

Au feu!
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Au feu!
Il fait nuit.
Je suis toute étonnée d’être encore éveillée à l’heure interdite. Le coeur battant, je me précipite, j’y suis même invitée, on m’appelle, on me presse.
Je risque un pied dehors. Le vent de ce mois d’octobre n’a aucune considération pour mon pyjama et le transperce sans vergogne. Passablement gelée, la peau glacée, mes pieds recroquevillés dans mes pantoufles, je m’avance dans le jardin. En face, tout brûle. On ne voit que ça. Ce brasier, cet enfer.
Le feu est une énergie tragique, une énergie de vie, de mort, de renaissance. Une monstruosité qui se débat, qui cherche par tous les moyens à s’échapper par la fenêtre de cette maison voisine en flammes. L’incendie fait rage et je suis happée.
Sidérée, je contemple frissonnante l’énorme bulle de feu qui fait exploser la croisée et se pousse au-dehors, sans pour autant réussir à s’envoler complètement. Elle s’élève, fulminante, lèche les murs crépis puis se rétracte, comme pour reprendre des forces. Elle se replie puis rugit de nouveau et s’élance. La fournaise vibre, gonfle, crache enfin sa chevelure de Gorgone puis, comme une vague, se retire. Encore et encore. On dirait un effort désespéré pour tout emporter, pour faire exploser jusqu'au soleil.
Mais c’est raté, Madame... Encore une fois, allez…
Elle hurle, que le diable m’emporte, se déploie et se projette, elle y met du coeur, elle luit de toutes ses forces.
Pourtant, pour peu qu’ils m’impressionnent sur fond de ciel nocturne, ses dégradés d’orange corrosifs ont vocation à s’éteindre, vaincus enfin, trahis par leur appétit.
Et il ne restera plus que les murs à l’aube, zébrés de suie, piteux dans l’air humide de ce matin d’octobre.

