Épisode 89 : Détresse
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Épisode 89 : Détresse
Siegfried voit le jour commencer à poindre à travers ce qui reste de l'ouverture de la grotte.
Il a passé la nuit à voir des fantômes.
Mélusine n'est plus, mais il l'a vue partout. Il l'a appelée, suppliée de répondre, il a encore retiré des pierres au jugé. Il a pleuré, crié comme une bête. Il n'a pas pu partir. Il n'a pas pu quitter cet endroit autrefois si familier, naguère encore tant aimé, et devenu d'un seul coup si étranger. Il n'a pas pu accepter ce qui s'y est passé. Il a pleuré de rage, crié de désespoir, jusqu'à ce qu'épuisé, abruti de fatigue et de trop d'émotions, il se soit endormi sur place, à même le roc, la poussière et les gravats. Pour à peine deux ou trois heures. Le ciel perd sa couleur noire, la lumière chasse déjà l'obscurité, et il se réveille, sans même réaliser où il se trouve. Il se réveille comme on le fait après une grande perte : d'abord sans très bien réaliser où il se trouve, en se demandant où il est, pourquoi il est là et ce qu'il fait là, sans rien se rappeler au départ, puis en recevant après quelques instants le choc frontal du souvenir de la perte et de l'impitoyable main de fer qui lui broie le cœur et l'estomac. Et, de nouveau, le désespoir, la rage, les cris, les larmes, les coups de poing à s'en écorcher les mains, la tête cognée contre le roc comme si la douleur physique pouvait effacer l'autre, ou la rendre supportable, ou comme si l'image de ce qui est pouvait être oubliée, effacée, ou comme si ce qui est n'était qu'un mauvais rêve, un horrible cauchemar dont on va se réveiller, puis retrouver tout comme avant, soupirer de soulagement... Mais ce qui est est têtu, plus têtu que cette tête dure qui cherche à l'écraser sur les murs, le cauchemar est réel, trop réel, même le peu de jour qui arrive encore à s'infiltrer dans la grotte l'éclaire de sa lumière impitoyable - et puis, cette impuissance, cette impuissance, cette irréparabilité, cette irrattrapabilité, définitive, comme la mort... du gris, du noir, du désert, de la pierre, des cendres. Plus rien à faire qu'attendre la mort. Plus rien à faire dans cette grotte, qu'il ne veut pas quitter mais où il n'y a rien à faire et où rester ne sert à rien.
Et puis, on l'attend au château.
Alors il sort, dans le petit jour gris.
Rien n'efface l'horreur.
Rien... sauf marcher, s'hypnotiser et s'empêcher de penser.
Comme il y a dix ans...
Non - ne pas penser à ça.
Ne pas penser du tout.
Marcher, marcher, un pas après l'autre. Comme un mort vivant.
Musique : .lostghosts - I Will Follow You To the End
Crédit images : toutes les images publiées dans cette Creative Room sont mes créations personnelles assistées par IA sur Fotor.com, retouchées sur Microsoft Photos