Nous sommes le 18 septembre 2015.

Pourquoi le préciser ? Ceci n’est pas un journal intime, bon sang !!!

Je suis dans une salle d’attente. Tu es parti faire cet examen que nous redoutions tant. Aujourd’hui est le commencement de notre nouvelle vie. Aujourd’hui, nous allons savoir pourquoi notre enfant tant désiré ne daigne se montrer après trois années à l’espérer.

Aujourd’hui est le jour où j’ai le moins aimé être dans une salle d’attente…

Alors, viendra ? Viendra pas ?

Réponse des médecins : “Tout va bien !”

Pourquoi, dans ce cas, ça ne fonctionne pas ? Si tout va bien, s’il n’y a rien. Pourquoi ce qui devrait être simple est compliqué?

Pourquoi s’embête-t-on à faire notre possible pour avoir un enfant s’il ne veut pas venir par lui-même !

Dimanche 15 novembre 2015

Je vais être papa…

Lundi 9 mai 2016

Salut Junior ! Ne t’inquiète pas, c’est un nom provisoire. Alors comme ça, tu es un garçon ? Un mini moi, peut-être, artiste dans l’âme et grand solitaire! Ou alors tout le contraire. Vu comment tu cognes ta mère, il y a des chances que tu sois un électron libre, une tornade, un courant d’air.

Qui seras-tu ?

Mardi 21 juin 2016

Lucas.

Il en sera donc ainsi…

Mercredi 21 septembre 2016

Cela fait quelque temps que je n’ai plus couché de mots dans ce carnet futile.

Dans 3 jours, tu auras 2 mois. Bon sang, c’est difficile d’être père. Toi, tu nous aimes, je crois, sans que nous ne le méritions vraiment. Nous faisons notre possible. Nous t’aimons sans demi-mesures. Mais qu’il est difficile d’être parent, et ce n’est que le début…

Un jour, dans une salle d’attente…

Bonjour Lucas.

Si tu lis ces quelques lignes, sache que, premièrement, j’espère être mort, sinon cela signifiera que tu as fouillé dans mes affaires et je vais te casser les dents.

Deuxièmement, si je suis tombé comme tombent les Hommes, un jour ou l’autre, sache que je t’aime malgré tes hurlements incessants de bébé effrayé. Tu es encore si jeune à l’heure où j’écris ces mots sur les pages de ce vieux carnet, seul dans une salle d’attente semblable à d’autres salles d’attente… tout aussi vide de sens, et dénuée de lever de soleil.

C’est mon cœur que tu tiens dans tes mains. Ce vieux bouquin aux pages scarifiées d’encre noire. Tu y trouveras ma vision du monde, mes sentiments, mes inspirations, mes lacunes orthographiques (je t’interdis de me juger si ta moyenne de français ne dépasse pas 15/20 minimum).

Je vais, à présent, te parler un peu de moi, si tu veux bien. Je m’appelle Teddy (je n’ai pas choisi) et je suis né à Nantes, le 10 août 1986 (on m’a forcé à sortir). Ma vie a véritablement commencé avec ta mère et tu as tout révolutionné. Tu as fait de moi l’homme que je suis. J’espère être un père juste et respectable, et que notre relation soit meilleure que le néant qui résume ma relation avec mon père.

Ta naissance ne s’est pas très bien déroulée. Mais elle a permis de détecter la maladie qui rongeait silencieusement le ventre de ta mère. À l’heure où je noircis ces pages, elle est en train de passer un scanner histoire de voir l’étendue des dégâts. Si tu n’avais pas été là, si l’accouchement n’avait pas été aussi chaotique, nous serions restés dans l’ignorance… Les choses n’arrivent jamais par hasard…

Un jour de Février 2017

La vie est cruelle.

Oh je sais bien, on n’est pas à plaindre, il y a toujours pire ailleurs… blablabla, mais bon sang ! Pourquoi doit-on revivre ça ?

Ils ont déjà tellement ‘‘joué’’ avec toi avant et après Lucas. Ils t’ont piqué, découpé, recousu, pesé, mesuré, gavé de cachetons, endormi, réveillé, fait pleurer… Pourquoi encore? Pourquoi ne nous laissent-ils pas tranquilles, tous les trois, vivre comme il se doit ? Ok, ils ne font que leur travail, et ils le font bien. Je les remercierai sûrement dans quelque temps. Je crois. J’espère… J’ai peur !

Voilà, c’est dit ! “Ouin Ouin, il flippe ! La lopette !”

Bien oui, j’ai peur, et je l’assume, je le pleure, je le crie.

Et si…