Notre besoin de consolation…
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Notre besoin de consolation…
Christine Roque, Sale menteur (Corinne Sinclair), WEA, 1988.
Double H
Les adolescents oscillent en permanence entre deux attitudes : se maintenir dans l’enfance, ce qui revient à protéger ses illusions, où s’enfoncer dans l’âge adulte en se confrontant à la réalité. C’est une période charnière : d’un côté Hélène et les garçons, de l’autre Hartley, cœurs à vif. Mes références sont ce qu’elles sont, datées, celles d’un quarantenaire qui a écouté Nirvana du vivant de Kurt Cobain.
D’un côté, un univers aseptisé, sans mal, de l’autre des thématiques sociales et sociétales comme le sida, la violence, la mort. Dans les deux cas, le décor est le même : l’école est le cadre de référence, et la musique est toujours présente, corollaire nécessaire, bande son d’une vie qui se déploie au gré de rythmes et de rimes.
Bien sûr, tout ne peut pas être aussi tranché, il y a du romantisme fleur bleue à Hartley, et des problématiques plus concrètes chez Hélène, l’amour malheureux, qui est universel, transition nécessaire entre le conte de fée et les applis de rencontre.
Chanson de l’innocence malmenée
C’est justement dans cet entre-deux que se tient la chanson de Christine Roque, qui, soit dit en passant, hasard de l’homonymie, a presque le même nom que l’acteur Sébastien Roch, alias Cri-cri d’amour.
Dans le premier couplet on pleure :
« Tu m’as fait mal mais t’as rien dit, tant pis, fini
T’as cultivé la fleur du mal, banal, sans mal
Je m’étais simplement endormie
Sur une épaule près d’un garçon tranquille
J’aimais me sentir contre lui fragile
Je voulais vivre une très belle aventure
Je suis revenue couverte de blessures »
Dans le refrain, on cherche une raison :
« Tout ça pour un menteur sans cœur
Un sale menteur maintenant qui pleure ».
Quand on est triste, on veut que les responsables le soient aussi. Mais le malheur des autres, s’il nous rassure, ne peut pas nous consoler. Le retour de bâton ne suffit pas. Certes il pleure, c’est déjà ça, mais son chagrin à elle ne disparaît pas pour autant. Seul le temps atténue la souffrance ; on n’oublie rien, on s’habitue, chantait aussi Jacques Brel :
« Une année vient de passer sans toi, ça va, crois-moi
Je revois plein de copains perdus à cause de toi
Y en a même un près de qui je suis bien
…
Je vis avec lui une très belle aventure
Et on ne voit plus la trace de mes blessures »
Et avec le dernier couplet arrive le temps de la vengeance :
« Maintenant tu veux revenir vers moi comme ça, rêve pas
Je ne retomberai plus dans tes bras, trop tard, faut pas
C’est ta faute ne t’en prends qu’à toi »
C’est toujours Corinne Sinclair la parolière attitrée de Christine Roque (voir un article précédent), et la chanteuse, entre la femme et l’enfant pousse la voix dans les aigus au point de la faire presque craquer, elle habite pleinement son univers et raconte le tragique de la trahison, de l’amour sans réciprocité, des illusions perdues, de l’innocence qui se désagrège et disparaît un peu plus loin chaque jour. Pas vraiment de quoi se réjouir. Grandir, c’est renoncer à cette part d’idéal, mais c’est aussi apprendre à faire avec, apprendre à préserver ses combats, choyer la révolte, être capable de juger l’adulte qu’on est devenu avec les yeux de l’adolescent qu’on était.
Comme quoi, même une chanson à l’eau de rose peut nous conduire à des réflexions inattendues. C’est ce qui est si touchant avec la variété et le populaire. L’idiot ne l’est jamais autant que ce qu’il semble.
La chanson peut s'écouter en suivant ce lien.