Nuit d'Halloween đ
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Nuit d'Halloween đ
Une histoire pour #AuteursConfinĂ©s Saison 2 publiĂ©e le 19 novembre 2020 sur une consigne dâAlexandre Leforestier, devenue une lĂ©gende contemporaine pour "plumes, contes et lĂ©gendes" #2024PEUR
Quelle tristesse que celle de ce mois dâoctobre-lĂ ! Seul face Ă la fenĂȘtre, je contemplais les lumiĂšres de la ville, emmitouflĂ© dans mon peignoir, les mains autour dâune tasse de thĂ© pour tenter de me rĂ©chauffer. Dire quâavant de mâexpatrier dans le Vaucluse, je sortais en bras de chemise par ce genre de tempĂ©ratures. A ce rythme, je finirai par mettre un G Ă la fin de âpainâ et de âcoinâ. Enfin, peu importe puisquâon nous interdisait de sortirâŠ
Mise Ă disposition de l'image par Panodyssey Ă l'occasion de ... Grrrr !
Je repensais au hĂ©ros de mon roman. A quelques dĂ©tails prĂšs, la scĂšne Ă©tait la mĂȘme. Sauf que je savais bien quâĂ la fin du chapitre, mon appartement nâallait pas ĂȘtre soufflĂ© par un fichu engin explosif. Au loin, jâentendais lâappel des papillotes au chocolat tandis quâun monstre bleu se mettait Ă faire âNomnomnomnom !â dans ma tĂȘte. Celles au chocolat de Madagascar sont mes prĂ©fĂ©rĂ©es. Faisant fi de tous les signaux dâalerte envoyĂ©s par ma thyroĂŻde, je me dirigeai donc vers la cuisine. Non pas pour refaire lâappoint de boisson chaude mais pour jouer mon rĂŽle de prĂ©dateur de papillotes.
Pourtant, je le sais. Quand tu vas dans la cuisine la nuit, aprĂšs avoir regardĂ© par la baie vitrĂ©e, il tâarrive un truc. Mais non. Comme dâautres avant moi, je suis allĂ© dans la cuisine.
Je connais peu de plaisirs dans la vie tels que celui de manger une papillote tranquille, Ă lâabri des coups de sonnettes de nos petits voisins en pleine rĂ©colte dâHalloween. Savoir prendre le bon cĂŽtĂ©, mĂȘme des mesures les plus iniques, câest tout un art. Et je savourais cet instant, tout en sachant quâelle avait entendu le bruit de lâemballage brillant lorsquâil libĂ©ra son contenu en chocolat.
Elle. Elle nâavait rien dit cette foi. Jâentendis quand mĂȘme la remarque. En principe, elle dormait. Mais sait-on jamais. A tout moment, elle est susceptible de mâagripper et de me faire subir les pires tortures. Peu importe la partie de mon petit corps dĂ©licat, elle chatouille tout ce qui est chatouillable.
Une papillote en chocolat, ça ce dĂ©guste. Si on nâa pas bien senti le goĂ»t Ă la premiĂšre opĂ©ration, on peu rĂ©itĂ©rer Ă lâaide dâune seconde papillote. Câest devant la baie vitrĂ©e que je rĂ©itĂ©rai en cette nuit dâHalloween. Les lumiĂšres de la ville ont quelque chose de fascinant. Parfois, elles mâaident Ă saisir les idĂ©es au vol, telles des papillons Ă©garĂ©s dans ce monde de bĂ©ton. Les excitants aussi, bien quâon mâait dĂ©jĂ conseillĂ© dâĂ©viter. Mais câest comme Ă©viter lâalcool ou les galipettes sous la couette : pas toujours possible.
Bref, je réitérai. Chocolat noir 70% de Madagascar. Quand des bras se refermÚrent sur moi. Je frissonnai déjà avant de sentir le bout de son nez froid dans mon cou. Réveillé par le cri des papillotes, le monstre était lùché.
Quatre paires de griffes se plantĂšrent dans mon dos, suivis de crocs dans mon Ă©paule. Quelle terrible douleur !
Que faire ? Lui balancer mon thĂ© chaud Ă la figure ? Elle recula. Se recroquevilla, le visage cachĂ© dans ses mains. Ses sanglots me mirent le doute. Avais-je rĂȘvĂ© ? Je la pris dans mes bras pour me rendre compte que non. Sa mĂąchoire se referma sur mon cou. Lâissue de cette mĂ©saventure ne me semblait pas particuliĂšrement heureuse.
RĂ©veillĂ© en sursaut et en sueur, je trouvai ma dulcinĂ©e sagement endormie de son cĂŽtĂ©. Dans lâappartement, aucun bruit en dehors du tic tac de lâhorloge du salon et de la respiration de lâĂ©lectromĂ©nager. Elle grogna un peu en se retournant, comme Ă chaque fois que je bouge trop. Jâallai me rendormir quand un besoin naturel mâincita Ă me lever. En passant devant la porte dâentrĂ©e, jâeu un doute. Un moment de flottement. Marche arriĂšre. Normalement, il y a une porte pile Ă cet endroitâŠ
Dans mon dos, deux yeux rouges et une gueule pleine de crocs. Le monstre salivait. Des ricanements de hyĂšnes montaient des chambres des filles. Tant pis ! Nous somme au sixiĂšme Ă©tage mais mon Ă©chappatoire sera la fenĂȘtre de la cuisine. SixiĂšme Ă©tage ? PlutĂŽt quarante sixiĂšme !
Mon Dieu que la chute fut longue ! Blanche-Neige en petite tenue choisissait une robe. Elle avait oublié de tirer les stores. Le PÚre Noël dans son salon se gavait de chips, une biÚre à la main. Mike Jagger jouait au Scrabble avec une vieille dame.
Plus que dix huit Ă©tages et on nâen parlerait plus. Lâatterrissage fut vraiment trĂšs douloureux. Jâallais garder les yeux fermĂ©s jusquâĂ ce quâon me mette dans un sac, direction la chambre froide. Mais point de pompiers, ni de lĂ©giste Ă lâhorizon. A la place, le museau froid du chat venait aux nouvelles en ronronnant.
Garder les yeux fermés. Surtout ne pas les ouvrir.
Le chat finit par aller voir autre chose. Je me relevai péniblement. Toujours endormie à en juger par ses ronflements. Direction la cuisine. Je me fis un thé que je bus devant la baie vitrée. Les lumiÚres de la ville étaient rendues floues par la pluie, comme dans mon roman. Le vent me servait son fond sonore habituel.
De lâautre bout de lâappartement, des bruits de petites souris me parvinrent. Les gamines Ă©taient ponctuelles dans leur rendez-vous quotidien avec les premiĂšres lueurs de lâaube. Aujourdâhui pas dâĂ©cole. Elle vont vouloir des dessins-animĂ©s. La journĂ©e va ĂȘtre longueâŠ
Crédits et remerciements :
Photo de couverture : Andreas Avgousti sur Unsplash
Illustrations dans le texte mises Ă disposition par Panodyssey.
Consigne dâAlexandre Leforestier : âRaconte ton histoire et partage ton effroi sur Panodyssey !â
Merci Ă Bernard Zirnhelt, initiateur du challenge Auteurs ConfinĂ©s. Merci Ă Alexandre Leforestier pour lâapport des illustrations.
Les auteurs confinés et Panodyssey vous adressent leurs meilleures ondes !
Jean-Christophe Mojard il y a 1 mois
Délicieusement somptueuse cette histoire. Le pétard dans la papillote. Et effectivement, comme le dit Jackie, on est en plein dans "Inception". Quant au mada 70%, je confirme, c'est une tuerie.
Jackie H il y a 1 mois
Un rĂȘve dans un rĂȘve dans... Inception đ
Cedric Simon il y a 1 mois
Le rĂȘve est comme la science-fiction. Avec le talent il devient exceptionnel. Excellente journĂ©e.
Juliette Norel il y a 1 mois
Génial! bravo!! j'ai adoré