Chapitre 6 - Une lumière dans la nuit
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Chapitre 6 - Une lumière dans la nuit
Une fois tous les fidèles sortis de l’église, Augustine s’approcha du curé prostré et lui confia sa vision. En entendant ces saintes paroles, le curé Baod reprit des couleurs et de l’espoir et dit :
- Dieu nous met à l’épreuve mais ce qu’Augustine a vu ne peut être qu’un miracle. Notre presqu’île n’est peut-être pas perdue…
Le curé pria Augustine de faire tout son possible pour rester en vie. Dieu lui avait confié une mission et elle devait suivre les paroles de la Sainte Vierge. Quant à lui, il devait se rendre au plus vite au chevet du seigneur de Kererault, le plus puissant de la presqu’île. Atteint lui aussi de la peste, il devait aller lui donner l’extrême onction dans son manoir. Arrivé juste à temps à son chevet, le seigneur lui souffla une dernière promesse :
- Si je suis le dernier mort de la peste, un calvaire sera édifié en ex-voto près de l’église Saint-Pierre.
A ces mots, la vie du seigneur de Kererault s’éteignit.
Le curé Baod alla alors prier dans la petite chapelle attenante au manoir, qui surplombait l’Elorn et sa forêt. A peine entré, un sentiment de paix le gagna et y voyant encore un signe, il décida de faire tout ce qui était en son pouvoir pour réaliser le dernier vœu du seigneur. Dans la petite chapelle, il avait eu une vision : il allait faire ériger un calvaire comme on n’en avait jamais vu en Bretagne, avec cent quatre-vingt statues sculptées qui représenteraient les scènes les plus importantes de la vie de Jésus.
De retour au bourg, il rassembla tous les compagnons du coin, encore en bonne santé : tailleurs de pierre, maçons, sculpteurs… à réaliser l’ultime promesse du seigneur Kererault au Seigneur.
Comme tant d’autres, le père Kervalle répondit à l’appel. Il allait partir pour plusieurs mois à la carrière de Logonna pour y extraire les pierres qui serviraient de socle au calvaire. Il aimait profondément sa femme et sa dernière fille, mais il ne pouvait plus rester sans rien faire, à attendre une nouvelle fois que la foudre s’abatte sur sa famille et son pays. Il étreignit une dernière fois sa femme, lui fit un dernier baiser, peut-être d’adieu par les temps qui courraient, et il partit vers le sud avec d’autres compagnons.