En suspens - 1000 grammes = 1 kilo !
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En suspens - 1000 grammes = 1 kilo !
C’est un peu la course au premier kilogramme dans le service de réanimation néonatale. Les nounous surveillent de près ce passage symbolique pour tous les petits prématurés. Tous les matins, on vérifie le poids, on demande s’ils ont bien mangé, ça sert de premier grand objectif à atteindre pour l’équipe et les parents ce kilogramme ! Cyrielle et Robin nous font le cadeau d’atteindre le graal au cours de la même semaine. Le mercredi 16 janvier pour Robin, et le dimanche 20 janvier pour Cyrielle. « Hourra ! Le kilo, enfin ! » ai-je écrit dans le carnet où je retrace votre parcours à la maternité.
En très peu de temps, et malgré une grosse alerte dernièrement, Cyrielle progresse très vite sans rechute, elle a même changé d’étage et se retrouve aux soins intensifs à côté du couloir des chambres parentales ! Elle est dans un box avec 5 autres petits copains. Elle fait du « sac » pour améliorer sa respiration : pendant quelques heures, les nounous enlèvent les lunettes de son nez et mettent Cyrielle dans un sac transparent. L’air est un peu plus oxygéné que l’air ambiant, mais ça se rapproche de plus en plus à une respiration sans assistance : ma fille fait des pas de géant ! Tes problèmes gastriques ne sont plus qu’un mauvais souvenir. Tu progresses tellement bien que les docteurs te laissent sous sac 24 heures sur 24.
Je t’avoue qu’à chaque fois ça me fait bizarre de retrouver ton beau petit visage dans un sac en plastique transparent… Mais l’essentiel est que ça fonctionne et que tes poumons deviennent chaque jour de plus en plus forts et autonomes. Tu as un angiome dans le cou qui me préoccupe car il grossit de jour en jour. Les points de vue divergent : certains docteurs pensent qu’il faudra une opération chirurgicale pour l’enlever, mais d’autres pensent que ce n’est pas nécessaire : ce n’est qu’une question d’esthétique.
Robin progresse moins rapidement malgré son kilo, et il fait plus d’infections. Les docteurs sont obligés de poser un nouveau cathéter de Jonathan mais ils n’y arrivent pas du premier coup. Tu as une nouvelle machine pour respirer et ça fait bouger tout ton corps très rapidement. Cette machine m’angoisse clairement mais d’après les nounous ça va permettre à ton petit corps fragile de se reposer pour combattre la nouvelle infection. Ils ont enlevé le gros tuyau de ta narine. Du coup, tu as une narine surdimensionnée par rapport à l’autre : ça me fait mal au cœur, je vois bien que tu es dans un moment de grande fragilité, et je ne peux pas faire grand-chose. Les nounous doivent remarquer mon air dépité : ils me rassurent en me disant qu’avec le temps, ça allait se résorber et que ta narine retrouverait bien vite sa taille initiale. Tu as aussi un souci avec tes cordes vocales. Ton nounou t’administre un aérosol mais ça ne te plaît pas du tout, tu n’arrives pas à te calmer, toutes tes stats sont mauvaises… Et mon moral avec.
Rien ne marche pour toi Robin. Les nounous commencent aussi à désespérer. Ils décident de profiter de ma présence pour faire du peau à peau.
« La situation ne pourra pas être pire de toute façon. On va bien le couvrir, et vous le garderez bien contre vous maman Annaële, d’accord ? »
Je suis sans voix car c’est la première fois que je vais pouvoir avoir mon fils contre moi en peau à peau. J’espère de tout mon cœur que tu pourras te calmer grâce à cela. Au bout de quelques minutes, tu t’apaises. Je te parle, je chante, je te caresse. Je vérifie très souvent que la couverture soit bien installée et que tu sois bien protégé. C’est incroyable : les stats redeviennent bonnes ! C’est l’un des rares moments où je me sens vraiment utile pour toi, ça me fait autant de bien qu’à toi, peut-être même plus… Merci mon fils ! Après ce moment extraordinaire, Je vois pour la première fois ta cicatrice du canal artériel dans ton dos car ton nounou change le pansement : elle est immense. Elle part du dessous du bras gauche pour arriver à l’épaule gauche.
A partir de cette période, je peux faire des soins seule surtout avec Cyrielle, comme une « vraie » maman : changer vos couches, prendre la température, aider au bain, changer les draps de vos incubateurs, vous peser. Cela se fait toujours sous l’œil avisé et professionnel des nounous. C’est rassurant car les branchements sont un vrai frein : j’ai très peur de mal faire, de débrancher quelque chose… L’autonomie parentale, ce n’est pas encore pour maintenant…
Annaële Bozzolo il y a 2 mois
ça fait la différence, c est sûr. Les médecins nous ont dit que c était 50% de la réussite chez les petits prémas. Et surtout qu’ils supportent un peu mieux les traumatismes subis lorsqu’ils ressentent la présence des parents.
Le peau à peau c est incroyable: à chaque fois ça permettait de les calmer, de les rassurer. On se sent utile et c’est un moment très privilégié !
Jackie H il y a 2 mois
Course d'obstacles, on s'accroche et on y croit 🙂 mais votre peau-à-peau avec Robin prouve bien qu'en matière de santé, tout n'est pas qu'une question de physiologie et que le moral, l'affection, c'est important...