Chapitre 17 - Le meurtre de la Révérende Mère
Sur Panodyssey, tu peux lire 30 publications par mois sans être connecté. Profite encore de 29 articles à découvrir ce mois-ci.
Pour ne pas être limité, connecte-toi ou créé un compte en cliquant ci-dessous, c’est gratuit !
Se connecter
Chapitre 17 - Le meurtre de la Révérende Mère
Hildegarde a atteint l’âge de trente-quatre ans. Elle consacre son temps aux consultations, aux prières et à l’enseignement. Des frères et des sœurs d’autres communautés viennent la rencontrer. Sa renommée de théologienne et de guérisseuse se répand dans tout le Palatinat.
En ce mois décembre 1136, les terres de Disibodenberg sont frappées par un hiver impitoyable. La neige recouvre les champs et les forêts, tandis que le vent glacial siffle à travers les arbres dénudés. Après un été sec et aride, le village est lourdement menacé par la famine. Heureusement, les sœurs du monastère, prévoyantes, ont réussi à accumuler suffisamment de provisions pour soutenir la communauté.
La Mère Supérieure décide d’ouvrir les portes du monastère afin d’accueillir les plus pauvres. Les sœurs cuisinent à tour de bras pour offrir pain et soupe dans le réfectoire. Le repas réchauffe les corps et les cœurs. Dans cette salle habituellement baignée par le silence et le calme, les clameurs et les rires apportent un peu de bonheur aux religieuses. Hildegarde, accompagnée d’une novice, une jeune fille du nom de Katherine, ont aménagé une annexe en infirmerie. Toutes deux accueillent les nombreuses victimes d’engelures, rhumes et autres fléaux liés au froid.
Inquiète de ne pas voir Hildegarde prendre une pause, la Révérende Mère abandonne la cantine pour lui rendre visite. La fille d’attente est longue, mais cela ne rebute pas les deux sœurs Pendant que la jeune novice bande les plaies et les engelures, Hildegarde prépare des tisanes et prononce des paroles réconfortantes. Ses talents de guérisseuse ne cessent de fasciner Katherine. Une femme vêtue de guenilles s’approche. Elle tient un objet sous sa robe en lambeau. La Mère Supérieure surprend son regard : ses yeux sont injectés de sang, le front est plissé par une profonde colère. Hildegarde, occupée à nettoyer ses ustensiles, ne se rend pas compte du danger imminent qui la guette. La femme se met alors à se jeter sur elle en hurlant :
— Catin du Démon !
La Révérende Mère accourt et pousse brutalement Hildegarde. L’inconnue, telle une marionnette, sort machinalement un couteau et le plante dans la chair sans même regarder qui elle vient de toucher. Hildegarde, déséquilibrée, chute sur le sol. La Mère Supérieure s’effondre juste à côté d’elle. La lame a atteint son cœur. Des hommes parmi les villageois saisissent la meurtrière et lui attachent les mains. Elle est emmenée à Mayence pour y être jugée par l’Inquisiteur, Konrad. Lors de son interrogatoire, elle affirme que c’est Dieu lui-même qui a guidé sa main, dans le but d’éliminer Hildegarde, l’esclave du Diable. Elle est condamnée et brûlée vive.
Cette scène rappelle à Hildegarde, de manière trop brutale et douloureuse, l’exécution de son bien-aimé Richard des années auparavant.
La disparition de la Mère Supérieure crée un vide qu’il faut combler. Le choix de sa remplaçante se fait par un vote des moniales. À sa grande surprise, Hildegarde obtient la majorité absolue des voix. Elle se rend à Mayence pour recevoir la bénédiction de l’évêque, qui la nomme Abbesse. De retour au monastère, en présence de toutes les sœurs réunies, Hildegarde prête serment, s’engageant à diriger la communauté avec la volonté d’améliorer l’instruction et de l’ouvrir à la vérité de Dieu.