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Barry Lyndon : l'acharnement pour le réel

Barry Lyndon : l'acharnement pour le réel

Publié le 17 juil. 2019 Mis à jour le 25 sept. 2020 Culture
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Barry Lyndon : l'acharnement pour le réel

Barry Lyndon est probablement le film historique le plus réaliste qui soit. 

Kubrick signe  un chef d’œuvre avec un long métrage que personne n’attend.

Sorti en 1975, le réalisateur New Yorkais avait déjà mis le cerveau en vrac de la moitié de la planète avec le déroutant 2001 : a space odyssey (1968) et l’inconfortable mais virtuose A Clockwork Orange (1971). Il revient, en se réinventant, une fois de plus, avec la magnifique ascension et terrible descente aux enfers de Redmond Barry dit Barry Lyndon.

Passant d’un Londres d’anticipation à une Irlande du XVIIIè siècle, Kubrick compose son  film le plus esthétique, une véritable peinture vivante, animée par un casting de haute volée.

 

Redmond Barry, jeune homme ambitieux issu d’une famille désargentée veut se faire un nom dans l’aristocratie anglaise. Il pense pouvoir y parvenir en épousant sa cousine dont il est amoureux. Tout ne se passe pas comme prévu quand il doit fuir son Irlande natale après avoir tué au duel (c’est ce qu’il croit) un haut gradé de la garde britannique, promis à cette dernière. Exilé de son pays, sans un sou après s’être fait dépouiller lors de sa fuite, Barry se retrouve enrôlé de force dans l’armée prussienne.

En bon collabo, il met ses qualités en avant (au tir et à l’escrime notamment) pour gravir l’échelle sociale et retourner en Grande Bretagne. Ce sera chose faite, et, de retour, il y rencontrera la magnifique Lady Lyndon, dont le mari est un noble influent et très fortuné. Il ne lui faut pas longtemps pour convoiter cette femme, l’épouser, et profiter de la fortune de son mari. Il parviendra à ses fins, mais ses frasques et ses dépenses excessives le conduiront à sa perte.

 

Ce film, Kubrick l’a conçu comme si c’était un documentaire fait à l’époque où se déroule l’histoire. Pour renforcer cet effet, il use d’une voix off, et d’un point de vue plus technique, à des caméras et des objectifs bien particuliers. Il utilise Mitchell BNC avec un objectif Zeiss de focale 50 mm et d'ouverture f/0,7 initialement conçu pour la NASA ! Du Kubrick dans toute sa splendeur… Mais pourquoi se servir d’un dispositif aussi rare ? Le réalisateur, dans sa quête de réalisme, ne voulait que de la lumière naturelle, en accord avec l’époque de l’histoire. Les scènes sont donc tournées à la lumière du jour ou à la bougie. Il y gagne également une grande profondeur de champ, ce qui donne l’impression d’observer une peinture vivante aux couleurs fidèles à celles utilisées par les peintres de l’époque.

Pour en revenir à la caméra, il faut savoir qu’elle est extrêmement onéreuse et que la Warner (le studio produisant le film) n’en possédait que deux. Petit problème, l’objectif de la NASA ne monte pas dessus. Kubrick ne se souciant pas de la rareté de la caméra demande à ce que des modifications soient faites dessus. Des modifications qui seront irréversibles ! rendant la caméra beaucoup moins polyvalente et inutilisable pour quelqu’un d’autre.

Avoir un matériel adapté est une chose, encore faut-il que les éléments présents à l’image suivent aussi. Et c’est chose faite. Tout est tourné dans des décors d’époque. Les costumes, quant à eux, sont tous faits à partir des pièces originales d’époque.

Mais Kubrick pousse son souci du réalisme encore plus loin. « Le cinéma doit avoir l'air réaliste, puisque son point de départ est de faire croire à l'histoire qu'il raconte » exprimait-il au sujet du film. Et pour coller à ses paroles, il a adopté la même démarche pour la musique. Chose étonnamment rare dans les films d’histoire, il n’y a aucun anachronisme musical dans Barry Lyndon. Enfin si, un seul. Que le réalisateur a tenu à justifier lui-même. A la recherche d’un thème d’amour à l’image du couple Redmond Barry/Lady Lyndon, il se heurta à un problème. Il ne trouvait rien d’assez mélancolique dans la musique du XVIIIè siècle pour illustrer cette relation.

Pour pallier cela, il fera appel à la somptueuse Danse n°1 en mi bémol majeur ; Trio pour piano et cordes no 2, op. 100 - 2e mouvement de Frantz Schubert.

Hélas Barry Lyndon ne trouvera le succès qu’il mérite à sa sortie. Ce sera même un échec commercial aux États-Unis et dans le reste des pays anglo-saxons.

Il aura un joli succès en Europe et raflera quatre Oscars (meilleure création de costumes, meilleure photographie, meilleure direction artistique, meilleure adaptation musicale pour film).

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