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Quelle relance ? Et si nous osions la reliance

Quelle relance ? Et si nous osions la reliance

Publié le 6 sept. 2020 Mis à jour le 6 sept. 2020 Économie
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Quelle relance ? Et si nous osions la reliance


Psychosociologie d'une relance

Nous sommes passés en quelques mois de priorité sanitaire, de confinement et de distanciation forcées, du management libéré en grande entreprise avec des méthodes agiles de réunion régulière, et de l'économie participative ou solidaire, selon les sensibilités, start up ou microentreprise adaptée, au management directif qui vous veut du bien, aux initiatives entrepreneuriales du " sauve sa tréso qui peut", à l'entraide locale avec l'émergence de véritables clusters hors des cadres habituels. Le principe est d'aider l'autre pour assurer sa propre pérennité. Et l'Etat est le premier à se faire aider de nous tous ici, paysans français, du pays dont il a pris le pouvoir plus que jamais.

La crise sanitaire aurait débouché sur une crise économique selon les critères préhistoriques du siècle dernier.

La relance s'impose dans ce lien de cause à effet, de thèse sans antithèse. Il s'agirait d'une hypothèse de travail imposé tout autre que ce travail, cette collaboration initiée ci et là, à l'épreuve du temps, des équilibres et des réalités qui pourrait s'instituer et prendre toutes ses libertés, légitimes.

Pas question de suspensions de paiements mais plutôt de jugement, pas de fermetures ou de ralentissements. Foncez foncez citoyens. La marche c'est pour les faibles. L'Etat se prétend les pleins pouvoirs de quelques aiguillages vers des voies décrétées plus rentables, plus sociales et plus écologiques. Selon des paramètres aussi artificiels et mouvants que ceux de l'épidémie qui n'est plus mais qui court toujours, aux ordres d'une relance mythique.

Le gouvernement dit soutenir l'activité rentable, la cohésion sociale et l'écologie incontournable.

La rentabilité est la différence entre des prix et des coûts, entre une offre et une demande. Raréfier augmente la valeur et la convoitise. Si les masques n'avaient pas manqué il n'est pas sûr qu'ils puissent être produits en accessoires de mode et vendus quatre à six fois le prix du masque de base.

D'autres manques consentis valorisent d'autres biens et d'autres services émergents : le conseil en organisation du travail, les plateformes de téléconférence (Zoom a fait un bond de 350% de son chiffre d'affaires), les spectacles, à peine réouverts, ils font le plein quel qu ait été l'intérêt initial pour des offres de qualité très variable. La consommation est redevenue subversive. Le divertissement s'étend aux relations de travail. Tous sur écran c'est fun. La restructuration d'entreprise se justifie poussée à bout, à fond, au dernier cran social.

Le "cas social" est le consommateur le plus sûr. Tout ce qu'il a reçu comme aide et tout ce qu'il recevra sous différentes formes d'assistance à personne en danger, louable, irréprochable, passera dans la réduction de son écart avec les autres, les nantis, ceux dont l'aide est permanente. Puisqu'il n'y a plus et il ne doit plus avoir de différences dans ce qui compte à l'échelle de notre époque : écran plasma pour tous, mobile et tablette, SUV et loisirs au Puy du Fou et dans d'autres foires reémergentes.

Le travailleur, social comme de la classe moyenne, se rapproche du stand de foire qu'est la patrie souveraine. C'est ensuite la situation du forain qui fait gagner de nouvelles cartouches aux enfants de son stand de tir. Ils les consommeront jusqu'à la dernière alors qu'ils auront payé leur ticket d'entrée sans jamais récupérer ni la mise ni le gros lot escompté"

L'écologie s'était imposée d'elle-même, avec la réduction drastique de nombre d'activités humaines : l'importation, l'aérien et l'exportation de services, le tourisme et la finance. La reprise est directement entre les mains des consommateurs, des usagers et des intermédiaires. Si leurs choix demeurent locaux, s'ils sont viables sans peine, ils mettront en exergue l'escalade irrationnelle. Pourquoi ne pas laisser chacun assumer les difficultés réelles et développer sa créativité, ensemble et individuelle ?

Parce que ce sont nos États qui sont à la peine, ce sont eux qui ont renoncé et qui renoncent à la manne fiscale escomptée dans une course à la dette qui semblait être sans fin et qui ont distribué les aides très rapidement avec la certitude de les rattraper. Ces aides ne faisaient qu'anticiper le grand emprunt européen qui se négociait en coulisses bien de mois plus tôt que la date officielle.

La psychologie des foules est celle que le magicien connaît bien : accaparer son attention en apparence, massivement, la détourner de ces détails qui font la différence, à son avantage. Et place au prochain numéro de scène. Tant que la salle reste pleine.

La psychologie des groupes permet le théâtre d'impro et la descente sur la place publique pour pouvoir produire ensemble des solutions et des renoncements possibles. S'il est un leader, il ne peut pas durer sans la participation confiante du groupe engagé. Des comités de quartier, d'entreprise, d'éducation, d'art et de raison économique qui imaginent et qui produisent à partir des réalités et pour des besoins sensés, qui ne demandent plus rien, qui inventent leur vie, de quartier, d'entreprise, de transmission, de liberté, ce serait ça la relance sans la lance, l'aiguillon, du percepteur et bénéfacteur supposé être état nation légitimé et l'Europe enlevée au prix d'une rançon sans fin : la dette monétaire et la pauvreté des idées.


La vraie relance est une reliance. Se relier dans des groupes à taille humaine, cela est de notre pouvoir, psychodynamique et écosystémique naturelles, individuelles et collectives. Dans l'être plutôt qu'à l'abri de l'état.

En illustration, L'enlèvement d'Europe comme un refondement mythique râté.


Eva Matesanz Psychanalyste Groupaliste Bloggeuse et Youtubeur www.ever-mind.fr


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