Chapitre 12
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Chapitre 12
Je finis par m’arrêter une fois que j’arrive dans une autre pièce. J'essuie mes larmes avant qu’une voix familière résonne.
— Toi aussi tu les entends ?
— Akseli ! Putain je te cherchais partout !
— Tu m’as trouvé !
La pièce, comme les autres, n’est pas beaucoup éclairée. Mes yeux s’habituent et je vois la silhouette d’Akseli se dessiner devant moi. Il est assis dans un fauteuil, l’air pensif.
— On est où ? demandé-je.
— Tu sais très bien où l’on se trouve Rebecca.
— Impossible ! Ce genre de bâtiment, l’équipement de la scène, tout ça n’existait pas !
— Et pourtant… souffle-t-il, c’est bien le cas.
Je le regarde en me disant que tout cela est insensé et ça me paraît irréel. Je veux rentrer chez nous. Je veux me réveiller de ce cauchemar.
— Je l’ai vu, dis-je, enfin, je l’ai rencontré.
— Le marionnettiste ?
— Oui, en visitant cet endroit, je suis allée dans une pièce et… Il était là.
— Il n’y a personne à part nous et la folie qui nous gagne, répond t-il calmement.
— Il a posé ses mains sur mes épaules ! Il était là !
— Ton imagination.
— Akseli putain ressaisis toi bordel ! m’énervé-je.
Il se lève avant de venir vers moi. Il se penche en rapprochant son visage du mien.
— Mets toi bien dans le crâne que rien n’est réel ! C’est notre esprit qui nous joue des tours !
— Pourquoi tu ne veux pas voir la vérité en face ? questionné-je.
— Ta vérité n’est pas la mienne.
Il ne dit rien de plus et quitte de nouveau la pièce. Je décide de laisser tomber, il est borné et je suis sûre que c’est la colère qui parle à sa place. Je soupire en regardant la salle où je me trouve. Une rangée de cinq lits se trouve de chaque côté de la pièce.
“La chambre des enfants”
— N’avaient-ils pas de famille ? chuchoté-je en les regardant.
Je m’approche de l’un d’eux et de nouveau il y a un prénom. Ils sont tous attribués à chacun d’entre eux. Le fauteuil où se trouvait Akseli est contre le mur, face à l’entrée et deux fenêtres s’y trouvent. Je commence à être fatiguée, je décide de m’installer sur le fauteuil, je trouve une position à peu près confortable avant de fermer les yeux.
*****
En ouvrant les yeux, je sursaute en voyant plusieurs paires d' yeux autour de moi. Les enfants. Ils me regardent comme un objet de curiosité avant de tous aller s'asseoir sur le rebord de leur lit, regardant dans ma direction. Ils se mettent à parler entre eux en se demandant qui je suis, pourquoi je suis ici et la question qui me glace le plus : Pourquoi je suis encore en vie et pas en marionnette.
— Vous ne l’êtes pas non plus ! dis-je.
Ils ont un cri de surprise avant que l’un d’eux se rapproche de moi. Il me dévisage avant de mettre la main sur sa bouche. Je ne comprends pas sa réaction et il retourne sur son lit. Les autres enfants viennent le voir, ils se mettent en rond, proches les uns des autres et je les entends chuchoter sans comprendre ce qu’ils disent.
— Qu’est-ce que vous dites ? demandé-je.
Ils s’arrêtent de parler et ils se tournent tous vers moi. J’attends une réponse mais elle ne vient pas.
— J’aimerai bien savoir ce que vous avez dit.
Ils se lancent des regards avant que l’un d'eux ne s'avance vers moi. Une petite fille. Elle tend les bras comme si elle voulait que je la prenne pour la poser sur moi. Je m’exécute puis elle se penche vers mon oreille.
— Tu lui appartiens, chuchote-t-elle.
Mon corps est parcouru d’un frisson, mon sang se glace et je me répète ce qu’elle vient de me dire. Elle redescend avant de repartir vers les autres enfants. Je ne les quitte pas des yeux puis j'entend un cri. Celui d’Akseli. Je me lève rapidement avant de courir hors de la pièce.
— Akseli ! hurlé-je en le cherchant.
Mon intuition me dit de retourner dans la salle où se trouvent les marionnettes. Je me dépêche de la rejoindre et j’y entre avant que mon cœur ne s’arrête quelque secondes. La case où son nom est attribué, une marionnette s’y tient.
— Non, non, non, paniqué-je en me dirigeant vers elle, Akseli…
Mes larmes se mettent à couler, je reçois un coup de jus en essayant de le prendre. Je ne veux pas le croire, non. Ceci est vraiment un cauchemar. Akseli ne peut pas être devenu une marionnette.
— Je vais me réveiller, chuchoté-je, c’est qu’un rêve, tout ça n’est pas réel.
— Ca l’est, dit une voix d’enfant.
Je tourne la tête avant de voir la petite fille sur le pas de la porte. Je hoche la tête négativement, non, ce n’est pas réel.
— Je suis la prochaine, chuchoté-je.
Je ferme les yeux en me laissant tomber à genoux. Je vais rejoindre ma case quand ça sera le moment. Mon corps se met à trembler, mes larmes ne cessent de couler. Je ne veux pas devenir une marionnette. Sa marionnette.
— N’aie pas peur, continue-t-elle.
Si, j’ai peur. Peur de le devenir. Peur de perdre mon humanité et être au service d’un être irréel. Mort. De perdre ma vie, de ne plus avoir d’avenir. De ne plus retrouver Vallione.
— Tu devrai dormir, me dit-elle, tu es fatiguée.
Je ne veux pas fermer les yeux, plus maintenant. J’ai peur de ne plus les ouvrir, de ne plus être dans mon corps mais celui d’un pantin.
— Je vais te montrer ta chambre.
Ma chambre ? Quelle chambre ? Je la regarde étonnée.
— Pourquoi une chambre ? demandé-je.
— Il le veut.
Le marionnettiste veut que j’ai une chambre ? C’est quoi encore ces conneries. Qu’est-ce qu’il prépare encore. La petite fille me fait signe de la suivre, je me relève en regardant Akseli une dernière fois.
— Pardonne-moi, chuchoté-je.
Je la rejoins ensuite, on quitte la pièce puis on se dirige vers la porte qui était, jusque-là, fermée. Elle l’ouvre et m’invite à entrer. Je la regarde avant de me décider à pénétrer dans la pièce. Les chandelles s’allument au fur et à mesure que j’entre éclairant la chambre. Ma chambre.
— Tu ne risques rien, dit-elle.
Avant que je ne réponde, elle disparaît devant mes yeux puis la porte se ferme.