Veillée Funéraire
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Veillée Funéraire
26 Nov 2012
En plein au cœur de l’âme africaine. Celle qui vit, qui vibre, qui s’agite au rythme de la musique. Il faut venir dans cette rue en terrequi part du bitume, où déambule tout une population variée aux intentions diverses, vendeurs de rue, enfants rentrant chez eux, badauds, promeneurs, ceux qui reviennent d’une course et ceux qui viennent là se retrouver… Il faut les entendre, ces tambours qui résonnent dans la nuit, ces ngomas, ces ngonguis, ces lokoles, ces tsakalas, et le dong-dong, percussions congolaises qui distillent une rythmique endiablée, en chœur, en écho, se répondant l’un l’autre, en solo, puis reprenant tous ensemble un autre air sur l’indication du dong-dong… Il faut les voir, ces corps en sueur qui se meuvent, s’agitent, se désarticulent, animant toute une foule, faisant vibrer la terre, éveillant les vivants et réveilant les morts, au son de la musique, en danse, en transe, en esprit de fête.
Parce qu’il s’agit de cela, de fêter les morts. Ou plutôt le mort.Malgré les apparences, il s’agit bien d’une veillée funéraire à laquelle nous assistonsce soir. Il y a quelques jours, le père d’un ami est mort. Alors tout le monde est venu entourer les membres restants de la famille, les soutenir, manifester sa solidarité et récréer le lien social au moment où le lien familial vient d’être coupé. C’est toute la communauté qui est présente et qui se retrouve là tous les soirs.Les amis, les voisins, les amis des amis, les amis de la famille, les voisins des voisins, les passants, les blancs de passage dans le coin, qui viennentsaluer le fils du défunt et honorer par sa présence l’hommage fait au disparu.
Alors la musique vient faire vibrer cette assemblée.Les danseurs assurent le spectacle en se succédant au milieu de la piste improvisée.Le rythme frénétique vient te chercher, te prendre, te happer, t’entraîner dans un balancement en rythmeavec le reste de la collectivité. Des hommes chantent en lingala, leur langue originelle, un air que l’ensemble des percussionnistes reprend en chœur. Ca boit, ça rit, les bassins frétillent, marquent le tempo, chacun se prend au jeu, musiciens, danseurs, simples observateurs, la chaleur monte, le ciel est noir et paisible tandis que la Terre vibre de la vie que tous viennent mettre ici.
Et nous nous sommes là, spectateurs surpris et médusés, petits intrus blancs parmi les noirs, cordialement invités et suscitant beaucoup de curiosité, captivés par la façon dont on célèbre ici les morts. Nous avons goûté cette nuit au cœur de l’âme africaine, à ses coutumes populaires, à sa philosophie qui se passe bien de mots, mais qui s’exprime plutôt par la vie, la musique, et la communauté des hommes. Il n’y a pas de dramatisation ce soir, seulement une plus grande acceptation du cycle de la vie.