il arrivé ?
- Je n'en ai aucune idée, son cœur a soudainement cessé de battre !
- Qu'allons nous faire ?
- Comment avance le travail, en bas ? demandais-je.
- Nous avons retiré une bonne partie de l'eau, maintenant elle est un peu plus basse que nos genoux.
- Préparez vous, ordonnais-je. Je ne sais pas si je pourrais éviter les autres récifs !
Théodore se dirige vers les autres pour les prévenir des éventuels problèmes à venir. De mon coté, je prend la barre. Nom de dieu, je n'ai ni l'expérience ni les sens affutés d'un Capitaine. Je suis obligé de me déplacer pour voir si nous allons vers un récif ou non. Hélas, c'est actuellement le cas. Je vire à bâbord toute ! Nous manquons de peu d'avoir un nouveau trou dans la coque. Je vire à tribord pour équilibrer. La pluie a cessé et la brume est revenue, je vois de moins en moins. Je m'aperçois de peu que nous fonçons droit vers un récif, je change le cap au dernier moment, mais nous subissons tout de même des dégâts ! Noémie monte me voir aussitôt.
- Aucun trou dans la coque, mais je viens pour savoir ce qu'il se passe ! explique-t-elle.
- Je n'en sais rien ! répondis-je.
- Je n'ai jamais vu autant de récifs aussi loin des cotes. Il doit forcément y avoir un endroit où s'amarrer le temps que la brume passe et que l'on répare le Navire !
- Tu as peut-être raison.
J'aperçois d'autres récifs, mais par miracle ils ne sont pas sur le chemin. En observant du mieux que je pouvais, j'ai pu apercevoir une espèce de forme, une ombre qui, par le plus grand des hasards, pourrait être une île. Je manœuvre pour m'y diriger, mais un choc inattendu me renverse. Un récif ? Bon sang, mais combien y en a-t-il? Celui-ci était bien trop petit pour que je le remarque ! J'entend Noémie et Théodore donner des instructions, en bas. Nous approchons de ce qui semble être une île, mon intuition était bonne ! La brume me masque un récif de bonne taille, et ça ne loupe pas. Le Navire se brise dessus, tout le monde est secoué. Toute la plateforme bouge, je perd tout contrôle.
Le lendemain matin...
J'entend un drôle de bruit. Comme des vagues faisant des va-et-vient. C'est avec difficulté que je parviens à ouvrir les yeux. Je suis sur une plage. Nous nous sommes donc échoués. Le bateau est éventré et je vois plusieurs corps flotter. Tout le monde n'a pas eu ma chance. Mince, Noémie, Théodore ! Je nage jusqu'au bateau, encore penché, affalé sur un immense rocher. Un trou dans la coque me permet d'entrer directement. Bon sang, tout est à la renverse. Je repère certains survivants, encore sonnés mais vivants. J'entend du bruit. Noémie retire une planche qui était sur Théodore. Il est sonné, mais il ne semble pas avoir de blessure grave. Noémie est heureuse que je sois vivant, et c'est réciproque.
- Nous avons eu beaucoup de chance de trouver cette île, lançais-je. Avoir pareil désastre en pleine mer nous aurait été fatal à coup sûr.
- Oui, confirme-t-elle. Nous sommes vivants, après tout, c'est ce qui compte. D'autres n'ont pas eu cette chance. Le sort s'est vraiment acharné sur nous, cette fois.
- Je vais voir s'il y a des gens sur cette île, peut-être que nous pourrions demander de l'aide.
- Attends ! Prend une arme, on ne sait jamais. Le coli que nous devions transporter contient tout ce qu'il faut.
- Tu as raison, on ne sait jamais, il pourrait y avoir des animaux sauvages.
Je fouille aussitôt dans le coffre rempli d'armes que nous devions transporter. Je récupère un tromblon, l'arme idéale. Un rechargement simple et rapide, et les projectiles peuvent être de toute sorte, comme de simples cailloux. Je pourrais donc économiser les balles. Je retourne au rivage en utilisant une des barques ayant été épargnées, afin d'éviter de tremper le fusil. En posant le pied sur cette île, je me demande bien ce sur quoi je vais pouvoir tomber. Par chance, en commençant mon exploration, j'aperçois rapidement un Manoir, au loin, au bord d'une falaise. Il y a donc de la vie sur cette île. Je m'y dirige.