Épisode 42 : Observation
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Épisode 42 : Observation
Les couloirs sont longs dans un château, les portes nombreuses, et les bruits résonnent au loin entre les murs de pierres. Il règne dans ces couloirs un va-et-vient dont la rumeur recouvre les froissements de la robe de Mélusine.
Elle ne demande qu'une chose, c'est de passer inaperçue, or c'est difficile au milieu des domestiques, surtout avec sa tenue d'apparat et à cet endroit-là. L'invisibilité lui aurait mieux convenu.
Heureusement, les domestiques font semblant de rien. Ce qui peut passer pour de l'indifférence est parfois juste de la discrétion. En son for intérieur, elle les remercie pour cela. Même si elle n'est pas dupe et qu'elle sait que même s'il ne disent rien, et ne montrent rien non plus, tous autant qu'ils sont, ils n'en pensent pas moins. Rien que savoir cela est déjà lourd à porter. Lourd est le poids du qu'en dira-t-on. Mais Mélusine ne peut pas se permettre le luxe d'en tenir compte. Elle a une mission à accomplir.
Elle doit garder le cap sur son objectif, y compris dans sa tête. Et ignorer tout ce qui se passe à gauche et à droite, au-dessus et en dessous, devant et derrière. Ne prêter attention qu'à ce qui pourrait constituer un obstacle entre elle et son objectif, calculer la meilleure façon de le négocier. Ignorer tout le reste. Et cela lui demande déjà tout ce qu'elle a en réserve en matière de concentration.
L'avantage de sa situation en public, c'est que les froissements de sa robe se noient dans la rumeur des couloirs. Et ça, par contre, ça l'arrange très bien. Vis-à-vis de lui. Elle n'a aucune envie qu'il l'entende venir de loin. Elle ne veut pas qu'il puisse se préparer à l'avance à sa venue - composer son expression, rectifier son attitude, arranger sa tenue, plaquer un sourire sur son visage ou bien un air larmoyant et faussement contrit, réfléchir à un discours.
Elle veut pouvoir l'observer d'abord. À son insu. Observer l'animal dans son état naturel. Savoir où il en est vraiment. Pas forcément pour mieux ajuster ses coups : elle ne vient pas pour un long combat. Mais pour savoir ce qu'elle veut savoir.
Il n'y a pas de judas à la porte de cette chambre - mais, par chance peut-être, il l'a laissée entrouverte. Mélusine, à ce moment, bénit la rumeur du couloir qui masque son approche.
L'avant du lit est visible à travers la fente entre la porte et le chambranle. Et oui, il y est bien assis - se retenant de chaque bras à l'un des montants du baldaquin.
Pourquoi croit-elle lui voir des fers aux poignets ? Des fers rattachés à des chaînes suspendues au plafond ?... Elle recule, ferme les yeux, détourne la tête, puis regarde à nouveau. C'était bien une hallucination - ou plus modestement une illusion d'optique. Il n'y a jamais eu de chaînes là-bas, grands dieux.
Mais son attitude est bien celle d'un condamné. Il ne se tiendrait pas autrement s'il était mis aux fers. Il doit être réellement faible pour avoir besoin de se soutenir de la sorte, la tête baissée, le regard dirigé vers un point devant lui sur le sol où il n'y a rien. Le regard pensif. Son profil naguère encore adoré reflète une telle tristesse... Mélusine ! Reprends-toi ! Elle est venue pour l'observer, pour le jauger, pour le confronter, pour le confondre. Pas pour s'apitoyer sur son sort. Encore moins pour l'admirer, ni pour se souvenir qu'elle le faisait. Et pas non plus pour en retomber amoureuse au nom du passé. Rappelle-toi ce qu'il t'a fait il n'y a pas encore si longtemps. Mélusine se redresse, avale sa salive, prend une profonde inspiration, frappe trois coups et pousse la porte.
En l'entendant, il tourne la tête, se redresse, et l'expression qui marque ses yeux et son visage la première seconde la touche en plein cœur plus qu'elle le voudrait. Parce que la première seconde, manifestement pris par surprise, il n'a pas pu mentir. Il n'a pas eu le temps de composer son expression. Il a forcément révélé ce qu'il y a dans son cœur. Et son cœur, c'est celui d'un homme qui n'attendait plus rien et qui, tout d'un coup, n'ose pas encore croire qu'il peut se remettre à espérer. Cette lumière qui a brusquement éclairé son regard dès qu'il l'a reconnue... Ne te laisse pas attendrir. Ne te laisse pas avoir. Pas aussi facilement. Rappelle-toi ce que cet homme t'a fait. Il mérite de passer par où il est en train de passer. Rappelle-toi que toi, tu as traversé bien pire. Et que contrairement à lui, toi, tu n'as rien demandé.
Elle ferme la porte derrière elle et elle avance, lentement, jusqu'à se trouver pile en face de lui. Elle se tourne pour lui faire face. Mais elle n'a aucune intention de s'asseoir, ni sur ce lit, ni sur une chaise. Puisqu'il est assis, elle restera debout.
- Tu m'as fait mander.
Pas "bonjour", pas "bonsoir", pas "comment vas-tu", pas "est-ce que ça va mieux". Non, rien de tout ça. Elle est contente d'entendre le son glacial de sa propre voix. Au moins elle saura garder sa dignité.
Lui, il a levé la tête vers elle. Il la hoche légèrement en signe d'assentiment. Il ne la quitte pas du regard - un regard en attente. Il ne dit rien.
- Il paraît que tu as quelque chose à me dire en privé.
De nouveau, il hoche la tête.
- Alors dis-moi ce que tu as à me dire. Mais fais vite. C'est la fin de la journée, et j'aimerais me retirer.
Ses lèvres s'entrouvrent, il avale sa salive.
- Je te demande pardon, Mélusine.
Musique : Ludovico Einaudi - Campfire Var. 1 (Day 7)
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Crédit images : toutes les images publiées dans cette Creative Room sont mes créations personnelles assistées par IA sur Fotor.com, retouchées sur Microsoft Photos