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Pourquoi faire appel à un correcteur ?

Pourquoi faire appel à un correcteur ?

Publié le 22 févr. 2023 Mis à jour le 23 févr. 2023 Culture
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Pourquoi faire appel à un correcteur ?

Vous êtes nombreux à penser que votre bon, voire excellent, niveau en grammaire et en orthographe vous dispense de faire appel à un correcteur professionnel. Cet article a pour ambition de vous expliquer pourquoi cela ne suffit pas car les erreurs relevées par un correcteur ne concernent pas uniquement les fautes d'orthographe ou de grammaire.

Quand on écrit, on se concentre sur le fond, sur le message que l'on souhaite faire passer et la forme peut parfois nous échapper. On reformule souvent et un accord peut ne pas être corrigé en tenant compte de la nouvelle version. Enfin, quand on relit son propre texte, même plusieurs fois, on est susceptible de laisser passer des fautes. Vous verrez à la fin de l'article que c'est aussi mon cas.

Pour vous convaincre, j'ai dressé la liste des erreurs les plus courantes, abstraction faite des fautes d'orthographe et de grammaire sur lesquelles je reviendrai dans de prochaines publications :

Un mot de liaison oublié, souvent un petit mot, un « de » ou un « et » que l’on a cru voir mais qui n’est pas là

Parce que (le saviez-vous ?) notre cerveau pallie nos carences, il nous trompe. Il « lit » correctement un mot qui n’est pas bien écrit ou ajoute un mot de liaison car il a déjà vu ce mot, ou cette expression, auparavant et il se sert de sa mémoire visuelle pour nous faire croire qu’il est bien orthographié ou que tous les mots sont bien là. Une étude(1), parfois controversée, circule sur internet et démontre que si la première et la dernière lettre d’un mot sont bien placées et qu’au milieu du mot les lettres sont mélangées, vous arriverez quand même à lire le texte. C’est caricatural bien sûr, mais cela montre bien que notre cerveau peut nous berner, pour la bonne cause certes, mais cela ne nous arrange pas forcément quand il s’agit de corriger un texte.

(1) Sleon une édtue de l’Uvinertisé de Cmabrigde, l’odrre des ltteers dnas un mot n’a pas d’ipmrotncae, la suele coshe ipmrotnate est que la pmeirère et la drenèire lteetrs sinoet à la bnnoe pclae. Le rsete peut êrte dnas un dsérorde ttoal et vuos puoevz tujoruos lrie snas porblmèe. C’est prace que le creaveu hmauin ne lit pas chuaqe ltetre elle-mmêe, mias le mot cmome un tuot.

 Une virgule mal placée qui modifie le sens de la phrase

« À table, on va manger les enfants ! » (famille de cannibales) ou « À table on va manger, les enfants ! » (famille traditionnelle). C’est évident dans cet exemple, mais ça ne l’est pas toujours et il faut parfois interroger l’auteur pour confirmer ce qu’il a voulu dire et ne pas mettre le contraire en corrigeant malencontreusement.

Une typographie non vérifiée

La typographie comprend la ponctuation, dont les espaces, les symboles, les chiffres et autres caractères spéciaux. Si vous ne mettez pas d’espaces insécables entre « 10 » et « % », il est probable qu’au cours de la manipulation du texte « 10 » se retrouve en fin de ligne et « % » en début de la ligne suivante, ce qui est incorrect et gêne la lecture. Il en est de même pour "madame_Dupont" ou "vingt_euros".

Une mauvaise casse

Dans la typographie, on trouve également l’utilisation des majuscules (capitales) et des minuscules (bas de casse) que l’on appelle « la casse » dans notre jargon. C’est certainement la partie la plus difficile de la formation de correcteur. Nous ne savons pas quand mettre une majuscule tout simplement parce qu’on ne nous l’a jamais appris, ou mal appris. Croyez-moi, les règles sont particulièrement compliquées. Comme les anglophones, nous en mettons souvent trop et au mauvais endroit (aux mots qui nous semblent importants ou que nous voulons mettre en avant par exemple), sans tenir compte des vraies règles typographiques. Il faut cependant rester souple car cette pratique anglophone est usuelle dans le milieu de la communication ou sur les sites web. Nous pouvons proposer des modifications aux auteurs, mais nous ne devons pas les imposer. L’usage prévaut et, un jour, il deviendra peut-être la norme. En attendant, il faut appliquer les règles, aussi complexes soient-elles.

Un exemple pour illustrer mes propos, dans un titre d’ouvrage (livre, pièce de théâtre ou autre) :

  • quand ce dernier commence par un article indéfini (un ou une), ou que c’est une phrase, on ne met de majuscule qu’au premier mot : Une vie, Les héros sont fatigués ;
  • quand il commence par un article défini (le, la, les, l’), on met une majuscule à l’article ainsi qu’au premier substantif qui le suit et à l’adjectif qui le précède, mais pas à l’adjectif qui le suit : La Divine Comédie, mais La Comédie humaine ;
  • par contre, quand deux termes d’un titre sont jugés comme étant de même importance, ils prennent tous les deux une majuscule : Le Rouge et le Noir.

Vous comprenez mieux la difficulté ? Et ce n’est qu’une petite partie des règles qui gèrent la casse. Il en existe un livre entier, la bible des correcteurs, Le Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale (un « I » majuscule à « Imprimerie », mais un « n » minuscule à « nationale », une autre règle !).

Des signes de dialogues qui ne sont pas homogénéisés et ne permettent pas une lecture fluide

Quand on ne sait plus qui parle à qui, ni même parfois si ce sont bien des dialogues, il y a de quoi perdre le fil d’un récit et abandonner la lecture. Il n’y a rien de plus pénible que de devoir remonter quelques pages pour essayer de comprendre un texte. 

Une information erronée

Sur demande de l’auteur, en plus de la correction classique, le correcteur peut également vérifier l’information qui figure dans le texte. Il se porte alors garant de la véracité des faits énoncés. Si on écrit, par exemple, que la bataille de Valmy a eu lieu le jeudi 21 septembre 1792, il faut vérifier la date et notamment que c’était bien un jeudi ! Si on parle du festival des Vieilles Charrues, il faut tenir compte de l’année où il n’a pas eu lieu à cause de la Covid et indiquer qu’il s’agissait bien de la 31e édition en 2023 et non de la 32e (si on ne s’était basé que sur la date de la création du festival). De même, le correcteur chasse les anachronismes et vous évitera de mentionner un micro-ondes dans votre récit avant la fin des années 80, voire 90, même s’il a été inventé en 1946. Dites-vous qu'il y aura toujours un lecteur pour vous reprendre sur les réseaux et que là encore, le correcteur peut vous aider.

Si le correcteur est efficace dans la chasse aux fautes, c'est parce que son regard est différent.

Il s’attarde sur chaque mot, chaque signe (lettre, chiffre, espace, ponctuation, etc.), chaque accord, chaque préfixe, suffixe, adverbe, etc. Je vous invite à regarder le lien ci-dessous pour comparer le chemin fait par l’œil d’un correcteur avec celui fait par l’œil de quelqu’un qui ne l’est pas (mais qui peut être bon en orthographe et en grammaire !).

https://www.youtube.com/watch?v=TSeTLb9MMyQ

C’est impressionnant et c’est même perturbant au quotidien, je vous assure ! Pour en avoir discuté avec plusieurs collègues correcteurs, nous constatons que nous avons dorénavant du mal à lire un roman, ou une revue, en étant parfaitement détendus et en nous concentrant uniquement sur le fond. Dans notre formation, on nous apprend même à lire un texte à l’envers pour mieux débusquer les erreurs. C’est un métier qui, comme tant d'autres, s’appuie simplement sur des techniques qui permettent d’être plus efficace. Certains autodidactes s'en sortent très bien car ils ont créé leurs propres techniques, d'autres comme moi les ont apprises de professionnels qui pratiquent depuis longtemps.

Enfin, chers auteurs, si vous avez la moindre crainte pour l'intégrité de votre ouvrage, de votre œuvre, soyez rassurés, un correcteur professionnel ne réécrit en aucun cas votre texte, il le respecte comme il respecte votre style et le registre utilisé pour le lectorat ciblé. Il n’est pas auteur, à chacun son métier. Le correcteur est le cadre qui entoure le tableau et le met en valeur, mais ce n’est pas lui l’artiste, c’est l’auteur. Il corrigera ce qui n'est pas négociable mais vous fera des propositions pour le reste et vous êtes libres de les accepter ou non si elles ne vous conviennent pas. Vous aurez toujours le dernier mot.

En conclusion, j’espère vous avoir interpellés sur l’utilité de la correction professionnelle d’un texte quel qu’il soit, afin que son impact soit plus fort sur le lecteur qui peut alors se concentrer sur le plus important : le fond et le message, ou les émotions, que vous avez voulu faire passer.

 

En toute transparence avec vous, à la relecture de mon texte, j'ai trouvé :

  • 0 faute d’orthographe, ouf, j’ai eu chaud !
  • 2 fautes de grammaire, dont un petit mot de liaison oublié et une répétition maladroite... impardonnable.
  • 6 erreurs de typographie, principalement des virgules et des parenthèses à ajouter pour davantage de clarté et une espace insécable manquante (et oui, en typographie, le mot espace est féminin, je ne m'y ferai jamais). Je précise que j'ai corrigé cette faute sous word mais que je ne peux pas le faire sur cet éditeur. S'il y a une coquille typographique, je n'y serai donc pour rien... mais je culpabiliserai quand même ;)

 

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Commentaires (7)

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Bernard Ducosson il y a 1 an

Analyse très intéressante mais aussi inquiétante ! Pensez-vous que des textes "d'humour" comme les miens qui intègrent jeux-de-mots et toutes figures de rhétorique possibles, puissent subir la même dissection que celle que vous venez de proposer ?
Mille mercis

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Correcto Ergo Sum il y a 1 an

Corriger sans gommer l'âme de vos textes, ou devrais-je dire de vos poèmes, serait un beau challenge. Pas de "fôtes" (comme vous l'écrivez) dans l'échantillon que je viens de lire, mais je vais m'abonner et poursuivre mes lectures avec grand plaisir, ne serait-ce que pour découvrir votre collection privée de fusains qui sont magnifiques.

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Bernard Ducosson il y a 1 an

Hé, je ne sais pas comment mes pastels vont apprécier d'être traités de fusains ! Pourquoi donc noircir le tableau ?

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