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[ Les Larmes de la Déesse #1 ] feuilleton d'héroic fan

[ Les Larmes de la Déesse #1 ] feuilleton d'héroic fan

Publié le 20 mars 2022 Mis à jour le 6 avr. 2022 Culture
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[ Les Larmes de la Déesse #1 ] feuilleton d'héroic fan

tSa voix prend un ton de crainte respectueuse. Il est apaisé de voir le terme du voyage. Le chevalier contemple une cascade souterraine couronnée de ruissellements. En courant le long de la paroi des filets d’eau suintent et forment des stalactites. La chevelure jaillissante rugit ses gouttelettes et s'élève d’un à plat vertical de quatre-vingts pas. Les prières de la foule de pèlerins qui se pressent à ses pieds couvrent à peine le brouhaha des eaux qui s'épanchent en plusieurs petits bassins dans la caverne monumentale. Le groupe de quatre personnes qu'accompagne le chevalier commence à circuler entre les bassins, à la recherche d'une stèle gravée en vieux vardoozien.

- On appelle ces vasques naturelles, les Fontaines de pierre. Des ascètes de tous les peuples viennent ici depuis le commencement des temps, s'abandonner aux jets de la cascade pour être statufiés vivants. Certains par dévotion, d'autres pour entrer en méditation et atteindre l'illumination.

Le nain tapote avec le pommeau de son arme le bord humide d'un vase scellé au sol et sculpté de bas-reliefs. Son geste exploratoire ne permet pas de déterminer s’il est simplement pensif où s’il regarde une chose en particulier. Il a parlé à l'adresse d'une semi-elfe qui avance prudemment. Il poursuit :

- D'autres enfin, amoureux transis ou amants éconduits, trouvent cette issue moins déshonorante que le suicide. Et plus culpabilisante pour celle ou celui que cela vise.

Son ton s'est fait plus appuyé à l'attention de la semi-elfe. Comme s'il fallait interrompre quelque chose, le clerc qui les accompagne ajoute :

- Sait-on d'où vient ce pouvoir pétrifiant qui cependant maintient la conscience et la vie ?

- On ne le sait pas. Et pour tout dire on s’en moque. Ce qui importe c'est de trouver la stèle qui nous permettra d'en apprendre plus sur ce barbare. Il est probablement la clé qui nous ouvrira le nouvel antre de Tamat. C’est la seule piste dont nous disposons depuis que nous cherchons.

L'homme qui vient de parler est jeune. Il a pris son temps pour retirer ses gants fins et la capuche d'une cape gris souris. Il décroche de sa ceinture un réceptacle à herbes.

- Et il n'y a pas moyen de sortir ces gens de leur état d'enterrés vivants ?

La semi-elfe fait une moue attristée en se tournant vers le jeune homme.

- Justement, c'est pour cette raison que j'ai été embauché : voici l'Épice orange ou Croix-Vive. C'est une herbe à brûler qu'on ne trouve qu'à Xouröt, le plus haut sommet de l'Empire. Les religieux s'en servent pour les invocations depuis des temps immémoriaux.

Le clerc, en scandant son pas de son bâton de pèlerin, s'approche du jeune homme en tendant la main. C’est un homme de grande taille au ton modéré et à la démarche assurée. Ses compagnons l’appellent par son prénom, Boltansk, bien qu’il ait la particule dont se contentent les derniers nés de la noblesse vardoozienne. L’âge mûr et l’aura d’autorité de l’homme d’église n’impressionnent en rien le jeune homme.

- Remets-la-moi et mettons-nous en quête de la stèle. Nous approchons du but.

- Cela est inutile, pieux et vénérable Boltansk. J'ai trouvé l'ascète. Si vous voulez bien me suivre.

Le chevalier s'était absenté. Il interrogea des membres de la sainte milice qui gardent l'accès aux bassins. La stèle aurait été introuvable sans leur aide. Elle avait disparu sous des agrégats d'éclaboussures solidifiées. C'était ce qu'il advenait des statues qui n'étaient pas entretenues régulièrement.

L'ascète était assis en tailleur, le dos droit et le front haut. Les traits de son visage se distinguaient encore nettement. La commissure de ses lèvres laissaient entrevoir un sourire placide. Sa vêture d'une seule pièce, très large et l'absence de chevelure lui donnaient l'allure d'un moine en plein recueillement. Le jeune homme avait fait durer le moment avant de remettre l'épice au clerc. Ce dernier passablement agacé par ces simagrées entra dans le bassin, s'immergeant jusqu'à la ceinture, veillant à garder une main en l'air, pour que l'herbe reste sèche. Il tournait en rond sans trop savoir où se placer devant la statue. Le nain lui tendit un briquet à amadou en lui désignant un rocher sur sa gauche, sur lequel une coupelle affleurait. Sa forme avait quasiment fusionnée avec le rocher, par couches successives de sédimentation. L'action qui se déroulait en cet instant se noyait dans l'indifférence des autres groupes de pèlerins. Ils s'affairaient en ablutions, prières et cantiques, sans rien voir d’autre que ce pourquoi ou pour qui ils étaient venus. La semi-elfe, concentrée :

- Ne la faites pas brûler. Sa seule présence en offrande devrait suffire à éveiller l'immortel.
À peine avait-il posé le brin sec d'épice dans la coupelle, que les yeux de la statue devinrent luisants. Puis des parcelles de peau au niveau du visage, des avant-bras, des mains, se mirent à rosir. Des pans entiers de pierre commencèrent à se dissoudre. En quelques instants une nouvelle silhouette vivante se tenait au milieu d'eux, surgit de la pierre.

- Qui me ramène de ma longue prière ?

Chacun des membres du groupe s'approcha et se présenta. Le clerc demanda à l’immortel s'il avait bien été conseiller personnel d'un héros aujourd'hui disparu. Une fois son identité établie de façon certaine, le clerc se fit plus précis.

- Honorable Ener Georg Komaï, nous souhaitons savoir si Konrad le barbare a été mêlé aux événements qui ont précédé le siège de Port-Kro, jusqu'à sa conclusion. Et ce qu'il serait advenu de lui ensuite.

- Bien, je vais tenter de faire revivre pour vous ces événements dont aucun des protagonistes n’a su prévoir l’issue. Certaines croyances parlent d’une main du destin guidée par une divinité aveugle ou de la grande tablée des dieux qui délibère au théâtre de nos vies, en tirant les ficelles d’une troupe de marionnettes appelées mortels. Mon expérience de méditant me laisse à penser que chacun doit répondre de ses choix, mais que rien n’est écrit : quelle que soit l’intention, celle-ci peut sombrer dans l’absurde ou gravir les échelons de la gloire.

Au delà de cette pierre blanche qui envahit tout, il y a pour le méditant attentif et persévérant l’ouverture sur une vision aux multiples rameaux. J’ai pu retracer le chemin parcouru par chaque être, acteur de cette histoire, qui a pu éclairer cette portion de vie de mon maître. En mettant en œuvre une technique de méditation découverte et expérimentée par moi-même.

Grâce aux Larmes de la Déesse, bénies soient elles et Sa chevelure baignée de larmes - il regarde la cascade au dessus de lui - dont l’écume statufie les pensées non abouties, j’ai pu mettre en vision chaque scène, m’arrêter sur chaque personnage, revenir en arrière et reprendre par la vision d’une autre individualité, le fil invisible de leur devenir.

Invisible, pas tout à fait : chaque personnage porte avec lui un filament de couleurs, qui n’apparaît qu’au troisième œil des méditants et à certaines créatures qui parcourent les méandres du Temps. C’est en remontant les fils individuels des protagonistes que j’ai pu reconstituer le récit qui révéla chacun à sa propre nature. Ainsi fut la Vouivre dévoilée.

Car ce n'est pas le maître qui trouve l’élève, mais bien l’élève qui choisi le maître. Et tout maître véritable n’apparaît que quand l’élève est prêt.

Je dis mon maître car s’il est à l’origine de mon parcours d’ascète, j’ai fait partie du premier groupe de ses suivants. Ce petit groupe de résistants qui s’étaient rassemblés clandestinement à la porte Est de Port-Kro. Et qui forma la nouvelle phalange de partisans qui le suivit, plus tard, dans les provinces septentrionales de l'Empire.

Ma fonction ? J’étais une sorte de chapelain errant. Je pourvoyais à l’accompagnement des familles qui se formaient autour de Konrad, tant qu’il voyagea. Je célébrais les naissances en cérémoniant l’attribution d’un nom, mais aussi les mariages ; je procédais à l’accompagnement des mourants, aux oraisons funèbres.

Konrad autorisait toutes les croyances tant qu’elles laissaient la part belle à l’individualité, à la floraison du Bien et à l’encouragement du libre arbitre. C’est ainsi qu’il devint mon Seigneur. Il fut tout autant un ami, un compagnon de route et un suzerain.

Mon maître n'était pas loquace. Je me demande parfois qui parmi ses proches aurait pu cerner le fond de sa pensée ? Des esprits malveillants ont prétendu que si mon maître parlait peu, c'est qu'il était faible de caractère comme d’esprit. Ce masque de silence ne l’a pas empêché de devenir un roi aimé par ses sujets. Son royaume, il le bâtit de ses propres mains. Ses ennemis ont été impitoyables, mais il s'est fait fort de toujours endurer, survivre et vaincre ce qui pourrait le détruire.

 

Le méditant ajuste sa posture sur le rocher, comme s’il venait de s'asseoir. Son visage passe d’une expression neutre à un sourire inspiré. Tout en parlant, il fixe chacun de ses interlocuteurs avec une expression compatissante.

- Ce que je vais vous conter à présent a été rapporté par les témoins de ces jours funestes et ravivé par le fruit de mes propres souvenirs. À l'époque j'étais jeune moine errant. Notre monastère avait été détruit lors de la première invasion de la Colonie. Le père supérieur avait donné ordre à notre congrégation de se disperser et avait confié à chacun de nous un koan.

Le koan est une énigme à conserver comme support de réflexion personnelle dont chacun devait lui rendre compte, une fois l'an, quand la communauté se réunissait sur les ruines de notre centre spirituel.

La semi-elfe fait passer à ses compagnons son manteau, pour que l’on couvre les épaules de l’ascète. Celui-ci lui adresse un sourire de gratitude en recevant le vêtement, dont il s'emmitoufle avec application.

- Le koan se délivre du maître à l’élève. Le maître permet ainsi au prétendant d’expérimenter la plus grande Lumière en ouvrant une porte en soi-même qui n’a pas vocation d’être refermée.

Mon koan était de trouver le guerrier pacifique et de servir sa destinée.

La première rencontre avec mon maître a eu lieu alors que je mendiais à la porte Est de Port-Kro. Il revenait de son lieu de prière.

Lire le chapitre suivant : La Crique 

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