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Chapitre V : "Quand le Diable joue des tours"

Chapitre V : "Quand le Diable joue des tours"

Publié le 28 juil. 2022 Mis à jour le 28 juil. 2022 Curiosités
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Chapitre V : "Quand le Diable joue des tours"

Iris, habitée par le Diable ? Quelle folie est-ce là ? 

- Habitée par le Diable ? demandais-je. Expliquez vous, tout de même. 

- C'est depuis sa naissance, explique Edith, elle a toujours été... Liée. Liée à cette chose qui a emporté plusieurs membres de notre famille. Ils sont tous morts d'une crise cardiaque à la fin de leur vie. 

- Mourir de vieillesse est assez courant, et de crise cardiaque aussi, passé un certain âge, lance Théodore. Je ne pense pas qu'il s'agisse là de l'intervention du Diable. 

- Vous ne pouvez pas comprendre, rétorque Arthur, vous n'êtes que des étrangers. Vous ne savez pas tout ce qu'il se passe, dans ce manoir. 

- Expliquez nous, dans ce cas, assénais-je. 

Ils hésitent un instant... Edward semble jeter un œil aux alentours. Les portes sont restées ouvertes. 

- Nous ne pouvons prendre ce risque, réplique Edward. Il est peut-être parmi nous. 

- Parmi nous ? demande Théodore, en observant à son tour les lieux, sans rien voir. 

- Donc, récapitulai-je, vous nous dites que votre fille est habitée par le Diable et qu'elle doit voir le Pape afin d'en être débarrassée? 

- Je ne sais pas, explique Arthur, s'il fallait la sacrifier pour éliminer ce mal, alors qu'il en soit ainsi, Dieu aurait peut-être pitié de son âme, ainsi. 

- Vous seriez prêts à tuer votre fille ? demande Théodore, surpris. 

- Depuis sa naissance, elle est maudite, il est impossible qu'elle reprenne une vie normale, désormais, asséne Edith. Cela serait même un acte de bonté. 

- J'en ai assez entendu, répondais-je en me levant. Elle est encore là-haut, je suppose ? Je vais la voir. Je veux connaitre son ressenti. 

- Vous ne pouvez pas le voir, mais il est probablement parmi nous, ne l'énervez pas ! lance Edward, comme une mise en garde. 

- Et comment pourrions nous "le" voir ? demandais-je ironiquement. 

- Il y a peut-être ce collier, commence Marilyn avant de se raviser. Non, il est perdu, de toute façon. 

- Un collier ? demande Théodore. 

- Oui, répond Edith, un collier de protection que portait l'un des prêtres qui étaient déjà venus voir notre famille il y a fort longtemps. 

- Je vous crois, répondais-je sans prêter grande attention à leurs affabulations. 

Je me dirige vers les escaliers, Théodore me rejoint. Une jeune femme possédée par le Diable ? Diable qui serait parmi nous, invisible ? Et un collier permettrait de le voir ? Assez de leur folie, j'en ai soupé. Nous arrivions au deuxième étage, passant devant ce qui semble être le grand-père de cette famille, quand soudain... Un peu de poussière me tombe dessus. 

- Bon sang, pestais-je, ce manoir est bien trop vieux, il faut le rénover. 

- A quoi bon ? réplique Théodore. Il sied très bien à ses occupants. 

Nous continuons de monter. Une fois au dernier étage, nous allons voir la chambre d'Iris. Bon sang, cet endroit est toujours aussi sinistre. Théodore ouvre lentement la porte, qui grince pour annoncer notre présence. Iris est toujours devant sa fenêtre, avec des habits usés et des bandages en guise de chaussures et de gants. L'air est plus frais, ici. Cela m'angoisse, je ne sais pas ce qu'elle s'apprête à nous dire. Comment pouvait-elle savoir pour la mort du vieillard ? Elle serait capable de me convaincre de cette histoire de possession. Certes, elle est maigre, mais quelqu'un de possédé serait-il autant libre de ses mouvements ? Bigre, je commence déjà à croire en leur histoire, je dois me ressaisir. 

- Bonjour ? tatillonnais-je. 

- Bonjour, Adam, réplique-t-elle. 

Théodore se tourne vers moi en même temps que je me tourne vers lui. Une minute, quand lui ai-je donné mon nom ? Nrgh, tant pis, ne reculons pas. 

- Iris, c'est bien ça, ton nom ? Comment étais-tu au courant, pour le décès de Dominique ? Demandais-je afin d'assouvir une curiosité bien étrange. 

- Il l'a vu, et à travers lui, je l'ai vu. C'était horrible, Dominique n'avait pas la moindre chance. 

- Tu l'as vu à travers quelqu'un ? Mais c'est impossible. 

- Pas quelqu'un

Je soupire de frustration. Rien ne va dans cette famille, en fait. Ils sont tous barges. La seule chose qui la différencie des autres barges, c'est simplement le fait qu'elle ait eu raison dans sa folie. 

- Ils disent que vous êtes maudite. Pourquoi ? 

- Je suis liée à lui, c'est pour ça. Depuis des générations, il a hanté notre famille, mais je suis la première à être en lien direct avec lui. Je ressens parfois où il est, ce qu'il fait... Nous ne pouvons être complets si l'autre n'est pas en vie, c'est pour cela qu'il ne me fera jamais rien. 

- Donc vous êtes liée à quelque chose ? Quoi ?  

- Un Démon. 

- Un Démon, répétais-je encore plus dans le doute. 

- Un Démon. 

- Vous vous rendez compte qu'à nos yeux, vous passez pour une folle ? demande Théodore. 

- Vous vous rendez compte qu'à ces yeux, vous n'êtes que des gêneurs ? surenchérit Iris. 

- Cette chose doit bien avoir un nom, lançais-je. 

- Je ne peux vous le donner, sinon les conséquences seraient désastreuses. Il paniquerait et sa soif de sang le rendrait fou. 

- Bon, ça suffit, quittons ce manoir, lançais-je à Théodore. 

- Vous reviendrez, réplique Iris tout en réorientant son regard vers la fenêtre. 

- Pourquoi une telle certitude ? demande Théodore. 

- Plus que deux jours, se contente Iris. 

Nous finissons par quitter ce maudit manoir. Bon sang, chacune de ses paroles est une énigme, c'est infernal. Il n'empêche qu'elle avait raison pour Dominique, je ne comprend absolument pas comment. Impossible de trouver la façon dont elle a su. Nous retournons au près de Noémie et décidons d'observer les différents membres de l'équipage. Après un certain moment, je commence à trouver louche le Bourgeois. Il parait encore facilement paniqué. Lui qui était si pressé, cela ne doit pas l'arranger. Ou bien est-il juste hanté par le fait qu'il ait tué le Capitaine et trois autres personnes ? Mieux vaut le tenir à l'œil. Je doute que le petit Forest ait quelque chose à voir avec tout cela, après tout ce n'est qu'un enfant. Cette fameuse Rosemary, en revanche, est bien trop sereine dans une telle situation. Nom de Dieu, cette affaire va trainer... Nous continuons notre enquête malgré tout. 

Deux jours plus tard. Dans le manoir de la famille Esterion, au dernier étage. 

Mathew vient voir sa cousine, Iris... Une visite bien étrange, étant donné qu'il la déteste et qu'il ne vient jamais la voir, d'habitude. Un étrange objet semble dissimulé dans l'une de ses poches. Il s'approche d'Iris, postée devant sa fenêtre. 

- Tu ne devrais pas faire cela, explique Iris, comme si elle savait ce qu'il comptait faire. 

- Silence ! ordonne Mathew. Ne te rends-tu pas compte du déshonneur que tu représentes pour cette famille ? Tu n'aurais jamais du naitre. 

- Mais c'est fait, répond sereinement Iris. On ne peut refaire le passé.  

- Montre le moi. Le pentagramme. 

Iris accède à sa requête et défait le bandage de sa main droite. Une pentagramme inversé y est visible, comme une cicatrice qui a toujours été là et qui le sera toujours. Mathew semble s'énerver de plus en plus, il se rapproche d'Iris et attrape violemment son poignet. 

- Regardes ! ordonne-t-il. Ton existence est vouée à Satan ! 

Il lui assène un coup au visage, Iris saigne légèrement du nez. Un grincement des plus timides se fait entendre dans le couloir. La pluie commence à tomber. 

- Tu ne devrais pas faire cela, Mathew, explique Iris. Il ne va pas apprécier. 

- Parce qu'il te protège, n'est-ce pas ? s'indigne Mathew tout en la frappant de plus belle. Tu es une honte, Iris ! 

- Mathew, je t'en supplie, continue sereinement Iris, il faut que tu sortes d'ici au plus vite. 

Un autre grincement se fait entendre, plus proche que le précédent. Mathew ne l'entend pas, il se contente de frapper Iris une fois de plus, personne ne les entend, d'ici. La pluie se met à taper contre la vitre, elle gagne en intensité. Une averse, sans doute. 

- Mais tu sais, jeune insolente, reprend Mathew, j'ai trouvé le moyen d'en finir avec toute cette histoire ! 

- Mathew, si tu continues, il sera trop tard, explique Iris. 

- Parce que tu crois que je vais te laisser tranquille comme ça ? demande Mathew tout en sortant un couteau de sa poche. Je vais en finir définitivement avec toi, et nous serons libérés à tout jamais de ton fléau. 

Un grincement se fait entendre dans la chambre, suivi d'un coup de tonnerre provenant de dehors. Mathew se retourne afin de voir d'où il provient. C'est la porte qui se met à grincer, elle s'est entrouverte. La panique le gagne lentement, mais sûrement. C'est sûrement le vent, se dit-il. Il n'y a que nous deux dans cette pièce, se persuade-t-il. C'est avec cette idée en tête qu'il se retourne vers Iris, couteau en main, guidé par sa haine. Une haine qui le mènera à sa perte. 

- Si tu crois que tes petits tours me font peur, sorcière ! lance Mathew. Tu ne m'auras pas avec de telles ruses ! 

- Non, Mathew, je t'en conjure, ne fais pas ça. 

- Ce que je fais, je le fais pour le bien de tous ! termine Mathew, lançant un coup de couteau en direction d'Iris. 

Contre toute attente, son bras n'a pas suivi son mouvement. Il s'est arrêté à mi-chemin. Mathew ne comprend pas, il tente pourtant de le bouger, mais impossible. Rien ne semble le bloquer, pourtant. Soudain, la douleur monte, son bras semble être compressé. La douleur est telle qu'il en lâche son couteau. Tout d'un coup, son bras se tord violement, son os ressort ! Mathew hurle, mais comme il l'espérait précédemment, personne n'entend. Il continue de hurler, la douleur est atroce, inimaginable. Mais cela ne va pas s'arrêter là. Son autre bras semble, lui aussi, se faire compresser. Il se fait brutalement arracher, puis jeter à travers la fenêtre, brisant cette dernière. Mathew hurle de plus belle et, cette fois-ci, sa famille l'entend. Edward, son père, commence à monter le plus vite possible, mais il était au premier étage. Il n'arrivera jamais à temps. 

Iris ne peut que contempler les supplications de son cousin, qui semblait soudain la chérir plus que tout. Mais il est déjà bien trop tard. Le Diable la protégeait, et jamais il n'allait laisser Mathew en vie après ce qu'il lui avait fait. Mathew se met tout à coup à avoir du mal à respirer. Son cou se reserre, comme s'il était étranglé. Soudain, le corps de Mathew se met à flotter dans les airs, ou plutôt seule sa tête y était autorisée, le reste étant rappelé à l'ordre par la gravité. Son père n'en est qu'au deuxième étage. La pluie se fait toujours plus forte, et avec la fenêtre cassée, on ne pouvait entendre que ça. Mathew sait très bien ce qu'il va se passer. Il va mourir. Il se fait brutalement jeter devant Iris, spectatrice de ce carnage. Il tente de s'excuser. Au bout de quelques secondes, son père, Edward, finit par arriver. Son fils, Mathew, est déjà relevé au bord de la fenêtre. Il semble être jeté dans le vide.  

- Nooooon ! hurle Edward, empli de désespoir, se dirigeant vers la fenêtre. 

Le corps de Mathew finit par atteindre le sol. La haine d'Edward, comme l'était celle de son fils, se dirige vers Iris. Son poing se serre. 

- Toi ! hurle-t-il encore. Tout est de ta faute ! 

Un hurlement strident repousse Edward, quelque chose semble le pousser contre le mur ! Il se protège, effrayé. 

- Que voulez vous de plus ?! demande-t-il, comme s'il s'adressait à Dieu. Qu'avons-nous donc fait pour mériter cela ?! Qu'attendez vous de nous, enfin ?! 

Iris récupère au plus vite le bandage qui couvrait sa main droite et le remet, en serrant le plus possible, comme pour étouffer le mal. Au même moment, trois éclairs claquent dans le décors, montrant l'espace d'un battement de cœur l'ombre d'une silhouette sur le mur, grandissant sur Edward, avant de disparaitre aussitôt dans un hurlement terrifiant. La Malédiction est encore présente, plus forte que jamais. Jamais le Démon ne l'abandonnerait, et jamais elle ne pourrait s'en débarrasser. Tel est son fardeau. 

Bien plus tard, dans la journée... 

Comme les jours précédents, aucun nouvel indice, pourtant nous avons fait de notre mieux. Forest, l'enfant qui avait embarqué clandestinement, vient voir Noémie. 

- Madame, madame ! appelle Forest. Il faut que vous alliez au manoir ! 

- Au manoir ? demande Noémie. 

- Oui, répond-t-il, je viens de voir un monsieur demander au médecin d'y aller, ça avait l'air grave, je me suis dis que ça pourrait vous intéresser ! 

- Le manoir ? suspecte Théodore. Allez-y, je surveille nos affaires. 

Noémie et moi prenons nos affaires et suivons le médecin. Nous avons demandé à Forest de rester avec Théodore afin de ne pas nous décrédibiliser. Une fois arrivés là-bas, je comprend pourquoi la famille elle même s'est déplacée. Un corps écrasé par terre. C'est Arthur, le père d'Iris, qui est allé chercher le médecin. Edward, le père de Mathew, est en train de pleurer avec sa femme un peu plus loin. Ne me dites pas que le corps appartient à leur fils? 

- Bon sang, lance le médecin, je suis navré. Toutes mes condoléances. 

- Que c'est-il passé ? demande Noémie. 

- Et bien, on pense qu'il...

- C'est elle ! accuse Edward tout en coupant Arthur. C'est de sa faute ! Il voulait simplement lui parler, et elle l'a tué ! C'est de sa faute !  

- Elle avait caché un couteau dans sa chambre, confie Arthur. Peut-être qu'elle n'aimait pas son cousin, et que sa folie l'a poussée à en finir avec lui. Une telle chute, il n'avait aucune chance. 

- Vous dites que c'est elle qui l'a tué ? demandais-je, surpris. 

- Elle ne l'a pas tué tout de suite, explique  le médecin. Elle lui a d'abords coupé un bras. Avec un couteau, cela a dû être douloureux. 

- Nous avions entendu des cris, lance Arthur, mais quand Edward rdt arrivé là-haut, il a aperçu Iris pousser Mathew par la fenêtre. 

- Elle l'a poussé ? demandais-je. Mais pourquoi aurait elle fait tout ça ? 

- Parce qu'elle est folle ! dénonce Edward, menaçant.

Edward commence à se rapprocher d'Iris, qui ne semble pas vouloir réagir. 

- Attendez ! ordonnais-je. 

- Quoi donc ? s'impatiente Edward. 

- Je comprend votre colère, mais si elle est coupable de meurtre, il faut la juger. Je ne peux vous laisser accomplir une vengeance, vous ne feriez pas mieux qu'elle. 

- Que peux-tu donc comprendre à ma colère ? Je viens de voir mon fils mourir ! 

- Je sais, mais la vengeance n'est pas une solution. Pouvons nous enquêter dans sa chambre ? 

- Faites ce que vous voulez, je ne veux plus m'occuper de tout cela. 

- Bon. Noémie ? Peux-tu aller voir dans la chambre qui est au dernier étage ? Avec une fenêtre cassée, je pense que tu devrais facilement la trouver. 

- Au dernier étage ? peste Noémie. Bon sang, c'est haut. 

Noémie part enquêter pendant que je reste pour examiner le cadavre... Bon sang, sacrée chute. On peut sans peine dire que c'est la cause du décès. Mais qu'en est-il de son bras ? En l'observant bien, je trouve que ce n'est pas très propre comme blessure. On dirait qu'elle a plus arraché que coupé. Je remarque aussi d'étranges traces sur son cou. 

- Docteur ? lançais-je, comme un appel. 

- Oui ? 

- Qu'en pensez vous ? 

- Et bien je dirais que cela ressemble à des traces de strangulation. Elle a dû essayer de l'étrangler. 

Je jette un œil à Iris. Elle, qui a presque la peau sur les os, qui ne mange que très peu voir pas du tout ? Elle, faire ça à Mathew, qui avait l'air d'une bonne constitution physique ? Impossible qu'elle l'ait eu à la loyale, elle a forcément rusé. Mais à bien la regarder, elle ne semble pas avoir de sang sur elle, et pas de blessures aux mains. Un cinquième meurtre qui nous tombe dessus, décidément cette île est maudite. Il ne peut pas y avoir un lien entre toutes les victimes, si ? Il faut continuer de mener l'enquête... 

 

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