Ombre et lumière
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Ombre et lumière
Princess Erika, Trop de blabla (Erika Dobong’na), Polydor, 1988.
État de grâce
Princess Erika est surtout connue pour deux morceaux éloignés dans le temps, qui se sont classés dans le Top 50 et ont inondé les radios : Trop de bla bla en 1988 et Faut que j’travaille en 1995.
C’est à Londres qu’elle part enregistrer Trop de blabla. Je connaissais la chanson mais n’ai retrouvé le 45 tours que très récemment. En le réécoutant, j’ai été surpris par sa rythmique reggae et ses paroles très marquées rastafari. Entre le souvenir et la vérité il y a parfois plus d’un pas.
« Car Jah est grand, Rastafari
L’amour est sa puissance »
Ce n’est quand même pas tous les jours qu’on peut entendre de tels propos en français et dans des chansons grand public. C’était le tout début d’un état de grâce pour le reggae en France, dans la première moitié des années 90. On pouvait alors entendre à la radio, et parfois même voir à la télé Tonton David, Pierpoljack, Reglyss (Mets de l’huile), Roco (Rub a dub style) et Raggasonic.
Recyclage
En 2004, Princess Erika a cédé les droits de sa chanson à MMA. « Trop de bla bla » est devenu « zéro bla bla », immense contresens, le beat reggae s’est largement atténué. La chanson, paradoxalement, est entrée dans la lumière du 21ème siècle en même temps qu’elle a disparu dans des méandres obscurs d’une mémoire collective amnésique, saturée de gimmicks, un grand ventre blanc et mou capable de tout avaler, tout digérer, à tel point qu’il est devenu difficile de faire le lien entre deux éléments qui n’en formaient qu’un au départ.
On sait que la publicité, en particulier pour les assurances, recycle des images et des sons évoquant le bon vieux temps, qui rassure, où tout était plus doux : la Maaf et les chorégraphies inspirées de Palace (une vielle émission télé par laquelle sont passés Jean Carmet ou Valérie Lemercier), la Matmut et le duo Chevallier et Laspalès, la CNP et la valse de Chostakovitch.
Vers un revenu universel
Peu à peu pourtant, le matraquage finit par prendre le dessus et relègue l’image ou le son d’origine aux oubliettes. Espérons simplement que Princess Erika s’en est mis plein les poches au passage, histoire d’assurer ses vieux jours :
« Faut que j’travaille
Et me la couler douce
C’est ce que j’aime bien faire »
Beau programme en perspective, hymne à l’oisiveté créatrice et au revenu universel. Vive le droit d’auteur.
Trop de bla bla est en écoute ici.
Faut qu'j'travaille est ici.
Benjamin Mimouni hace 3 años
Bien vu le rapprochement. On reconnait ton attention minutieuse aux mots.
Bernard Ducosson hace 3 años
La marée noire de cette Erika là, laissera quand même un beau souvenir à ceux qui ont connu les deux. Cette touche-à-tout poursuit son chemin, c'est tout le mal qu'on pouvait lui souhaiter.