

Chapitre 43 :L’écoute dans l’ombre
Sur Panodyssey, tu peux lire 10 publications par mois sans être connecté. Profite encore de 9 articles à découvrir ce mois-ci.
Pour ne pas être limité, connecte-toi ou créé un compte en cliquant ci-dessous, c’est gratuit !
Se connecter
Chapitre 43 :L’écoute dans l’ombre
Chapitre 43 : L’écoute dans l’ombre
La lumière tamisée du restaurant baignait les visages tendus du groupe. La table ronde, décorée avec soin, ne suffisait pas à masquer l’atmosphère pesante qui s’était installée dès les premiers plats.
Amélisse, en apparence détendue, observait chacun avec attention, choisissant ses mots avec prudence, tout en laissant le micro dissimulé dans son collier faire son œuvre. Elle ne pouvait empêcher la sueur froide qui glissait doucement dans son dos.
À quelques mètres de là, dans une voiture banalisée, l’inspecteur Martin était assis, casque audio vissé sur les oreilles, bloc-notes à la main. Il écoutait attentivement.
— “Voyons voir si quelqu’un mord à l’hameçon…”, murmura-t-il.
Marbella tranchait dans son steak, le regard ailleurs, pendant que Yoann fixait tour à tour Badou et Cyril, comme s’il pressentait que quelque chose se tramait.
Puis Amélisse lança, d’un ton léger mais calculé :
— « Vous vous souvenez du feu de cheminée, cet hiver ? Ce soir-là où Félicia s’est… enfin, vous savez… c’était surréaliste. »
Un silence instantané couvrit la table comme un drap. Marbella releva lentement les yeux.
— « Pourquoi tu reparles de ça ? » demanda-t-elle, la voix tranchante.
— « Juste… pour voir si vous vous en souvenez comme moi », répondit Amélisse, feignant l’insouciance. « Il me semble que certains étaient dans la cuisine, d’autres à l’étage… c’était flou. »
Cyril serra les mâchoires. Aminata baissa les yeux. Badou, lui, tourna sa cuillère dans son verre d’eau sans dire un mot.
Dans la voiture, Martin griffonnait : Cyril réagit fortement. Aminata évite . Yoann neutre.
Puis Amélisse poursuivit :
— « D’ailleurs, vous vous rappelez, j’avais reçu une notification pile au moment où elle est tombée ? »
— « Amélisse, arrête », dit Yoann. « Pourquoi tu ressors tout ça maintenant ? »
— « Parce que parfois, les souvenirs reviennent. Et que certains détails peuvent être… utiles, non ? »
Martin écoutait en retenant son souffle.
Il murmura :
— « Bien joué, mademoiselle. Voyons si quelqu’un craque. »
Yoann allait répondre, mais Marbella le devança.
Elle posa lentement sa fourchette, essuya le coin de sa bouche avec la serviette et fixa Amélisse, les yeux mi-clos, le ton plus sec qu’à l’accoutumée :
— « Ok, très bien. On va sûrement tous être interrogés bientôt, je l’ai bien compris. Mais est-ce que c’est vraiment nécessaire que tu nous cuisines comme ça ? »
Le silence s’épaissit autour de la table. Amélisse soutint son regard, mais ne répondit pas immédiatement.
Marbella poursuivit, calmement, mais avec une froideur glaciale :
— « Ce qui s’est passé, on s’en souvient tous très bien. Ce n’était pas un dîner d’anniversaire, Amélisse. Ce n’était pas une anecdote de vacances. C’est pas comme si c’était un souvenir non marquant, tu vois ? »
Yoann baissa légèrement les yeux, tentant de désamorcer.
— « On est tous un peu tendus, c’est normal. »
Mais Martin, dans sa voiture, annotait fébrilement :
Marbella venait à peine de terminer sa phrase quand le téléphone d’Amélisse se mit à vibrer. Elle sursauta légèrement en voyant le nom affiché sur l’écran.
— « Cyril… » murmura-t-elle.
Tous se figèrent.
— « Réponds ! » souffla Aminata, les yeux grands ouverts.
Amélisse se leva lentement de table, attrapa son téléphone et s’éloigna de quelques pas. Elle activa le haut-parleur — réflexe inconscient ou stratégie inconsciente ?
— « Allô ? »
La voix de Cyril, déformée par la distance, résonna avec une gravité inhabituelle.
— « Salut… Désolé pour le silence. J’avais besoin de temps. »
Dans la voiture garée non loin, l’inspecteur Martin redressa légèrement le volume de son micro. Il sourit à peine.
— « Voyons voir… »
Yoann et Marbella échangèrent un regard inquiet.
— « Pourquoi maintenant ? » murmura Yoann.
Carl, quelque part dans l’ombre, aurait sûrement dit : parce que maintenant, c’est trop tard pour faire marche arrière.
Image leonardo Ai
Barbara Wonder

