Épisode 26 : Enfin le repos
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Épisode 26 : Enfin le repos
La nuit est déjà bien avancée quand Siegfried voit s'élever au loin dans la pluie la masse sombre de la Petite Forteresse. Il marche depuis des heures, depuis tellement d'heures et tellement épuisé qu'il ne pense même plus qu'il a ni faim ni sommeil ni peur. Il ne réalise plus ni l'heure qu'il est, ni quel jour on est, ni même pourquoi et comment il se fait qu'il est en route, à pied et si loin, alors qu'il fait noir. Est-ce ainsi que marchent les soldats qui partent en guerre lors de leurs interminables campagnes ? Il n'en sait rien, et à peine la question lui traverse-t-elle le cerveau - il ne sait trop comment - qu'il décide qu'il n'a pas envie d'en connaître la réponse. Il y en a bien d'autres, des questions qui lui ont traversé le cerveau de la même façon et qu'il a tout aussi prestement renvoyées dans l'oubli.
Cela fait très longtemps qu'il marche, et pourtant, quand il distingue au loin une masse sombre dont il se rapproche petit à petit et qu'il finit par identifier comme la Petite Forteresse, elle lui paraît plus éloignée qu'elle ne l'a jamais été. Voir le but de son voyage lui réveille ses douleurs, sa faim, sa soif, sa fatigue et son impatience d'y arriver enfin. Quelques gardes sont sûrement en train de veiller sur les tours des remparts. Le corps de gardes a des instructions en ce sens. C'est le moment ou jamais de vérifier si elles sont bien respectées...
Petit à petit, en s'approchant, il commence à distinguer les flambeaux qui éclairent les remparts et la route. Lui-même entre petit à petit dans leur lumière. Ses yeux ont du mal à s'y habituer. Il lui semble entendre une voix qui demande : "Qui va là ?" La sienne lui paraît bien faible pour répondre, sa gorge semble y faire obstacle.
Puis il se sent perdre l'équilibre et tomber sur le sol dans un fracas métallique.
Puis plus rien.
Il entend la rumeur d'une agitation qui se rapproche, quelqu'un qui commande d'aller chercher des brancards, un portail qui s'ouvre. On le tâte, on le saisit, on le soulève, on le dépose, on le transporte à l'intérieur. Il lui semble entendre quelqu'un qui dit : "Mon Dieu, c'est Monsieur le Comte"... On parle, on s'interroge, on se consulte, on tient conciliabule. Il est transporté par saccades. Il a vaguement conscience de tout un va-et-vient autour de lui. Et bizarrement, il se sent détaché de toute cette agitation, comme si tout cela ne le concernait pas - ou plus. Il commence juste à étouffer, il sent un marteau lui fracasser le crâne d'un rythme implacable. Il s'agite sur sa couche, ne comprend pas ce qui est en train de lui arriver. Il commence à gémir. Il n'a même plus la force de lever les bras pour saisir sa tête. Où est-il ? Dans la forêt ? À Koerich ? En enfer ? Qui sont tous ces gens ? Quelqu'un, à l'aide... Pourquoi ce marteau dans sa tête ?
Une voix féminine folle d'inquiétude déchire la rumeur.
- Siegfried ! Mon Dieu, que s'est-il passé... Que t'est-il arrivé ? Siegfried ?
Un vague sourire naît sur ses lèvres. Mélusine, oh Mélusine... cette voix qu'il reconnaît entre mille. Donne-moi tes mains Mélusine, pose-les sur mon front, chasse ce marteau infernal de mon crâne, s'il te plaît... Ses mains si fraîches, qui d'habitude lui font tant de bien. Il brûle, il frissonne, il ne sait plus où il en est... Il entend le mot "fièvre" sans savoir qui le prononce, quelqu'un donne des ordres, on fait du bruit, on agite des ustensiles. Il est de nouveau transporté, soulevé, déposé, on le déshabille, on s'exclame, on apporte des récipients, quelqu'un le lave, il ne sait pas qui, il appelle Mélusine qui lui répond "je suis là, Siegfried" et qui lui prend la main, mais c'est lui qui voudrait prendre la sienne. Il ferme les yeux, il ne veut rien voir, rien savoir, rien d'autre que cette voix qui seule l'apaise un peu. Il est content d'être vide, au moins il ne pleure pas. On le sèche, on l'habille, on le couche, on ramène sur lui une couverture, peut-être même plusieurs, il entend le bruit du bois qu'on jette dans l'âtre, celui d'un feu qui crépite. On lui soulève la tête, on approche de ses lèvres une coupe pleine d'un breuvage chaud. Se laisser faire, se laisser glisser, ne plus penser à rien, Mélusine à ses côtés. Ne plus penser. Ne plus penser. Dormir. Dormir. Dormir. Tout oublier. Ne plus jamais devoir se réveiller. Juste la main si fraîche de Mélusine sur son front brûlant comme une fournaise.
Musique : Erik Satie - Gymnopédie n°1
Crédit images : toutes les images publiées dans cette Creative Room sont mes créations personnelles assistées par IA sur Fotor.com, retouchées sur Microsoft Photos