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7 jours de guerre - Chapitre I : les hostilités

7 jours de guerre - Chapitre I : les hostilités

Publié le 7 nov. 2022 Mis à jour le 8 nov. 2022 Culture
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7 jours de guerre - Chapitre I : les hostilités

La vie dans une prison est particulièrement rude. Que ce soit en tant que détenu ou en tant qu’agent de détention, le calme du quotidien peut rapidement basculer en un interminable enfer.

L’histoire se passe il y a quelques années, mais elle est gravée à jamais dans ma mémoire à cause de son déferlement de rage et de violence. Elle concerne deux ethnies qui n’ont jamais réellement pu cohabiter et qui ont en sont arrivées à un point de non-retour.

L’élément déclencheur reste toujours un mystère. Peut-être un mot de travers ou une dette quelconque. Après tout, en milieu carcéral, tout est sujet à des tensions, quel qu’en soit le motif. Toujours est-il que l’affaire en question a pris des ampleurs qui ont marqué pour longtemps les murs de l’établissement où j’ai exercé mes fonctions.

À l’époque, il s’agit d’un jour comme un autre, où la monotonie du travail s’installe au fur et à mesure que les tâches s’organisent et sont accomplies. Compter l’effectif au petit matin, s’informer sur les conduites journalières au tribunal, connaître le tournus des promenades, organiser les séances de sport, distribuer le courrier… 

Malgré cet habituel cheminement, en dépit du calme apparent, chacun est aux aguets. Évidemment, c’est le métier qui l’exige. Déjà, lors de la formation, ce type d’état d’esprit est inculqué à chaque recrue. Néanmoins, au bout de quelque temps, il finit par apparaître naturellement. A force d’évoluer dans un contexte si particulier, ça en devient une sorte de sixième sens.

Pourtant,  alors qu’il est 14h10 et que la moitié de la journée est passée, il n’y aucun signe qui laisse penser qu’une véritable bataille s’apprête à éclater. Le seul incident relevé jusqu’ici est une légère altercation entre deux détenus, un peu plus tôt, lors de la distribution des repas. Ils ont failli en arriver aux mains et chacun y a été du vocabulaire le plus riche qui soit pour proférer des insultes. 

Ensuite, plus rien. De mon côté, étant donné que c’est mon unité qui bénéficie de l’heure de promenade, je profite pour faire la fouille d’une cellule. Ce n’est pas mon activité préférée, mais elle est nécessaire. Les détenus sont de véritables experts pour occulter des objets qu’ils n’ont pas le droit de posséder. Même la caverne d’Ali Baba a du souci à se faire

En bon élève, tel que cela m’a été appris par mes référents durant mes premières affectations, je vais dans un sens précis afin de m’assurer que tout est contrôlé dans les moindres détails. Après avoir vérifié les toilettes, cachette stratégiquement désagréable, c’est au tour des étagères en bois. Ces rayons représentent un véritable cabinet des curiosités.

Qu’elle n’est pas ma joie de découvrir une barrette de cannabis dissimulée dans une pile de caleçons sales. Une trouvaille qui va valoir aux occupants un petit séjour au cachot pour détention de marchandise illicite. 

Je continue à chercher le moindre élément suspect. Je suis proche de la fenêtre, lorsque j’entends des hurlements. Probablement une partie de football trop animée. C’est une chose courante après tout. De plus, j’ai fini ma fouille et je dois taper un rapport.

Je referme tranquillement la porte de la cellule, m’avance dans le couloir de l’unité, me préparant mentalement à entamer la rédaction du rapport, lorsque soudain, une alarme retentit. Je regarde d’où elle provient : la promenade ! Immédiatement, je me mets à courir aussi vite que possible. J’emprunte des escaliers pour me rendre directement sur les lieux. Là, je constate qu’il se produit une scène dont j’étais loin de me douter.

Une soixantaine de détenus ont engagé un combat intense et enragé dans lequel ils s’affrontent à mains nues.. Éparpillés sur toute la surface du terrain, ils forment des petits groupes. Certains sont composés de deux ou trois individus qui s’en prennent à un seul. D’autres se rouent de coups à forces égales. Quelques-uns ont la chance d’être épargnés, car ils ne participent pas aux festivités, par peur ou par simple indifférence. Après tout, il y a des personnes que rien n’atteint, même si l’apocalypse frappe à leur porte.

J’en aperçois deux, isolés dans un coin, qui se saisissent mutuellement par le cou. Le plus costaud réussit à avoir le dessus sur le plus fébrile. Tel un serpent qui attrape fermement sa proie, il enroule son bras autour de la nuque de son adversaire. Celui-ci croise mon regard. Je lis l’horreur dans ses yeux.

Des collègues pénètrent dans l’enceinte de la promenade pour faire cesser la bagarre générale. Hélas, ils n’obtiennent pas le moindre résultat. Pourtant, d'habitude, la présence des uniformes dissuade efficacement les esprits les plus chauds. Pas cette fois. Non, cette fois, la situation est hors de contrôle…

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