Souvenons nous... (4 mars 2012)
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Souvenons nous... (4 mars 2012)
07 Mars 13
Petit article ecrit le 4 mars, mais depuis on n'avait pas de connexion internet... L'hommage est raté...:-(...des photos suivront, quand on recuperera une conenxion digne de ce nom
Souvenons nous. Il y a un an, le 4 mars 2012, à 8h30. Une énorme détonation a resonné dans toute la ville. Suivie d’une deuxième, puis d’une troisième, à 30 minutes d’intervalle environ. Et de nombreuses explosions annexes. Les vitres des taxis ont explosé. Les toits en tôle ondulé ont été soufflés. Les murs précaires des maisons construites à la va vite se sont effondrés. Toute la ville de Brazza a ressenti les explosions, les a entendus, a vu le nuage de poussière qui a survolé la ville, a ressenti ou subi le souffle de l’explosion sur une superficie de plusieurs kilomètres à la ronde. Des éclats métalliques ont été projeté jusqu’au niveau de l’aéroport, à plus de 10 km du lieu des explosions.
Les spéculations sont allés bon train. On a cru que la guerre avait repris, que des rebelles bombardaient la ville au mortier. On s’est dit que des missiles étaient tirés de l’autre cote de la rive, en RDC. On a revécu l’espace d’un instant les peurs enterrées liées aux souvenirs des évènements de 97 et 98. Finalement, il s’est avéré que c’est la réserve de munitions qui a explosé. A l’intérieur, des cartouches, des obus, des missiles. Bilan officiel : 200 morts, 15.000 sinistrés. Officiel bien sûr. En réalité, ce sont plusieurs milliers de morts que l’on déplore.
Des camps ont été organisés dans plusieurs endroits de la ville avec des tentes de la Croix-Rouge, de l’UHCR, de l’Unicef pour les accueillir. Mais depuis, très peu ont été relogés. Les gens se sont organisés eux-mêmes, trouvant refuge dans la parcelle d’un oncle ou un cousin éloigné. L’état a bien distribué quelques enveloppes pour calmer les tensions qui montaient. Mais encore très peu ont été dédommagés, malgré les promesses qui flottent toujours dans l’air du temps. Quand on passe à Mpila, on voit les vestiges des maisons, ces ruines de murs effondrées ou ces bouts de tôles entassés. Rien n’a été fait à ce jour pour déblayer tout ça. Parfois une tente est installée à l’intérieur, comme un abri de fortune installé sous une poutre de béton qui menace toujours de s’effondrer. La vie a repris son cours, laissant le passé derrière, avec ses traces toujours visibles.
De tout ça bien entendu, aucune information précise des résultats de l’enquête. Qui sont les responsables ? Quelles erreurs ou quelles fautes ont été commises ? Personne ne sait. Un immense brouillard domine sur les causes précises de ces explosions, protégé par les militaires armés qui empêchent tout accès au site. L’Etat fait de la récupération politique de cette catastrophe, en organisant un concert de soutien aux sinistrés du 4 mars et en vantant son action exemplaire dans la gestion de la catastrophe. Il y a comme un air de dépit, à ne rien savoir de ce qui s’est réellement passé. On espère seulement peut-être être un jour indemnisé.
Quand j’entends parler de tout ça, cela me rappelle étrangement ces nombreuses histoires entendues concernant l’explosion d’AZF quand je suis arrivé à Toulouse. Mais on voit bien que dans la gestion de cette situation de crise, on n’est vraiment pas dans le même pays.