¡Felicidades! Tu apoyo al autor se ha enviado correctamente
Fondaco des Turcs 4/10

Fondaco des Turcs 4/10

Publicado el 22, ene., 2023 Actualizado 1, oct., 2023 Cultura
time 5 min
0
Me encanta
0
Solidaridad
0
Wow
thumb comentario
lecture leer
1
reacción

En Panodyssey, puedes leer hasta 30 publicaciones al mes sin iniciar sesión. Disfruta de 29 articles más para descubrir este mes.

Para obtener acceso ilimitado, inicia sesión o crea una cuenta haciendo clic a continuación, ¡es gratis! Inicar sesión

Fondaco des Turcs 4/10

J'ai commencé à aimer le Fondaco dei Turchi d'une manière très intense, dès la première fois que j'y ai mis les pieds. Je m'y rendais rarement, sans une raison précise, ou peut être précisement pour cette raison. Je sais exactement de qui demander, une fois arrivé. J'étais dévenu ami de Selim - un marchand aussi érudit qu'un Jésuite - pendant la très tourménté affaire de Stamboul. Nous sommes unis par una amitié profonde et discontinue. Une amitié qui a fini par faire surgir en moi le regret de ne pas avoir été capable de lui donner la suite qu'elle méritait. Selim m'accueille comme je m'attendais. Pas le moindre signe de surprise, encore moins de reproche pour l'avoir laissé tant de temps sans mes nouvelles. Souvent je me demande si son éducation orientale si complexe et raffiné soit à l'origine de la rareté de mes visites et de l'importance que j'accorde à chaque moment passé ensemble. Un jour Selim m'avait dit que Dieu se manifeste dans le détails. Je ne peux pas m'empêcher de penser qu'ils sont tout aussi infinis, Dieu et les détails. Je songe pendant un court instant à l'abîme de cette éventualité. Je demande à Selim :« Tu penses toujours que Dieu se manifeste dans le détail ? », « c'est ma plus grande certitude », "ta plus grande certitude devrait être qu'il est Unique», «Affirmer une certitude est avoir connu le doute, jamais j'ai eu des doutes sur le fait que Dieu est Unique ». J'acquiesce, je vois parfaitement ce qu'il veut dire : « Je suis ici pour un détail ; cher ami ». « quoi qu'elle soit la raison de ta visite, tu es toujours le bienvenue ». Je sors de ma besace le bout de bois trouvé à côté du corps d'Osvaldo. Selim le contemple comme on contemplerait une perle précieuse. « Selim, et si c'était le démon à se manifester dans le détail? Certain théologiens le pensent... ». Selim me réponds sans la moindre hésitation « La différence entre les deux c'est que Dieu on le reconnaît dans la finesse de chaque détail de sa création, tandis que le démon s'arrête aux détails, il s'y perds dedans, comme tous ceux qui le suivent. Tandis que Dieu sait mettre chaque détail en harmonie avec le Tout. Mais dis-moi, mon ami, que cherches-tu à savoir de ce petit bout de bois ? », « Son origine ». Je lui raconte l'histoire des homicides, du corps d'Osvaldo de ce bout de bois qu'on avait trouvé à ses côtés, et des tous les événements qui avaient suivi. « Oh, Almoro' tu cherches une réponse à tout cela ? Tu n'as pas encore compris que la justice humaine n'est rien d'autre qu'un acte d'ogueil ? L'affaire de Stamboul ne t'as rien appris ? », « L'affaire de Stamboul m'a appris que la justice humaine est imparfaite, mais qu'on peut faire de notre mieux afin de contenir les dégâts, réparer les erreurs causés par la cruauté des certaines personnes, tout comme par la mauvaise foi. D'ailleurs, pourquoi tu m'as aidé, à ce moment là ?», « Parce que moi aussi j'ai une propension pour l'orgueil bien placé ».

Puis avec un geste que j'ai connu seulement en Orient, il me prends par la main pour me conduire dans la pièce contigue. Il me laisse dans une vaste salle avec des meubles en ébène, palissandre et cèdre marquetés à la façon de Damas. J'attends sans savoir quoi, mais je sais que je n'attends pas en vain. Une demi-heure après Selim revient avec un nain aux cheveux de jais et le regard serein. Ils parlent entre eux la voix basse. Le nain me salue avec un petit signe de la tête. Selim me dit de lui montrer le petit bout de bois. Il m'explique « Marwan a voyagé dans un grand nombre de pays, il connaît l'arabe, le pachotoun, le turc, naturellement, mais il n'a pas encore appris le vénitien. Il est un fabricant d'astrolabes". Je le regarde avec curiosité grandissante. Nous avons depuis peu choisi d'utiliser plutôt le sextant pour nous orienter en mer, mais comme tous les marins d'Orient et d'Occident nous sommes encore tous très attachés à cet instrument qui nous a accompagnés pendant des siècles et des siècles. Je m'incline devant à Marwan et sa science. Je m'adresse à lui en arabe : « Vous êtes le dépositaire d'une science rare et précieuse, qui a crée un pont entre les marins et les étoiles», « Le Prophète a dit dans le Livre Sacré : vous trouverez dans les étoiles une raison pour croire », « Nous les marins, nous suivons les étoiles afin de trouver notre route, on les contemple avec la plus grande attention |[...] nous n'avons jamais trouvé rien de plus précis pour nous guider dans la nuit », « Au Yemen, j'ai connu des marins qui établissaient la bonne route en psalmodiant des poèmes, qui contenaient les indications pour rejoindre de manière infaillible la bonne destination », « C'est difficile à imaginer, mais c'est sublime », « Moi aussi j'ai trouvé cela sublime, je leur ai demandé de m'en réciter certains, chaque poème chante un chemin, il décrit les côtes, les rocailles, les îlots, avec une telle précision de détails qu'ils forment des itinéraires parfaits. Leurs poèmes sont beaux comme des chants d'ange ». Selim approuve, avec gravité « Le miracle de Dieu est la Parole qui guide, qu'il soit loué pour la Parole qui a voulu dicter au Prophète dans la langue des arabes, afin de le guider vers la concorde et la paix », « Je trouve la langue des arabes d'une beauté extraordinaire. Dès mon arrivée à Iskandaryya, il y a des années, bien avant de l'apprendre, j'étais fasciné par ses sons. Puis, petit à petit j'ai commencé à comprendre. Une soir, j'étais en train d'écouter un des ces griots dont les histoires drôles, tristes, passionnantes, effrontées, poétiques avaient fini par me faire oublier le théâtre de ma ville, qui tellement me manquait... Un soir, en essaiant de me souvenir d'une histoire qui m'avait spécialement captivé, je me suis rendu compte qu'elle s'était gravé dans mon esprit en pur vénitien. Depuis ce moment là j'ai arrêté d'essayer d'apprendre la langue des arabes »,  « Mais vous la parlez fort bien», « Je la parle comme un somnambule, je parle en rêvant »,  « Alors, de grâce, continuez à rêver. Encore un peu ...»

 

Extaits trad fr de: Il Consiglio dei  Dieci, Supernova ed, Venezia 2022, p. 89-92

Photo Fondaco dei Turchi, gravure Pietro Selvatico, 1857, archives historiques

lecture 66 lecturas
thumb comentario
1
reacción

Comentario (0)

¿Te gustan las publicaciones de Panodyssey?
¡Apoya a sus escritores independientes!

Seguir descubriendo el universo Cultura
Mr Plankton
Mr Plankton

Des larmes, de la vie, encore des larmes, encore de la vie...Ce film est bouleversant.De l'origine de la vie à...

Adélice Bise
1 min

donate Puedes apoyar a tus escritores favoritos

promo

Download the Panodyssey mobile app