Roman historique et fantastique de cape et d’épée
Dans le clair matin, au seuil majestueux du Palais du Louvre, Flavia se dresse, vêtue d’une tenue de labeur. Elle se dirige vers l’homme en charge des attelages, le Voiturier, dont les allées et venues sont incessantes entre les Grandes Écuries, abritant la prestigieuse cavalerie royale, et le Manège. Ces édifices se trouvent en lisière des somptueux Jardins des Tuileries, une enfilade de verdure encadrant l’accès au Palais.
L’homme auquel elle s’adresse est le chef d’orchestre de ce ballet équin, un personnage de prestance et d’autorité. Même si ses supérieurs désignés par le Roi sont Antoine de Pluvinel et Roger de Bellegarde, nobles courtisans, le Voiturier ne revêt pas l’attitude altière de la noblesse de cour. Ses oncles ont cité ces deux noms, afin que Flavia puisse rapidement identifier les deux individus qui fréquentent régulièrement ces lieux. En dépit de sa charge, garantissant à sa famille une vie à l’abri des besoins et des rigueurs hivernales pour de nombreuses années, le Voiturier n’est pas de naissance noble.
La jeune Flavia, coiffée d’un bonnet dissimulant sa chevelure abondante, le salue sans toutefois se découvrir comme l’étiquette l’exige. Une façon de confirmer qu’elle n’est pas d’ascendance noble. Les premiers échanges se font en silence, et l’homme lui confie la tâche de nettoyer trois boxes d’écurie. Après cela, elle devra rejoindre un groupe de jeunes aides d’écurie pour l’entretien de la sellerie. Son ultime mission consistera à rapporter une selle de parade au Manège une fois que les autres auront achevé leurs corvées. Ce sera son test, sa manière de prouver sa valeur.
Avec une détermination farouche, elle s’acquitte de ses tâches, parvenant à s’intégrer rapidement au groupe des autres lads. Ils lui apprennent les ficelles du métier, lui expliquent comment choisir, équiper et transporter une selle. À son arrivée au Manège, Flavia repère le Voiturier, qui observe avec satisfaction le ballet gracieux des étalons, adossé à une barrière.
Ses yeux expriment l’approbation, et il lui remet un denier en guise de salaire pour sa première journée de dur labeur. Une récompense qui, pour Flavia, apparaît véritablement « royale ». Désormais, elle a gagné le droit de se présenter chaque aube, au lever du soleil, pour accomplir sa nouvelle tâche.
***
Le froid mordant de ce 18 février 1601 n’affecte en rien la détermination de Flavia, qui, depuis plusieurs semaines, s’évertue à honorer ses fonctions dans les vastes Écuries jouxtant les majestueux Jardins des Tuileries. Aux côtés de ses jeunes camarades, elle s’applique principalement à soigner et préparer les montures royales pour leurs nobles cavaliers. Les carrosses du Palais, d’une rareté presque équivalente aux joyaux royaux, ne sont disponibles qu’en nombre restreint. Leur qualité exceptionnelle doit leur existence au zèle du Voiturier, bien plus qu’à la nécessité de leur présence.
Ce titre, toutefois, ne tire pas son origine de la simple attache aux carrosses, mais de la volonté inébranlable du Voiturier de faire de ces véhicules des œuvres d’art. Le résultat est incontestable : ces véhicules sont de véritables bijoux roulants, l’apanage des plus grandes familles aristocratiques et de quelques administrations royales qui possèdent les moyens de les entretenir ainsi que les équipages qui les accompagnent. Le Voiturier, soucieux du prestige de sa charge, veille à sélectionner avec soin les vingt ladres et cochers responsables de ces trésors roulants. C’est une équipe triée sur le volet et un honneur que d’en faire partie.
Flavia a tenté à maintes reprises de se faire remarquer afin d’intégrer cette élite des Écuries royales, mais jusqu’à cette heure, la chance lui avait été cruellement rétive. Chaque journée est marquée par un flot continu de cavaliers, aristocrates et courtisans, qui convergent incessamment vers les Écuries pour leurs montures.
Ils déposent leur fière monture auprès du premier lad aperçu, sachant que lorsqu’ils reviendront, leur destrier se tiendra sagement dans son box, sellé ou non, conformément à leurs instructions.
Les visiteurs d’une nature plus anonyme bénéficient, eux, d’attaches solides, d’abreuvoirs, voire de mangeoires disposées à l’entrée des Écuries. Personne ne se chargera de leurs montures, mais l’endroit est réputé sûr, permettant de vaquer en toute tranquillité à leurs occupations. Au fil des semaines, Flavia a ainsi constitué une collection mentale de silhouettes et de visages, aux confins de sa mémoire, de cavaliers et d’hommes qui pourraient correspondre aux deux mystérieux individus qu’elle avait croisés lors de cette funeste soirée où le théâtre avait été dévoré par les flammes.
Puis, un jour, ou plutôt un matin, la fortune lui sourit. Elle distingue, dans un carré voisin de
celui qu’elle nettoie, la fameuse rapière au pommeau d’ébène qu’elle avait si longtemps cherchée. Alors qu’elle se relève après avoir dispersé de la paille, ses yeux se posent sur cette silhouette dont elle ne perçoit que les jambes et la ceinture.
Elle se plaque contre le mur, une lucarne entre deux poutres offrant une parfaite couverture. Elle observe, presque fébrilement, l’arme qui pend à la ceinture de l’homme, tandis qu’il échange des mots avec un autre lad, tout en caressant la croupe de sa monture.
L’homme émet ses directives d’une voix calme et assurée, annonçant qu’on doit retirer la selle lorsque la monture se sera suffisamment reposée, puis la conduire dans les boxes réservés à la Maison de la Reine, expliquant que le cheval porte le nom d’Artaban. Flavia, fixant le pommeau noir de l’arme, comprend subitement pourquoi sa forme s’était gravée avec tant de netteté dans son esprit. Cette rapière était, ni plus ni moins, la représentation d’une pièce d’échecs, la silhouette du fou. C’est à présent une certitude. Il ne lui manque plus qu’une confirmation visuelle pour en déterminer précisément la forme. Ce détail vestimentaire est devenu une obsession à part entière pour la jeune femme.
L’homme a déjà quitté le carré, se dirigeant vers la sortie. Heureusement, Flavia a achevé sa tâche actuelle. Elle dépose sa faux dans une brouette, se hâtant de la ranger dans un recoin dédié, près de l’entrée. Elle ne le quitte pas des yeux. Il ne se doute guère de sa présence, elle s’est parfaitement fondue dans l’environnement. Un simple ajustement de son bonnet, pour que ses sourcils soient bien dissimulés, lui rappelle avec nervosité que leurs regards se sont déjà croisés.
L’homme, une fois hors des Écuries, progresse d’un pas paisible et nonchalant.
Il longe l’immensité des jardins, son regard s’attardant sur les fenêtres du Palais des Tuileries, résidence royale dédiée à la Reine. Elle l’observe enfin dans sa totalité. C’est un homme d’âge mûr, à la chevelure brune, à la barbe naissante. Ses cheveux sont soigneusement coupés. Toutefois, alors que Flavia se détachait de l’obsession du pommeau, elle se remémore désormais sa voix, cet accent italien si distinctif, presque mélodieux, un chant roucoulant. Les pièces du puzzle de sa mémoire se mettent peu à peu en place, fusionnant les éléments du Théâtre enflammé avec ceux du Bal des Noces. Devant elle se tient Concino Concini, un confident de Marie de Médicis.
Son apparition est soignée, bien que sa monture trahisse qu’il vient de chevaucher de longues heures. Ses vêtements, bien que non ostentatoires, portent des broderies d’argent, une fraise, une culotte bouffante, et des souliers à talonnettes aux rebords saillants. Alors qu’il avance, il desserre son pourpoint de cuir, déboutonne son gilet matelassé, puis retire délicatement ses gants en cuir brun clair. Flavia grave dans son esprit tous ces détails. Il émerge alors sur l’esplanade, mais elle se rend compte qu’il serait ardu de le suivre sans qu’il ne s’en aperçoive. Elle se place adossée à un mur, l’observant du coin de l’œil, guettant son itinéraire. Il longe le bâtiment des Tuileries, le dépassant, la laissant derrière lui.
Flavia ressent le besoin impérieux de le retrouver du regard, dès qu’il aura tourné au coin du bâtiment. Lorsqu’elle atteint finalement le point où il a viré, elle aperçoit fugacement sa silhouette gravissant les marches du Palais de la Reine, s’engageant par la porte principale.
Un garde, gentilhomme du corps, se tient à la porte, inclinant la tête respectueusement à son passage.
A SUIVRE…
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Pour gagner un exemplaire broché dédicacé envoyé via Mondial Relay aux frais de l’auteur, participez au jeu vidéo proposé à la fin de chaque chapitre. Le mini-jeu, différent à chaque fois, vous rapporte des Points de Renommée (PR) notés au Palmarès. Dès que vous remportez un total de 100 PR, vous gagnez le livre qui vous sera remis dès sa sortie. Vous serez contacté par courriel.
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L’univers de ce roman est issu d’un jeu de rôle intitulé le Masque et l’Epée, disponible uniquement à la commande sur le web au format livre broché ou ebook.
Le jeu de rôle comprend une histoire à jouer, type livre dont vous êtes le héros, où l’on retrouve le personnage de Flavia, qui sert au scénario d’introduction livré avec le jeu. La seule différence avec le roman dont vous venez de lire un extrait, est qu’à la fin de chaque chapitre vous devez choisir un numéro de chapitre en fonction des choix que vous pensez que devrait faire Flavia.
Ce roman, Noces d’Hiver, est donc le récit des choix qu’a fait Flavia face aux intrigues à Paris en cette année agitée de 1601. Il est donc la libre interprétation de l’auteur, des nombreux choix qu’ont pu faire les joueurs dans le cadre d’événements ludiques, quand le Masque et l’Epée était présenté en démonstration « one shot », lors des dernières décennies.
Le roman étant encore en cours de rédaction, vous pouvez participer aux « choix » de la communauté de joueurs de cape et d’épée via la Page et le Groupe dédié. L’auteur lit attentivement les commentaires de ses lecteurs et parfois s’en inspire pour modifier le cours de l’histoire… Surtout si une majorité de lecteurs si liguent pour faire passer une idée !
Le Masque et l’Epée a son propre métavers dédié via PC et mobiles avec l’application web Gather Towm. Cliquez ici pour vous connecter via votre navigateur web.
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