Compensation, compensation... Ce mot tourne de plus en plus souvent en boucle dans la tête de Siegfried. Et si c'était ça, la solution ?... Mais quelle compensation ? Qu'a-t-il à offrir ? Que peut-il bien proposer ?... C'est alors qu'il reçoit la visite de son régisseur qui vient de Koerich. Ce domaine où il ne se rend désormais presque plus jamais, et dont il a délégué la gestion pour ne pas le laisser carrément à l'abandon.

Koerich ! Siegfried se tape sur le front. Bon sang ! Comment n'y a-t-il pas pensé plus tôt ?... Beaucoup plut tôt, même... Lui qui a toujours pensé qu'il n'avait pas le choix. Mais il avait le choix ! Il a toujours eu le choix ! C'est juste qu'il ne l'a jamais vu ! Comment a-t-il pu être aussi bête ? Imbécile qu'il a été !...

Et en plus, le marché qu'il a conclu à l'époque se révèle inéquitable et même trompeur. Il y a dol. Le diable a bien profité de sa vulnérabilité ! Tu n'as pas de terres, je ne te demanderai donc pas de terres. Mais si, il avait une terre ! Il avait une terre à offrir en échange du château sur le Bockfiels ! Il avait Koerich ! Comment n'y a-t-il pas pensé à l'époque ?...

Certes, il avait toujours sous-estimé Koerich, et il a toujours continué de le faire... jusqu'à présent. Quel idiot il fait !... Oui, c'est vrai, Koerich à l'époque ne lui aurait pas permis de construire une Petite Forteresse, même encore plus petite que celle qu'il a maintenant, par ses propres moyens. Koerich n'aurait peut-être même pas suffi à remettre en état ce vieux fort romain qui aurait été proprement ridicule comme demeure seigneuriale. Mais bon sang, Koerich était largement suffisant pour payer quelqu'un qui n'avait passé qu'une seule nuit à construire cette forteresse ! sans même y avoir dépensé la moindre pièce d'argent ! sans même avoir besoin d'une terre puisque la terre était déjà là et qu'elle était à lui !... Alors, oui, d'accord, la Bible dit bien elle-même que "toute peine mérite salaire". Mais enfin, tout de même, il ne faut pas exagérer ! On ne paie pas en pierres précieuses pour un vieux canasson !...

Siegfried est furieux, comme la plupart du temps depuis un an ou deux, mais cette fois-ci, c'est contre lui-même. Comment a-t-il pu se laisser avoir de cette manière ? Et comment a-t-il fait pour mettre autant de temps à s'en apercevoir ?...

Mais qu'à cela ne tienne. Une mauvaise nouvelle en contient toujours une bonne en son cœur. S'il s'est fait avoir, cela veut dire que désormais, il tient le diable par son iniquité. Cela veut dire qu'il a un argument pour renégocier le marché. Et c'est bien ce qu'il compte faire. Il la tient peut-être enfin, sa solution, sa porte de sortie, la cisaille qui va briser ses chaînes. Il entrevoit enfin le bout du tunnel. Et il ne compte pas attendre un seul instant de plus. Il a déjà perdu trop de temps.

Musique : Drums of the Innocent - Steven Ceballos

Épisode 19 : Préparatifs

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