Le lundi 25 décembre 1600, à la Cour des épées, les habitants se réunissent dans la buanderie, préoccupés par le décret royal qui menace d’expulser tout le monde d’ici deux mois. Henri Picolet, le propriétaire, apporte la lettre qui scelle leur destin. Flavia, Mathilda et les autres membres de la troupe écoutent attentivement.

« J’ai jusqu’au Dimanche gras de Carnaval pour verser la somme. Je n’ai pas de quoi la réunir, mais je n’attends pas non plus de vous que vous financiez cette dette pour que je conserve mon titre de propriété. Si d’aventure mes locataires voulaient m’aider à remporter cette bataille, je convertirais bien entendu les sommes engagées en mois de loyer d’avance, » explique Picolet d’un ton résigné.

Benjamin le Valois, le matamore de la Comedia dell’Mazorcco et gentilhomme du rez-de-chaussée, chuchote quelque chose à l’oreille de Jeanne, puis prend la parole avec un regard dédaigneux vers Mathilda. « Autant considérer que la messe est dite ! « 

 » Je n’ai pas d’autre solution à proposer.
Ma porte vous est néanmoins ouverte s’il était possible de réunir la somme avant échéance. » répond le bailleur.

Les membres de la troupe se rapprochent les uns des autres, murmurant leur déception et leur tristesse face à cette situation désolante. Alors que Flavia s’approche d’eux, un jeune homme peu sûr de lui se plante devant elle, les jambes rigides et tremblantes, un peu fébrile.

« Bonjour. Je suis Jérôme Bonchamps, un voisin.
Je vous ramène vos chaussons de cuir. Vous vous en servez lors de vos entraînements de funambule ? Je les ai trouvés sur le palier de l’étage, là où vous avez l’habitude d’attacher votre corde, » dit-il timidement. « Vous les aurez probablement oubliés. »

Flavia le regarde avec gratitude, touchée par ce geste bienveillant. « Oh, merci beaucoup, Jérôme. Vous êtes très aimable de me les rapporter. Oui, ces chaussons sont importants pour mes entraînements. J’ai dû les égarer en me hâtant ce matin. »

Jérôme sourit timidement, se sentant plus à l’aise.
« Je suis heureux de vous les avoir retrouvés alors. Si vous avez besoin d’aide pour quoi que ce soit, n’hésitez pas à me solliciter. Je suis votre voisin après tout. »

« Nous vous remercions de votre générosité, Monsieur Bonchamps, » intervient Mathilda, appréciant le geste du jeune homme. « En ces temps difficiles, la solidarité entre voisins est plus précieuse que jamais. »

Flavia emmène alors Jérôme par la manche dans un coin où sont déposées les affaires des saltimbanques et range ses chaussons de corde dans un sac avec le reste de son matériel tout en écoutant l’étrange conversation qu’essaie de lui faire celui-ci. Sans doute essaie-t-il de meubler la conversation…

Il dit qu’il ne sort pas beaucoup de sa chambre. Cela se voit, il est pâle comme un linge. Et plutôt maigre. Pense-t-il à s’alimenter ? Il évoque ses études, le latin, le grec, l’hébreu, mais voyant que Flavia se contente d’hocher poliment la tête un peu gênée, il change de sujet.

Flavia sait à peine lire et écrire le français et l’allemand, alors le latin…

Il indique trouver tout le monde sympathique ici, bien qu’il n’ait que peu eu l’occasion d’échanger avec chacun.
Il la questionne sur son activité de saltimbanque.
Elle s’en tient à citer le nom de la troupe en désignant Mathilda, qui saura beaucoup mieux lui en dire sur le métier. Après tout, elle pense que venant d’arriver en ville, elle ne sait pas grand-chose et, qui plus est, qu’elle est novice dans ce métier.

Jérome : Je m’intéresse à l’astronomie. J’adore observer les étoiles. C’est inspirant. Je leur donne des noms et j’écris des poèmes. (Silence) Mais je fais aussi des observations pour mes maîtres d’université. J’ai la chance qu’un ami m’ait prêté une lunette astronomique. Vous savez ce que c’est ? C’est extrêmement rare et précieux. Un peu comme des besicles, mais beaucoup plus puissant. Cela permet d’agrandir la vision et de voir de près ce que l’on ne voit pas de loin. Je vous montrerais si vous voulez ? Ce soir j’ai demandé au cuisinier de me réserver une part.
Je fais souvent appel à lui, c’est pratique ainsi je peux souper dans ma chambre sans interrompre bien longtemps mes études. Si vous voulez je lui prendrai deux parts et nous pourrons souper ensemble ? Si le ciel reste dégagé,
je vous montrerais les étoiles comme vous ne les avez jamais vues.

Flavia accepte la proposition avec enthousiasme et rejoint ses collègues saltimbanques. Elle sentait une certaine curiosité envers cet écolier de la Sorbonne au comportement atypique. Peut-être que cette soirée sous les étoiles leur permettrait de tisser un lien inattendu et d’apprendre davantage l’un sur l’autre.

***

La nuit, dans cette petite chambre sous les combles, Flavia s’assoit avec curiosité sur la chaise, observant avec admiration J