« Ses purs ongles très haut... »
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« Ses purs ongles très haut... »
Béatrix Alexandra, Partir sur une île (B. Alexandra), Hapax, 1984.
Exemplaire singulier
En stylistique, un hapax désigne un mot qu’on ne rencontre qu’un fois dans un corpus, un mot à usage unique, si rare que les traducteurs l’écartent, son caractère exceptionnel empêchant toute certitude, toute comparaison, toute mise en perspective et, par conséquent, toute vérification.
C’est donc un mot difficile à comprendre, dont on ne peut jamais être sûr du sens. Dans son sonnet en x, Mallarmé a ainsi inventé le mot « ptyx » :
« Sur les crédences au salon vide nul ptyx »
Le sens en est obscur, le contexte n’aidant en rien, mais c’était là une intention volontaire de la part du poète qui cherche à bousculer la langue.
H1884
Le label Hapax porte bien son nom, puisqu’il ne compte qu’une publication, ce 45 tours de Béatrix Alexandra, objet unique, eightieserie vaguement rock, dans laquelle elle clame son désir d’aller se mettre au vert :
« Je vivais à New-York et j’en ai eu marre
Puis alors j’ai pris le train et l’avion et voilà
Et je me suis retrouvée à l’autre bout du monde
Loin des égouts, des voitures, loin du monde
…
Refrain :
Partir sur une île
Partir loin des villes »
Le 45 tours est référencé par le code H1884 pour brouiller les pistes et nous faire croire qu’il fait partie d’un vaste catalogue alors que c’est lui le catalogue, l’exemplaire unique, le Hapax. Par cette astuce, Béatrix Alexandra a peut-être cherché à donner plus de sérieux à une autoproduction.
Quoiqu’il en soit, le label comme la chanteuse ont disparu de la circulation après cet essai, assez mignon, somme toute, et plutôt bien produit, une bizarrerie honorable. Hapax une fois de plus. Et tous ces « x » (Béatrix, Alexandra, Hapax) auraient ravi Mallarmé.
Le morceau est en écoute ici.