Chapitre 3 - Amour impossible?
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Chapitre 3 - Amour impossible?
Le lendemain matin, éreintée mais comblée, Marie déchanta vite face à ses parents et à l’homme qui était attablé avec eux. Portant une branche de genêt d’or à son veston, Marie reconnut immédiatement un Baz Vallan, l’entremetteur de couples de Plougastel.
- Le jeune homme avec qui tu as dansé toute la nuit hier n’est pas un inconnu : c’est Jean La Gell de Saint-Claude, je suis désolé, annonça-t-il, votre union est impossible.
En effet, depuis la nuit des temps, les La Gell et les Kervalle étaient en « guerre » et nul besoin d’être de Plougastel pour savoir que leur Amour était sans avenir. Marie, même si elle avait toujours été la plus docile et la plus respectueuse des filles, se révolta contre ses parents et s’enfuit à travers champs.
De son côté, Jean La Gell vivait exactement le même conflit au sein de sa famille. Un autre Baz Vallen de Saint-Claude était venu s’entretenir avec ses parents pour avoir le même discours. Jean, en plein désarroi, se dirigea en pleurs jusqu’au Roch’ Koad Pehen, le plus haut rocher qui surplombait l’Elorn. C’est là que les deux amoureux s’étaient donnés rendez-vous en secret la veille. Lorsque Jean arriva en haut du Rocher, Marie l’attendait déjà, inconsolable. Alors, sans jamais dire un mot, ils se firent face, se donnèrent la main, s’embrassèrent pour la première fois comme si c’était la dernière ; et se jetèrent dans un même élan, du haut du Rocher. Sans un cri, les deux tourtereaux s’envolèrent à jamais et disparurent aussi vite que leur Amour était né.
Quelques jours plus tard, dans l’église du bourg qui avait rarement aussi été pleine, les familles et proches des deux camps étaient pour une fois réunis sous le même toit, pour pleurer les amoureux maudits.
- Il n’y a rien de plus triste que de mourir d’un Amour impossible ; dit le curé Baod, qui intima l’assemblée à cesser ces querelles ancestrales et à se faire un geste d’amitié pour que nul ne revive un drame pareil. Malgré l’insistante du messager de Dieu, dans un silence de mort, aucun des camps ne bougea. A la sortie de l’église, le seul son qui se fit entendre était celui du glas et au fur et à mesure que l’assemblée se séparait, le son des cloches se faisait de plus en plus lointain. Aucun des fidèles n’en fit part, suivant avec mélancolie, les deux cortèges vers des destinations finales différentes... car même dans la mort, les amoureux ne pouvaient être réunis.