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En campagne
C’est Noël.
Serrant mon peignoir en éponge effiloché, je m’installe devant l’âtre. Je suis assise par terre, sur le carrelage tiède réchauffé par le feu de cheminée. L’ombre des branches du sapin qui sèche doucement, alourdi de ses décorations kitsch, s’étend et danse souplement au rythme des flammes. Je m’attarde. La maisonnée dort. Je regarde les bûches incandescentes, rongées minutieusement.
Les flammèches bleues lèchent le bois, impitoyables. Ce sont les têtes de pont de l’armée du feu. Elle sont conquérantes, intrépides. Elles avancent, quoi qu’il leur en coûte. Je remarque qu’elles encaissent quelques pertes, certaines s’éteignent, la bûche était encore humide à cet endroit, elles n’iront pas plus loin.
Mais elles n’ont pas dit leur dernier mot. D’autres naissent, increvables, et s’avancent, grignotent, se tortillent, goulues et sans répit. Elles sont secondées par les saboteurs et les démineurs, des étincelles minuscules et claires, qui viennent à grand renfort d’explosifs se pulvériser pour ouvrir au gros des troupes le passage.
Enfin, l’armée toute entière se déploie. Les flammes montent, triomphantes. Au son des cors et des trompettes, le feu brandit ses plus belles conquêtes. La bûche craque et se plie, elle rompt, elle casse, tombe dans la cendre volatile, soulevant au passage quelques particules de poussière anthracite. Des morceaux de braise rougeoyants à l’intensité changeante évoquent les battements d’un coeur au ralenti qui lentement expire.

