« Je remets tout mon futur en question »
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« Je remets tout mon futur en question »
Elle avait l’habitude de rêver grands, de viser haut.
Aujourd’hui, il n’en reste rien.
Marie, 19 ans, étudiante à l’Institut Catholique de Paris a dû se mettre sous anxiolytique pour réussir à tenir la situation.
Elle ne dort plus, ne sort plus, ne fait que travailler sans atteindre de réelle productivité.
Vous l’aurez compris, elle ne vit plus.
Pourtant Marie est une battante, elle n’a jamais abandonné le travail et a toujours été motivée.
Elle me confie aujourd’hui « Je remets tout mon futur en question, je suis forcée de revoir mes ambitions à la baisse. »
Alors comment a-t-elle pu passer d’élève modèle, en pleine réussite, à l’ombre d’elle-même, plus même capable d’affirmer ses rêves ?
La crise sanitaire bien sûr, mais aussi et surtout la gestion de cette crise par l’ICP.
En effet, les cours à distance au sein de cette école ont été gérés de façon particulièrement catastrophique.
Comme beaucoup d’autre, nous ne retrouvons pas de formation pour les professeurs.
De plus, nombre d'entre eux ne sont pas seulement professeurs. Ils sont des professionnels, tellement professionnels qu’ils en oublient de venir à certains cours.
Oui, les élèves ont passés des cours entiers connectés sur un zoom sur lequel le professeur a tout bonnement oublié de se connecter.
Sans mentionner les liens qui ne fonctionnent pas et l’école qui ne se bat en aucun cas pour gérer ces problèmes techniques.
Ce n’est pas faute des élèves d’avoir essayés de sauver la situation. En effet, les L3 (élèves en troisième année) de la Facultés des Lettres ont décidé de leur propre chef de faire passer un questionnaire à tous les élèves pour connaître l’état de leur santé mentale.
Un questionnaire complet, qui a permis aux autres étudiants de se sentir un peu plus écoutés.
Sentiment qui ne fût finalement qu’un écran de fumée face à la réponse froide de la direction et de l’équipe pédagogique.
Les élèves ont pourtant, à la suite du questionnaire, écris une lettre complète et alarmante, sur onze page, accompagnée d’illustrations et de diagrammes pour montrer l’ampleur de la situation.
Voici un exemple d'illustration présente dans la lettre :
Seulement par la suite, et loin d’être pour la première fois, les élèves ont été méprisés, infantilisés …
Ne sont-ils pas capables de se tenir dans une école ? Sont-ils moins aptes à respecter les consignes sanitaires que des lycéens ? Des collégiens ?
Cette infantilisation engraine une rage légitime chez ces étudiants. Elle est aussi un argument de la direction pour maintenir l’école fermée.
Ils ne savent pas se gérer, ils resteront donc chez eux.
Et pourtant, quand il s’agit des partiels la sécurité des étudiants n’existe plus.
La direction a en effet affirmé dans le mail de réponse à la lettre que l'etablissement avait décider de maintenir les partiels en presentiel tout en laissant tous les cours en visio-conférence.
Ce choix a été qualifié de décision « collégiale », sous entendant le soutien des professeurs.
Et pourtant, lorsque les élèves en ont discuté avec ces derniers, les professeurs sont tombés des nues, n’ayant jamais entendu parler de la lettre ni même des requêtes des étudiants.
La direction a en effet impliqué les professeurs, sans même les prévenir, dans une décision qu’elle avait pris seule et contre le vœu des élèves.
Marie m’explique que les étudiants ont donc été forcés de passer leurs partiels en présentiel. Mais la question se pose, pourquoi est-il plus compliqué de gérer des cours, comme des TD d’une trentaine de personne, qu’une semaine d’évaluation dans des amphithéâtres de 120 personnes ?
De plus, les règles sanitaires ne sont en aucun cas respectées. Les surveillants les expliquent avec leur masque sur le menton, ironique non ?
C’est finalement à l’heure du déjeuner que la situation est la plus aberrante : l’école n’a pas prévu assez de place pour que tout le monde puisse manger au sein de l’établissement et certains élèves sont obligés de s’assoir à même le sol, souvent serrés entre eux.
Ces examens ont eu lieu dès la rentrée de janvier, seulement comment faire pour les élèves atteint du Covid ou cas contacts en période d’incubation ? En effet, beaucoup ont voyagé pendant les fêtes et il est donc dangereux de se rassembler en cas de doute.
L’ICP n’a donné aucune information pour ceux-là. Lorsqu’ils ont finalement annoncé la solution, il s’agissait de déplacer les épreuves, pour les élèves atteints, aux rattrapages de juin 2021. Ce qui a pour impact de doubler la dose de travail demandée pour la fin du second semestre.
La direction est pourtant totalement au courant de la situation qui ne va pas en s’arrangeant et des complications probables des élèves pour valider leur deuxième semestre.
Comment est-il possible d’infliger à une génération déjà sacrifiée une nouvelle charge massive de stress ?
Tout cela en sachant que les élèves ne venant pas aux épreuves de janvier le font pour se protéger entre eux, mais aussi pour protéger l'école.
Marie conclut en affirmant à l’attention du Président de la République et des différents ministres de l’éducation :
« Je suis pour l’effort de guerre mais il est temps d’arrêter de sacrifier l’avenir du pays ».
La source a préféré rester anonyme, son prénom a donc été modifié.