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Nuit d'Halloween 🎃

Nuit d'Halloween 🎃

Publié le 27 oct. 2024 Mis à jour le 6 déc. 2024 Horreur
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Nuit d'Halloween 🎃

 Une histoire pour #AuteursConfinĂ©s Saison 2 publiĂ©e le 19 novembre 2020 sur une consigne d’Alexandre Leforestier, devenue une lĂ©gende contemporaine pour "plumes, contes et lĂ©gendes" #2024PEUR


Quelle tristesse que celle de ce mois d’octobre-lĂ  ! Seul face Ă  la fenĂȘtre, je contemplais les lumiĂšres de la ville, emmitouflĂ© dans mon peignoir, les mains autour d’une tasse de thĂ© pour tenter de me rĂ©chauffer. Dire qu’avant de m’expatrier dans le Vaucluse, je sortais en bras de chemise par ce genre de tempĂ©ratures. A ce rythme, je finirai par mettre un G Ă  la fin de “pain” et de “coin”. Enfin, peu importe puisqu’on nous interdisait de sortir



Mise Ă  disposition de l'image par Panodyssey Ă  l'occasion de ... Grrrr ! 


Je repensais au hĂ©ros de mon roman. A quelques dĂ©tails prĂšs, la scĂšne Ă©tait la mĂȘme. Sauf que je savais bien qu’à la fin du chapitre, mon appartement n’allait pas ĂȘtre soufflĂ© par un fichu engin explosif. Au loin, j’entendais l’appel des papillotes au chocolat tandis qu’un monstre bleu se mettait Ă  faire “Nomnomnomnom !” dans ma tĂȘte. Celles au chocolat de Madagascar sont mes prĂ©fĂ©rĂ©es. Faisant fi de tous les signaux d’alerte envoyĂ©s par ma thyroĂŻde, je me dirigeai donc vers la cuisine. Non pas pour refaire l’appoint de boisson chaude mais pour jouer mon rĂŽle de prĂ©dateur de papillotes.


Pourtant, je le sais. Quand tu vas dans la cuisine la nuit, aprĂšs avoir regardĂ© par la baie vitrĂ©e, il t’arrive un truc. Mais non. Comme d’autres avant moi, je suis allĂ© dans la cuisine.


Je connais peu de plaisirs dans la vie tels que celui de manger une papillote tranquille, Ă  l’abri des coups de sonnettes de nos petits voisins en pleine rĂ©colte d’Halloween. Savoir prendre le bon cĂŽtĂ©, mĂȘme des mesures les plus iniques, c’est tout un art. Et je savourais cet instant, tout en sachant qu’elle avait entendu le bruit de l’emballage brillant lorsqu’il libĂ©ra son contenu en chocolat.


Elle. Elle n’avait rien dit cette foi. J’entendis quand mĂȘme la remarque. En principe, elle dormait. Mais sait-on jamais. A tout moment, elle est susceptible de m’agripper et de me faire subir les pires tortures. Peu importe la partie de mon petit corps dĂ©licat, elle chatouille tout ce qui est chatouillable.


Une papillote en chocolat, ça ce dĂ©guste. Si on n’a pas bien senti le goĂ»t Ă  la premiĂšre opĂ©ration, on peu rĂ©itĂ©rer Ă  l’aide d’une seconde papillote. C’est devant la baie vitrĂ©e que je rĂ©itĂ©rai en cette nuit d’Halloween. Les lumiĂšres de la ville ont quelque chose de fascinant. Parfois, elles m’aident Ă  saisir les idĂ©es au vol, telles des papillons Ă©garĂ©s dans ce monde de bĂ©ton. Les excitants aussi, bien qu’on m’ait dĂ©jĂ  conseillĂ© d’éviter. Mais c’est comme Ă©viter l’alcool ou les galipettes sous la couette : pas toujours possible.


Bref, je réitérai. Chocolat noir 70% de Madagascar. Quand des bras se refermÚrent sur moi. Je frissonnai déjà avant de sentir le bout de son nez froid dans mon cou. Réveillé par le cri des papillotes, le monstre était lùché.


Quatre paires de griffes se plantĂšrent dans mon dos, suivis de crocs dans mon Ă©paule. Quelle terrible douleur !


Que faire ? Lui balancer mon thĂ© chaud Ă  la figure ? Elle recula. Se recroquevilla, le visage cachĂ© dans ses mains. Ses sanglots me mirent le doute. Avais-je rĂȘvĂ© ? Je la pris dans mes bras pour me rendre compte que non. Sa mĂąchoire se referma sur mon cou. L’issue de cette mĂ©saventure ne me semblait pas particuliĂšrement heureuse.


RĂ©veillĂ© en sursaut et en sueur, je trouvai ma dulcinĂ©e sagement endormie de son cĂŽtĂ©. Dans l’appartement, aucun bruit en dehors du tic tac de l’horloge du salon et de la respiration de l’électromĂ©nager. Elle grogna un peu en se retournant, comme Ă  chaque fois que je bouge trop. J’allai me rendormir quand un besoin naturel m’incita Ă  me lever. En passant devant la porte d’entrĂ©e, j’eu un doute. Un moment de flottement. Marche arriĂšre. Normalement, il y a une porte pile Ă  cet endroit



Dans mon dos, deux yeux rouges et une gueule pleine de crocs. Le monstre salivait. Des ricanements de hyĂšnes montaient des chambres des filles. Tant pis ! Nous somme au sixiĂšme Ă©tage mais mon Ă©chappatoire sera la fenĂȘtre de la cuisine. SixiĂšme Ă©tage ? PlutĂŽt quarante sixiĂšme !


Mon Dieu que la chute fut longue ! Blanche-Neige en petite tenue choisissait une robe. Elle avait oublié de tirer les stores. Le PÚre Noël dans son salon se gavait de chips, une biÚre à la main. Mike Jagger jouait au Scrabble avec une vieille dame.


Plus que dix huit Ă©tages et on n’en parlerait plus. L’atterrissage fut vraiment trĂšs douloureux. J’allais garder les yeux fermĂ©s jusqu’à ce qu’on me mette dans un sac, direction la chambre froide. Mais point de pompiers, ni de lĂ©giste Ă  l’horizon. A la place, le museau froid du chat venait aux nouvelles en ronronnant.


Garder les yeux fermés. Surtout ne pas les ouvrir.


Le chat finit par aller voir autre chose. Je me relevai péniblement. Toujours endormie à en juger par ses ronflements. Direction la cuisine. Je me fis un thé que je bus devant la baie vitrée. Les lumiÚres de la ville étaient rendues floues par la pluie, comme dans mon roman. Le vent me servait son fond sonore habituel.


De l’autre bout de l’appartement, des bruits de petites souris me parvinrent. Les gamines Ă©taient ponctuelles dans leur rendez-vous quotidien avec les premiĂšres lueurs de l’aube. Aujourd’hui pas d’école. Elle vont vouloir des dessins-animĂ©s. La journĂ©e va ĂȘtre longue



 


Crédits et remerciements :

Photo de couverture : Andreas Avgousti sur Unsplash

Illustrations dans le texte mises Ă  disposition par Panodyssey.

Consigne d’Alexandre Leforestier : “Raconte ton histoire et partage ton effroi sur Panodyssey !”

Merci Ă  Bernard Zirnhelt, initiateur du challenge Auteurs ConfinĂ©s. Merci Ă  Alexandre Leforestier pour l’apport des illustrations.


Les auteurs confinés et Panodyssey vous adressent leurs meilleures ondes !
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Commentaires (4)

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Jean-Christophe Mojard il y a 1 mois

Délicieusement somptueuse cette histoire. Le pétard dans la papillote. Et effectivement, comme le dit Jackie, on est en plein dans "Inception". Quant au mada 70%, je confirme, c'est une tuerie.

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Jackie H il y a 1 mois

Un rĂȘve dans un rĂȘve dans... Inception 😆

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Cedric Simon il y a 1 mois

Le rĂȘve est comme la science-fiction. Avec le talent il devient exceptionnel. Excellente journĂ©e.

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Juliette Norel il y a 1 mois

Génial! bravo!! j'ai adoré

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