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En suspens - Nager dans des eaux contraires

En suspens - Nager dans des eaux contraires

Publié le 21 août 2024 Mis à jour le 21 août 2024 Famille
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En suspens - Nager dans des eaux contraires

Ma sœur n’attendait pas ma visite, mais je vais la voir le premier janvier. Je n’avais pas conduit depuis 22 jours. Ça me fait du bien de me détacher pour quelques heures de la situation pesante et stressante de la maternité. En même temps, je culpabilise… La même rengaine qui me poursuivra longtemps après l’accouchement.

 C’est agréable de pouvoir porter un bébé qui n’est relié à aucune machine.  Il est géant par rapport aux jumeaux. Bien sûr, je me réjouis pour ma sœur. Mais cet accouchement me ramène en pleine face le mien, et mon incapacité à garder mes bébés bien au chaud. Je garde la tête froide mais c’est très dur à supporter lorsque cela fait trois semaines que vous avez accouché et que vos jumeaux sont chacun dans un incubateur, entre la vie et la mort chaque jour, très certainement en souffrance et dans l’inconfort, et qu’en tant que maman, on ne peut qu’attendre…

En ressortant de la chambre de ma sœur, je croise mon gynécologue qui est de service ce premier janvier. Il me demande comment vont les jumeaux, mais ne s’attarde pas. Cela doit être difficile pour lui de soutenir mon regard : je suis à la fois une guerrière et une mère sans repère, privée de ses bébés.

Juste le temps de passer manger un truc vite fait dans un fast food, et je rejoins au plus vite la maternité régionale. Je me dépêche de me débarrasser de mon blouson, je ferme la chambre parentale, puis je me dirige au pas de course la réanimation.

Cyrielle suit son petit bonhomme de chemin lentement mais sûrement. A chaque séance de kiné, elle progresse : on a l’impression qu’elle veut respirer seule, c’est impressionnant. C’est aussi la première fois que je peux lui faire un bisou. C’est une sacrée sensation de bien-être de pouvoir embrasser sa fille. Le cathéter est devenu inutile. En plus, elle est alimentée à 100% avec mon lait. C’est une évolution très positive, les docteurs sont d’ailleurs optimistes. Cyrielle est un peu coquine : elle enlève sa sonde d’alimentation, elle bouge beaucoup et les électrodes sont souvent décrochées. Pour qu’elle se calme, une des nounous m’a montré une astuce : placer la paume de mes deux mains sur son dos et tapoter au rythme de mes battements de cœur. Ça marche plutôt bien !

Dans le même temps, Robin va de moins en moins bien. Il s’enfonce d’heure en heure. Nous sommes le 3 janvier quand les médecins nous annoncent que c’est la persistance du canal artériel qui provoque toutes ces complications sur notre fils. Il va devoir subir une opération chirurgicale afin de refermer définitivement cette petite ouverture. Il devra également supporter une anesthésie générale alors qu’il n’est qu’un tout petit cœur âgé de seulement trois semaines et ne pesant que 952 grammes… Nous sommes très inquiets, mais nous n’avons pas le choix : si le canal artériel n’est pas refermé, c’est la mort assurée d’ici quelques heures ou quelques jours…

Nous voyons l’incubateur de Robin partir en ambulance pour se faire opérer dans un hôpital au sud de la ville. C’est l’angoisse. Va-t-il être assez fort pour supporter l’anesthésie générale et se réveiller après l’opération ? Va-t-il bien cicatriser ? Et si c’était la dernière fois que je le voyais dans son petit incubateur ? L’attente est insupportable. Je vais voir Cyrielle et lui caresse le dos. Je lui parle de son frère, et de mes inquiétudes. La psychologue n’est jamais très loin lorsqu’un coup dur arrive en réanimation. Elle s’approche de l’incubateur de Cyrielle, sans parler. Elle m’observe du coin de l’œil, elle sait que je suis en souffrance. Mais elle attend que je parle la première. Et je me laisse aller. Ça soulage un peu…

L’incubateur de Robin revient dans l’après-midi. La néonatologiste qui s’est occupée du transfert vient tout de suite me voir. Elle me rassure : l’opération s’est vraiment bien passée, et Robin s’est réveillé rapidement. Il doit se reposer et il a froid, il faut donc éviter d’ouvrir les portes de la couveuse. Une fois Robin réinstallé à sa place dans la salle de réanimation, je reste près de son incubateur et je le contemple. Il est en vie, c’est un vrai petit miracle !

 

 

 

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Commentaires (2)

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Annaële verif

Annaële Bozzolo il y a 6 mois

merci beaucoup ☺️
c était ça le plus oppressant : la culpabilité. Difficile de s en défaire.
heureusement les jumeaux ont été de vrais Warriors 👍

Jackie H verif

Jackie H il y a 6 mois

Vois avez mis au monde deux petits miracles, vous le savez, ça ? 🙂😯🙂

Oui, le capitaine se sent coupable à chaque fois qu'il n'est pas sur le pont parce qu'il se dit qu'être sur le pont est la place du capitaine, mais en même temps, le capitaine ne peut pas être en permanence sur le pont...

La nature a juste eu un raté et vous avez fait tout votre possible pour gérer au mieux 🙂. Félicitations 👍🏻👏🏻 parce que ce n'est vraiment paw évodent du tout 😮

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