Chapitre 4
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Chapitre 4
Après avoir évité les policiers qui font la ronde pour s’assurer que les habitants respectent le couvre-feu, on se retrouve devant le pont. On se regarde, on doit se décider et vite.
— Allez, on y va ! On ne va pas faire marche arrière ! dit Akseli
— Ça serait con effectivement.
On se met d’accord avant de traverser pour atteindre l’autre rive. Je retrouve cette atmosphère pesante quand on entre dans Beldem. Akseli écarquille les yeux en regardant partout autour de lui avec une lampe torche.
— En effet, l’accueil n’est pas très chaleureux, admet-il.
— J’avais prévenu.
— On voit pas grand chose avec cette brume ! Comment t’as fait tout à l’heure ?
— Il faisait jour ?
— Ah ! Pas bête !
On s’avance prudemment en faisant attention où on met les pieds. Le vent siffle toujours dans les charpentes, il y a toujours ce silence pesant et cette pluie qui ne cesse de tomber. Je remets correctement le col de manteau, l’humidité est présente.
— Et dire que cette ville était loin d’être ce qu’elle est maintenant… Le soleil, les rues, les maisons… L’ancienne Vallione. C’est triste, observe-t-il.
Nous continuons notre exploration avant de prendre l’escalier menant à la clairière.
— Bizarre cet endroit, s'étonne-t-il. Pourquoi il n’y a rien ici ?
— Si on se fie à l’histoire, il existait un théâtre dans Beldem. Peut-être était-il situé ici ? suggéré-je.
— L’hypothèse se tient. Mais on a pas fait tout le tour de la ville. Je doute qu’elle soit si petite que ça.
— Après, je n’ai pas tout visité, ça ne me tentait pas trop d’aller plus loin.
— Tu risques quoi sérieux ? Personne n’y met les pieds ! Les histoires de fantômes ça va cinq minutes.
Je lui tire la langue avant qu’on fasse demi-tour. Au même endroit, en bas des escaliers, on entend des rires d’enfants. On se regarde avant de se retourner rapidement.
— J’ai eu droit à la même chose tout à l’heure, précisé-je.
— Sûrement notre imagination, conclut-il.
On revient dans ce qui semble être le centre de la ville, Akseli décide de s’aventurer dans les bâtisses encore debout malgré mes avertissements.
— Rebecca, je risques quoi ? Y a plus de toit dans celle-ci !
— Mon dieu, t’es bien un mec pour attenter à ta vie comme ça… Tu m’étonne que votre durée de vie est inférieure aux femmes…
— Sauf qu’on a plusieurs vies, s’amuse t-il
— Vous n’êtes pas des chats idiot !
— Moi oui ! Je peux ronronner si tu veux ! nargue-t-il.
— Abruti, soupiré-je.
Je décide de le rejoindre et nous regardons l’état de la maison puis on part dans une autre, un peu mieux conservée avec un toit mais quelques pierres en moins sur un mur. J’ai peur que le plafond nous tombe dessus.
— Oh ! J’y crois pas ! s’étonne Akseli.
— Quoi ?
— Viens voir !
Je m’avance vers lui alors qu’il tient un morceau de papier. Si je m’attendais à trouver ça alors que la pluie ne cesse de tomber. Il dirige sa lampe torche dessus afin de lire ce qu’il y a d’écrit.
Dans l'ombre danse le marionnettiste sombre,
Ses fils tressés de mensonges et de pénombre.
Les marionnettes, figées dans leur silence,
portent les stigmates d'une vieille souffrance.
— Qu’est-ce que c’est ? demandé-je.
— On dirait un morceau de poème vu les rimes, explique-t-il.
— Cool, il manque le reste donc…
— Rebecca ! Tu as écouté ? Ça parle du marionnettiste ! dit-il enjoué.
— Et donc ? Ne me dis pas que tu vas commencer à croire à cette histoire !
— Avoue que c’est intéressant quand même ! sourit-il.
— Ça a peut-être été écrit par quelqu’un qui l’a mis ici ! Regarde l’état du papier alors qu’il pleut et qu’il y a de l’humidité ! Il est intact !
— Allô ! Personne ne vient ici ! Et regarde l’écriture, ça a été fait avec une plume et de l’encre ! mentionne t-il
— Encore plus suspect ! L’encre aurait dû s’effacer…
— Bon, faut partir à la recherche des autres parties ! s'enthousiasme t-il.
Je rêve, il ne calcule même pas que c’est impossible que ce papier soit intact alors que le temps ne s’y prête pas. Mais qu’il est con parfois. Je le regarde fouiller dans chaque recoins de la maison, il râle car il n’en trouve pas d’autres. Je sursaute quand j’entends un rire d’enfants et en pensant avoir vu une silhouette courir dehors. Je sors de la maison afin de vérifier mais avec cette brume, impossible de voir assez loin.
— T’as entendu ? demandé-je
— De quoi ?
Il se relève avant de me rejoindre.
— J’ai encore entendu un enfant et j’ai cru l’avoir vu passer devant la maison.
— Rebecca, on est seuls dans cette ville. Le stress qui te joue des tours.
— Je ne suis pas stressée, c’est juste que cette ville me donne la chair de poule ! râlé-je
Il me regarde avant de soupirer puis on vient se mettre sur la rue.
— Tu veux qu’on rentre ? questionne t-il
— Je préfère venir quand il fait jour…
— Avec ce que tu m’as dit, pas sûr que ça change quelque chose !
— Il fait légèrement moins sombre ! me défendé-je
— Ok, on rentre.
Il lève les mains en signe d’abdication avant qu’on ne se dirige vers le pont. Mais à notre grande surprise, on ne le retrouve pas.
— Attends, c’est bien par là qu’il se trouve ? interrogé-je
— Bah y a qu’une direction donc forcément il est là. Avançons encore.
On continue de marcher mais la brume se fait encore plus épaisse et impossible d’aller plus loin. Là, on se pose vraiment des questions. On fait marche arrière avant de retomber sur la ville.
— C’est quoi ce bordel… souffle Akseli.
— Attends, attends, c’est pas possible…
Je regarde partout autour de moi et je suis sûre que le pont se trouve au bout de la rue, là d’où on vient. Pourquoi on ne le retrouve pas ? Y a qu’un chemin bon sang !
— C’est une blague… m’inquiété-je.
Je décide de repartir vers la sortie mais encore une fois, la brume m’empêche de continuer. Je fais marche arrière, Akseli me regarde étonné.
— Bon… Qu’est ce qu’on fait du coup ? demande-t-il.
— Ça ne t’inquiète pas plus que ça qu'on n'arrive pas à sortir d’ici ?
— Pas vraiment, avoue t-il.
Je tombe des nues, ma mâchoire manque de se décrocher. Son impassibilité me surprendra toujours.
— Alors, qu’est-ce qu’on fait ? répété-je.
— On continue l’exploration pardi ! Quitte à ne pas pouvoir en sortir, autant choper un maximum d’informations !
Je vois que je n’ai pas le choix que d’accepter ça. Je soupire en étant pas rassurée de ne pas pouvoir retourner à Vallione. Cette ville est décidément étrange.