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CHAPITRE XIII

CHAPITRE XIII

Publié le 2 nov. 2024 Mis à jour le 2 nov. 2024 Humour
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CHAPITRE XIII

CHAPITRE XIII : Où l’information fait le pouvoir et inversement.

Le lendemain matin, le maire se rend tôt à la mairie.

En entrant par la porte de service, il se heurte à un gardien en uniforme d’une société de surveillance privée.

Après des salutations civiles, et après s’être présenté, chose à laquelle il n’est plus habitué, il peut rejoindre son bureau.

Il maitrise, grâce à son activité de chef d’entreprise[1], quelques rudiments d’informatique.

Après l’ouverture de son poste, il cherche l’accès au service du personnel.

Le code qui lui est demandé, le place en situation d’irritation, alors qu’il est parfaitement conscient de l’exigence de sécurité. Avoir perdu 2 heures de sommeil, dans l’état où il est !

Plus pour s’occuper qu’autre chose, il tente quelques mots de passe, dont « TOTO », « mairie », son nom, etc.

Il finit par écrire son propre code et voit, avec un plaisir surpris, l’ouverture de la session souhaitée.

Il ouvre le cahier du personnel, il ne veut pas chercher directement le nom du gardien, et après l’ouverture de plusieurs dossiers, il note les coordonnées de BERGER, dont le téléphone.

Il faudra qu’il se renseigne sur un éventuel enregistrement de son passage sur le site.

Il tentera de joindre le gardien, ou plutôt passera chez lui, en se disant que l’adjoint chargé de la sécurité de la mairie, a déjà dû tenter de téléphoner, sans succès.

En fin de journée, en cheminant vers son studio, ou plutôt en frappant le trottoir à chaque pas pour évacuer sa colère, il tente de mettre en place une stratégie d’élimination du danger électoral que représente le 3ème adjoint.

Mais, il lui est impossible de réfléchir sainement. Il lui faut absolument se calmer.

Sans doute une mauvaise idée, mais il choisit, pour cela, de se diriger vers la rue Monclar pour tenter de rencontrer monsieur DUPONT et d’avoir une discussion franche et sans aucun doute instructive.

De plus, une voix est une voix qui compte de plus en plus face à l’apparition des nouveaux écueils de l’eau trouble d’alliés menaçants.

Se remémorant les discours virulents que lui a rapporté la rumeur publique, il regrette tout d’un coup de ne pas avoir avec lui le gardien de nuit.

Pris de doutes quant à l’utilité de cette démarche, il cesse de marcher et hésite.

Il décide, du coup, de tenter, comme il se devait de le faire après le rendez-vous manqué, de joindre monsieur BERGER pour connaitre les raisons de son absence.

Madame BERGER lui répond presque immédiatement.

« Bonsoir. » dit-il en se présentant : « J’ai souvent l’occasion de croiser votre époux lorsque j’arrive à la Mairie, le matin. Et aujourd’hui, j’ai constaté son absence et son remplacement. Est-il malade ? »

« Il n’a pu prendre son poste et sera absent pendant quelques jours. »

« Pourrais-je lui parler pour l’assurer de mes vœux de guérison ? »

« Je suis désolée, monsieur le Maire, mais il dort et ne peut pas répondre. Mais je lui transmettrai. Bonne soirée, monsieur le Maire. »

Fortement surpris, autant par la vitesse de décrochage du téléphone que par la brutalité de la fin de conversation, il en oublie ses craintes et reprend sa marche vers la rue Monclar.

Il se promet de joindre le commandant divisionnaire de police de ses amis, pour en discuter ou au moins lui en toucher un mot.

Il arrive devant le 15 et cherche le nom Dupont sur la liste des habitants.

L’un des électeurs le reconnait et lui indique l’emplacement en soulignant l’importance prise par cet électeur qui défend, avec courage, les intérêts des citoyens.

D’ailleurs lui montre-t-il que juste sous le nom est inscrit celui de l’association, le Comité Organisateur de Lutte d’Éradication des Renvois Electoralistes[2].

« Oui ? Qui est-ce ? »

« C’est le Maire. Je souhaiterais que nous puissions discuter. Avez-vous quelques minutes ? »

Le déclic de la porte apporte la réponse favorable qu’il espérait avec une légère appréhension.

Monsieur Dupont l’attend sur le pas de sa porte, face à l’ascenseur, et silencieux, lui fait signe d’entrer, en s’écartant.

Le Maire sursaute et se retourne lorsque la porte claque brutalement. Son hôte porte un sourire légèrement ironique, ou plutôt moqueur.

Il lui fait le geste de pénétrer dans le salon de l’appartement.

L’appartement est celui d’un célibataire soigneux, mais dont il est évident que les bons revenus sont plus de l’ordre du souvenir que de l’actualité.

« Puis-je savoir de quoi vous voulez me parler ? Je vous offre un verre ? »

Après avoir ainsi réconforté le Maire quant à la courtoisie de bon aloi de cette rencontre, il se dirige vers un petit meuble bar dans l’angle.

Quelques armes blanches, dont une baïonnette d’époque napoléonienne et un poignard kriss malais, posées sur leurs supports, sur le mur au-dessus, font cependant contrepoids à cette orientation amicale affichée.

Il ne peut s’empêcher d’interroger son hôte sur une arme aux nombreuses gravures dont la forme triangulaire de sa lame de 30 cm lui est inconnue.

Le manche qui semble en ivoire, est particulièrement travaillé et comporte une pierre rouge sang de belle taille, à son extrémité.

Monsieur Dupont, l’enlève de son support et la tend au maire qui ne peut qu’admirer la finesse du travail de l’artisan.

Le propriétaire lui explique qu’il a fait l’acquisition de cette arme au sud de l’Italie lors d’un voyage professionnel, il y a de nombreuses années et qu’il s’agit d’un objet de valeur historique. Une cinquedea forgée à la fin du XV ème siècle.

La lame finement gravée incrustée d’un film d’or, lui confirme son propriétaire, et le manche en ivoire avec son rubis de presque 20 carats en font une arme de prix méritant une protection bien supérieure à celle de l’appartement.

« Je ne l’ai pas pour la cacher. C’est une pièce qui mérite d’être visible. Toutes ces armes sont de grande valeur et je profite de leur beauté tous les jours. »

« Je peux vous assurer que personne ne prendrait le risque d’en voler une… »

« Elle aurait appartenu à Antonio Ridolfi, un allié des Medicis, dans les années 1470. »

Il poursuit en demandant au maire la raison de sa visite.

Une fois confortablement installé dans le chesterfield, dont la patine assure l’ancienneté, et un excellent whisky de 18 ans en main, le maire se lance et entame la conversation.

La discussion se poursuivra pendant une bonne partie de la soirée à tel point que personne ne pourra ultérieurement indiquer à quelle heure est reparti le maire.

La discussion intense et particulièrement longue avec le maire, l’a amené à raconter partiellement l’histoire locale de sa famille

 

 

[1] A la différence de la « politique », un petit patron du privé doit connaitre tous les postes et être capable de faire ce qu’il exige.

[2] Vous pouvez comprendre pourquoi, n’est-ce pas ? L'acronyme est explicite.

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