De la mer et des hommes 1/10
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De la mer et des hommes 1/10
« Je l'emmène toujours avec moi depuis que j'ai lu ces vers de la XXème Cantique du Paradis:
la vue reçue par notre monde/ comme les yeux qui regardent la mer/se tournent à l'intérieur/ car il n'y a que la coque/qui, de l'eau, voit le profond
ça me touche beaucoup entendre évoquer cette nécessité qui nous force à contempler incessamment l'eau, sans jamais savoir ce qu'elle cache dans les âbimes, sinon dans ceux qui nous trouvons en nous mêmes. Les poètes parlent souvent de la mer, mais il est rare qu'ils parlent de l'âme des hommes de la mer. Pourtant, quand ils le font, disent ce que chacun d'entre nous ressens au plus profond de lui, sans trouver les paroles pour le décrire », « Ce n'est pas l'impression que vous donnez, en vous écoutant causer dans les ports »,« J'ai dit paroles, non pas causeries. Raconter des aventures ce n'est pas raconter l'âme. Les marins se taisent, quand ils ont vraiment quelques chose au fond du cœur; ils ont des silences pour le dire, comme les hommes de la ville ont des discours. Ce qu'ils taisent vaut plus de tout ce qu'ils disent», «Mais comment savoir, alors, s'ils ont quelques chose qu'ils ne disent pas au fond du cœur?» me demande Foscarina. « On le comprends en regardant ce qu'ils ont au fond des yeux ».