Chipie
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Chipie
J’attendais avec impatience ce moment ! Mon humain s’est levé tôt ce matin, il a filé sous la douche comme si le panier où il dort était infesté de puces, avalé en vitesse sa boisson noirâtre qu’il appelle « café », rangé la petite boite fine et allongée, qu’il m’interdit de toucher et dont je n’ai parfois même pas le droit de côtoyer, quand il parle devant et répond à des voix, dans un sac. Il m’a juste laissé le temps de filer entre ses jambes lorsqu’il était en train de refermer la porte de sa maison. J’espère qu’il ne va pas rentrer trop vite ! Me voilà, enfin, tranquille !
Je me promène dans la fraîcheur du matin. Je prends le temps de me faire les griffes sur l’arche qui soutient ces fleurs qui sentent fort et qu’il appelle « roses ». Voilà un joli petit marquage matinal de fait !
Je profite de ma liberté retrouvée, après lui avoir tenu compagnie pendant les quelques jours où il est resté chez lui, affalé sur son panier dénommé « canapé », devant le grand miroir où parlent et bougent des autres humanoïdes tout plats et qu’il appelle « tv ». C’était long ! Mais je l’aime bien mon humain, et davantage encore quand il me donne des croquettes friandises, des morceaux de poissons lorsqu’il cuisine ou qu’il me gratouille le menton.
J’écoute les discours des oiseaux. J’avance avec précaution dans l’herbe redevenue verte après les orages de la semaine dernière. Quelques gouttes déposées par la pluie fine de la nuit, humidifient un peu mes coussinets. Je vais devoir me nettoyer sérieusement en rentrant !
Pas grave ! Cela me permet d’avancer sans bruit vers le vieux pommier. Quelques griffures au bas du tronc, et hop ! je saute et grimpe dans la couronne de branches dont les feuilles frissonnantes, sous l’effet d’une brise fraîche de fin d’été, me dissimulent.
De ce perchoir, je peux surveiller la cour où viennent picorer de bien imprudents et appétissants moineaux, observer un rouge-gorge esseulé, absorbé par la dégustation d’une poire tombée, sourd aux pépiements de ces commères de mésanges.
Voilà une scène qui ressemble fort à une mise en bouche !
Texte Ysa Lapiert (30 minutes chrono)