

Page 19 - Ma France
Sur Panodyssey, tu peux lire 10 publications par mois sans être connecté. Profite encore de 9 articles à découvrir ce mois-ci.
Pour ne pas être limité, connecte-toi ou créé un compte en cliquant ci-dessous, c’est gratuit !
Se connecter
Page 19 - Ma France
Je me souviens de ce qu’était ma France avant que tout parte en fumée.
Ma France, c’était d’abord la liberté. La liberté de dire, de penser, d’aller et venir, de chanter. La liberté de choisir quoi lire, quoi regarder, quoi écouter, quoi manger... Ma France, c’était aussi l’égalité, pas partout, c’est vrai, pas pour tout le monde, mais à mon niveau, moi, j’y croyais. Je me disais qu’avec le temps, on finirait par y arriver. Et puis ma France, c’était surtout la fraternité. Il n’y avait pas de couleurs, juste des copains. Il n’y avait pas de dieux entre nous, pas de frontières. Ma France, c’était Thomas, Marine, Mohamed, Pablo et nos fous rires. Pas de communautarisme ni de replis identitaires, on était potes, on était frères, des bancs de l’école jusqu’au cimetière... Ma France, c’était les Guignols de l’info, c’était les Nuls, c’était Renaud. Et puis Coluche, Brel, Ferré, Barbara, Piaf et Aznavour... Et Tintin, Astérix, Dorothée... Ma France, c’était les radios libres. C’était Gabin, Audiard... C’était Desproges, Coluche, De Funès et Le Splendide... Et puis même Zidane, tiens !
Ouais, même pour moi ! L’équipe 98, Black Blanc Beurre... Ma France, c’était la gauche, avant qu’elle meure. C’était "Interdit d’interdire !"
Ma France, c’était mon enfance, c’était avant... Avant qu’on ne puisse plus rire de tout, avant qu’on réécrive l’histoire, qu’on efface, qu’on éteigne ce qui ne plaît pas. Avant qu’on réduise au silence les opinions différentes. Avant qu’on se colle des étiquettes encore plus ostentatoires sur le front pour justifier l’inclusivité, alors que l’inclusivité, c’est de mettre la différence de côté et de regarder l’autre dans les yeux quand on l’écoute.
Ma France, elle se respectait et acceptait son passé, qu’elle en soit fière ou qu’elle en ait honte. Elle ne reniait pas sa culture, sa langue, ses traditions... Ma France, c’était le pays des droits de l’Homme, pas la terre promise qui ouvre les bras et laisse l’humain crever de faim, de froid... Crever d’avoir cru qu’en France, la devise faisait loi : Liberté, Égalité, Fraternité, pays des Lumières, des droits de l’Homme...
Aujourd’hui, ma France brûle, et si Marianne pleure, impuissante, c’est qu’on a piétiné son cœur de révoltée, de combattante, et que l’espoir s’amenuise, enseveli sous les braises, de sortir de la crise sans asseoir sur la chaise un extrême. Qu’il soit de gauche, qu’elle soit de droite... Puisqu’à trop pisser sur le Gaulois, il finira par déifier la première arnaque fielleuse, brandissant sa tronçonneuse.
Ma France est celle d’Hugo, des poètes humanistes, dont les vers, dont les mots, survivent encore à la censure bien-pensante, à la hiérarchisation des souffrances et à la dictature des donneurs de leçons.
Marianne, mon amour, je ne suis qu’un humble troubadour, apolitique et sans autre religion que celle du bon sens. Sans autre devise que celle de ma France.
Ma “Douce France, cher pays de mon enfance, on a vu souvent rejaillir le feu d’un ancien volcan qu’on croyait trop vieux. Un beau jour, ou peut-être une nuit, avec le temps tout s’évanouit...”
J’suis un enfant de l’Hexagone. Un sale râleur patriotique. Cœur vendéen, âme bretonne, Poète lyrique et romantique.

