Épisode 27 : Interrogations
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Épisode 27 : Interrogations
- Reposez-vous, Madame la Comtesse. Vous l'avez bien mérité. Ça fait plusieurs jours que vous dormez à peine. Ne vous en faites pas, pendant que vous vous reposerez, nous continuerons à veiller sur Monsieur le Comte.
Mélusine n'aime pas du tout l'idée de passer le flambeau, elle veut être celle qui veille sur Siegfried au moment où il a le plus besoin d'aide, mais elle est bien forcée d'admettre qu'elle n'en peut plus.
Et c'est réconfortant de voir une humaine, une vraie, reconnaître la valeur des efforts qu'elle fait et le mal qu'elle peut avoir à tenir le coup entre la fièvre inexpliquée de Siegfried, les enfants à rassurer, à protéger, leurs besoins auxquels il faut veiller, et la Petite Forteresse à gérer en tant que maîtresse des lieux aussi longtemps que Siegfried sera hors d'état de donner des ordres. Parce que malgré tout, même avec le maître des lieux pris d'un mal que personne ne s'explique, la vie continue et le monde ne s'arrête pas de tourner. L'appréciation des humains, et des humaines, n'a pas vraiment surabondé pour Mélusine depuis qu'elle vit parmi eux. En recevoir lui fait du bien.
Et cela fait effectivement quelques jours qu'elle dort à peine deux ou trois heures par nuit et qu'elle ne chôme pas. Le retour de Siegfried depuis Koerich en pleine nuit dans l'état où il était a mis toute la Petite Forteresse sens dessus dessous, et depuis lors, personne ne s'explique la fièvre qu'il semble avoir contractée.
Déjà, ce jour-là, il s'était passé quelque chose de bizarre. Le palefrenier avait vu les deux meilleurs chevaux restés aux écuries s'agiter inexplicablement sans pouvoir les calmer. Il les avait ensuite vu se tordre de douleur, mourir subitement et se décomposer presqu'aussitôt, sans rien comprendre à ce qui se passait. L'odeur pestilentielle qu'ils dégageaient l'avait poussé à demander de l'aide pour les transporter le plus vite possible hors du château et les enterrer le plus loin possible dans la forêt. Depuis, il a peur que les deux derniers aient été contaminés par ce mal étrange. Jusqu'à présent, ils ne donnent pas de signes suspects, mais sait-on jamais.
Ensuite, la nuit où Siegfried est revenu de Koerich, il est revenu à pied. Où donc est passé Wanterglanz ? A-t-il succombé au même mal qui a emporté les deux autres chevaux ? A-t-il été volé ? Par qui ? S'est-il enfui dans la nature ? Comment ? Pourquoi ? Ça ne lui ressemble pas...
Siegfried lui-même est-il atteint du même mal en ce moment ? Et pourquoi lui manquait-il son heaume et son épée ? Mélusine pouvait jurer qu'il les avait en partant, elle l'avait elle-même aidé à se préparer. Il pouvait partir sans gardes, mais pas sans heaume ni épée - d'autant moins s'il partait seul. Même sa cape était dans un triste état.
Que s'est-il donc passé à Koerich ?...
Ce sont les questions qui agitent non seulement l'esprit de Mélusine, mais tous les habitants de la Petite Forteresse. Au château, tout le monde ne parle que de ça depuis plusieurs jours. Chacun y va de son hypothèse. Mais personne n'a de réponse. Et Siegfried n'est certainement pas prêt à en donner une dans l'état où il est, brûlant de fièvre, tremblant de tous ses membres, halluciné et en plein délire. Il ne tient que des propos sans rapport avec le monde réel, où il est question de marché, de sacrifices, de combat et de diable, auxquels pas une âme à la Petite Forteresse ne comprend quoi que ce soit, si ce n'est pour se signer à tout bout de champ et pour prier qu'il ne soit pas possédé.
Un des domestiques a même suggéré au Père Adalbéric de tenter un exorcisme et reproché à Madame la Comtesse, à l'abri de termes polis, de se montrer assez négligente pour ne pas en faire la demande elle-même. En ce qui le concerne, le Père Adalbéric ne veut pas prendre de décision précipitée, mais il ne cache pas sa perplexité devant la situation.
Et Mélusine, quant à elle, ne peut pas s'empêcher de repenser à ce fameux magicien noir d'il y a quinze ans, cet homme en noir qui a durablement obscurci le visage de Siegfried, qui lui vole petit à petit la lumière qu'elle aime tant chez lui, et qui n'était certainement pas un marchand ambulant... Peut-être n'y a-t-il aucun rapport, peut-être est-ce son imagination qui lui joue des tours, mais est-il si fantaisiste que cela de faire le rapprochement ? Son intuition en tout cas lui hurle de le faire.
Mais elle n'a aucune preuve de ce qu'elle pourrait avancer pour en convaincre quelqu'un d'autre. Siegfried ne lui a jamais fait la moindre confidence à ce sujet. Et elle n'a jamais osé l'aborder avec lui... Il n'y a pratiquement pas de sujet qu'elle n'oserait pas aborder avec lui, mais celui-là en est un. Elle le ressent viscéralement depuis ce jour-là, quand il a éludé la question en lui prétendant que cet homme en noir n'était qu'un marchand ambulant.
Peut-être devrait-elle en parler au Père Adalbéric ? Mais elle et lui n'ont jamais parlé la même langue sur ce genre de sujet. Comprendrait-il seulement ce qu'elle voudrait dire ? Et lui se méfie tellement de tout ce qui est étranger à ses croyances...
Elle suit les rituels communs à tous et fait semblant d'y adhérer pour ne pas se démarquer, elle voit bien à quel point tout ce qui est différent paraît suspect, mais justement à cause de ça, justement parce qu'elle est différente, elle ne voit pas, même en dehors de lui, à qui elle pourrait parler de ce qui la préoccupe...
Musique : Eydis Evensen - Wandering II
Crédit images : toutes les images publiées dans cette Creative Room sont mes créations personnelles assistées par IA sur Fotor.com, retouchées sur Microsoft Photos