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Chapitre 9 - Le dixième enfant

Chapitre 9 - Le dixième enfant

Publié le 2 mai 2024 Mis à jour le 2 mai 2024 Fantaisie
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Chapitre 9 - Le dixième enfant

Loin des turpides guerrières, le village de Bermersheim vit paisiblement. Une fête s’annonce. Les seigneurs célèbrent un heureux événement : En ce 16 septembre 1098, une petite fille appelée Hildegarde voit le jour. Elle est la dixième enfant de Hildebert et Mechtilde. Cette famille noble est estimée de toute la région. La petite Hildegarde fait le bonheur des parents. Ils la déposent dans un berceau de bois, recouvert d’un drap de lin brodé. Ils remarquent alors, près de sa tête, une pierre magnifique, qui brille d’un éclat singulier. Ils la prennent délicatement, et la portent à un artisan bijoutier du village. Après plusieurs jours, il revient au château, la mine déconfite :

— Je suis désolé, mais je ne peux vous dire ce qu’est ce cristal. Une chose est certaine : ce n’est ni un diamant et il n’a ni le reflet d’un rubis, pas plus celui d’une émeraude. Par contre, j’aimerais vous montrer quelque chose.

Il dépose la pierre près de la flamme d’une bougie :

— Regardez, au centre, quelle couleur voyez-vous ?

Hildebert observe attentivement et, après deux ou trois minutes, il constate une lueur oscillant entre le bleu et le vert. Le bijoutier approche maintenant la pierre du bébé qui somnole dans son berceau.

— Très bien, et à présent ?

Au tour de Mechtilde de contempler la pierre :

— Êtes-vous certain d’avoir bien vu, Hildebert ? J’aperçois une lueur jaunâtre à l’intérieur.

Le père, offusqué d’être remis en cause, colle son œil près de cristal. Il est obligé d’admettre que sa femme a raison.

— Mais qu’est-ce donc cet enchantement ?

Le bijoutier, gêné, répond de manière hésitante :

— Un jour, un marchand égyptien m’a parlé d’une pierre similaire, mais il ne l’a jamais vue en réalité. Il évoquait plutôt une légende. En des temps anciens, un pharaon aurait disposé d’un tel cristal. Dotée de magie, elle lui a permis d’entrer en contact avec une déesse. Celle-ci l’aurait alors guidé vers la gloire et la postérité.

Mechtilde fait un signe de croix sur sa poitrine. Hildebert bougonne :

— Quel rapport entre ce pharaon et notre fille bien aimée ? Ce que vous me racontez là n’est qu'un conte pour enfants !

Par crainte de heurter leur ferveur religieuse, le bijoutier fait mine d’admettre :

— Vous avez probablement raison. Tout de même, dans chaque conte, chaque légende, il y a un fond de vérité. Si vous ne savez pas d’où vient cette pierre, peut-être est-elle tout simplement un cadeau de Dieu ?

Mechtilde saisit le cristal et le tend au bijoutier :

— Voilà une vérité que je peux entendre ! Le Seigneur nous a fait un signe. Notre Hildegarde est une fille bénie de Dieu ! Prenez la pierre et montez là sur un pendentif. Ce sera son cadeau de naissance, le plus beau qui soit !

Le bijoutier range la pierre dans une poche en tissu et opine de la tête :

— Je vous promets que je mettrai tout mon art dans ce collier.

Quelques jours plus tard, le bijoutier revient au château avec le cadeau tant attendu. Mechtilde est éblouie par le bijou : une chaîne en or aux maillons si délicats qu’ils ressemblent à de la dentelle. À côté de la pierre, un pendentif gravé de la croix du Christ confirme le caractère sacré de l’œuvre. Le bijoutier a l’honneur de placer le collier autour du cou du bébé. Hildegarde n’est pas du tout effrayée par cet objet. Elle gazouille de joie, au contraire. Hildeberg règle discrètement l’artisan. Son épouse est aux anges :

— Je suis certaine que cela lui portera bonheur !

Avec le temps, les parents ne font plus attention au collier. Au sein de sa fratrie, la petite Hildegarde s’épanouit. Accompagnée par une religieuse préceptrice, elle acquiert les compétences de lecture et d’écriture. Mechtilde lui enseigne les rudiments de la musique. Elle développe rapidement un intérêt pour la cithare. Le soir, elle peut passer plusieurs heures à pincer les cordes de son instrument, au rythme d’une mélodie que son cœur lui dicte.

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